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BOILEAU: ANCIENS ET MODERNES

Publié le 27/06/2011

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On donne proprement le nom de Querelle des Anciens et des Modernes à des discussions qui s'élevèrent à plusieurs reprises à la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle entre, d'un côté, les écrivains qui croyaient à la supériorité des lettres antiques sur les lettres contemporaines et à la nécessité pour le poète français de s'inspirer de l'exemple de ses prédécesseurs latins et grecs et, d'autre part, ceux qui soutenaient la théorie du progrès en littérature et affirmaient que l'artiste doit s'affranchir de ce qui l'a devancé. On étend parfois le sens de l'expression à l'opposition qui, à travers tout le classicisme, s'est fait sentir entre la tendance à étudier les modèles antiques et celle qui pousse à travailler pour son temps. Plus largement, la querelle des Anciens et des Modernes a été considérée comme un débat entre l'humanisme et le rationalisme.

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« Pourtant le morceau finit sur un compliment : Notre assassin renonce à son art inhumain ;Et désormais, la règle et l'équerre à la main,Laissant de Galien la science suspecte,De méchant médecin devient bon architecte. Mais dans le particulier, Boileau était moins élogieux et laissait entendre volontiers que les plans de la Colonnadeavaient été volés à Le Vau.

Les Perrault de leur côté desservaient leur adversaire à l'envi.

Amis de Chapelain, ilsintervinrent auprès de Colbert pour faire révoquer le privilège accordé au satirique en 1670.

Boileau lança épigrammesur épigramme contre le médecin-architecte ; celui-ci, ou plus vraisemblablement l'un de ses frères, répliqua par unefable intitulée le Corbeau guéri par la Cigogne ou l'ingrat parfait.

En 1674, Quinault venait de faire jouer une tragédielyrique sur Alceste ; Boileau et Racine furent indignés de voir Euripide ainsi travesti ; Pierre etClaude Perrault, ou Charles, appuyèrent leur ami par un Examen de sa pièce, auquel Racine répondit dans la préfaced'Iphigénie.

L'Epître IX, écrite en 1675, lança encore un trait contre Charles Perrault et son Miroir d'amour.

Enfin, en1676, Boileau, dans une lettre au duc de Vivonne qui dut circuler, exposait ses griefs contre Claude Perrault.Cette querelle de personnes, à l'appel de Desmarets mourant, allait-elle devenir une querelle d'idées ? Mondains,précieux même, les Perrault étaient modernes par tempérament et par le milieu où ils vivaient.

C'est à bon escientque le vieux champion du merveilleux chrétien les avait appelés à son secours : Charles appliquera ses idées dans leSaint Paulin, qu'il publiera en 1686 ; Pierre traduisit en 1678 le Seau enlevé de Tassoni et y joignit un avertissementoù il attaque côte à côte les Anciens et Des- préaux.

Toutefois la guerre ne s'engagea pas.

Il semble que lesPerrault aient perdu l'amitié de Colbert, par suite d'une faute professionnelle de l'un d'eux, juste au moment oùBoileau la gagnait.

Celui-ci a-t-il estimé que désormais ses adversaires n'étaient plus dangereux ? Je croirais plutôtqu'entré au service du roi en 1677, il a considéré qu'il n'avait plus la liberté de polémiquer à sa guise.Bientôt, un nouveau champion des Modernes entra dans la lice.

Le neveu des frère Corneille, Fontenelle, avait vingt-cinq ans quand ses Dialogues des morts le firent connaître : il s'y montrait fort peu respectueux des gloires établies,d'Homère et de ses dieux ; il combattait la foi dans la supériorité des Anciens.

Il collaborait au Mercure galant,publication mensuelle fondée en 1672 par Donneau de Visé, au service des mondains, donc modernisante.

Fontenellesemble avoir réveillé l'ardeur de Charles Perrault.Le 27 janvier 1687, l'Académie tenait séance : l'abbé de Lavau, son directeur, lut un poème à la gloire du roi, donton fêtait le rétablissement à l'issue d'une grave maladie.

Ce poème, intitulé le Siècle de Louis le Grand et composépar Charles Perrault, exposait la thèse moderne : le XVIIE siècle est plus grand que les siècles d'Auguste et dePériclès ; les Anciens sont loin de la perfection qu'on leur attribue, Platon est parfois ennuyeux, Homère s'égare ous'endort ; les Modernes dépasseront les Anciens ; et Perrault cite au premier rang: Les Régniers, les Maynards, les Gombaulds, les Malherbes,Les Godeaux, les Racans, dont les écrits superbes,En sortant de leur veine et dès qu'ils furent nés,D'un laurier immortel se virent couronnés.Combien seront chéris par les races futures Les galantsSarasins, les aimables Voitures,Les Molières naïfs, les Rotrous, les Tristans,Et cent autres encor, délices de leur temps !Mais quel sera le sort du célèbre Corneille,Du théâtre français l'honneur et la merveille !... Le poète loue de même l'art contemporain au détriment de la sculpture, de l'architecture et de la musique antiques.Tout art s'appuie sur une technique et toute technique progresse avec le temps» Quant au génie, il est toujours lemême ; la nature ne s'épuise pas.L'Académie fut en général favorable à la thèse de Perrault.

Les Anciens ne furent défendus que par quelquespartisans mal accordés : La Fontaine, qui répliqua par son Epître à Huet sur un ton assez désabusé ; Huet, un éruditqui se prétendait le protecteur d'Homère et ne souffrait pas qu'un Boileau vînt usurper son plaidoyer ; Racine ne semêla guère à la querelle, trop occupé par la Cour et par l'histoire du règne ; Ménage trouva là l'occasion de rompreencore quelques lances, cette fois aux côtés de Boileau ; d'autres intervinrent dans le même sens, comme Dacier,Longepierre, de Callières.

Mais Boileau fut le plus actif et le plus vigoureux.Il protesta violemment dans la séance académique même, malgré Huet, qui voulut le faire taire.

Il entama unecampagne d'épigrammes contre l'Académie, où d'ailleurs il venait d'entrer, contre Ch.

Perrault et son frère Claude,contre leur allié « le gros Charpentier », contre leMercure galant.

Il n'apportait guère que des injures, tandis que ses adversaires exploitaient leur succès.

En 1688,Perrault donnait le Génie, un long poème dédié à Fontenelle, et le premier volume de ses Parallèles des Anciens etdes Modernes ; Fontenelle lançait sa Digression sur les Anciens et les Modernes.

Ils avaient l'appui de leurs. »

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