BOILEAU: LE RÉGENT DU PARNASSE
Publié le 27/06/2011
Extrait du document

Vers 1670, Boileau se met à écrire un art poétique en vers. Deux ans plus tard, il en lit des passages dans des salons amis. En juillet 1674, le poème paraît dans les Œuvres diverses du sieur D. Le dessein était assez nouveau : la France n'avait pas produit d'art poétique proprement dit depuis celui de Vauquelin de la Fresnaye en 1605, où se condensaient les leçons de la Pléiade. Chapelain n'en a ni fait ni conçu ; d'Aubignac n'a écrit qu'une Pratique du théâtre, qui n'est pas tout à fait une poétique de la tragédie et de la comédie ; Colletet n'a composé que des traités séparés, sur le poème bucolique, la poésie morale et sentencieuse, le sonnet et l'épigramme, qu'il a réunis par la suite dans un Art poétique très incomplet ; La Mesnardière a projeté une Poétique en trois volumes, dont il n'a achevé que le premier, sur la tragédie. Boileau a comblé cette lacune. Non sans appréhension peut-être, non sans répugnance pour une besogne à laquelle il était mal préparé, il s'est fait législateur du Parnasse, poussé par les défis de ses ennemis, les conseils de ses amis, l'exemple d'Horace et les nécessités de sa carrière.

«
Voulez-vous faire aimer vos riches fictions ?Qu'en savantes leçons votre Muse fertilePartout joigne au plaisant le solide et l'utile.(Cht IV)
Il diffère ainsi légèrement de Chapelain.
Celui-ci disait : « La fin de la poésie est l'utilité, bien que procurée par lemoyen du plaisir.
» Boileau fonde sur le goût du public la nécessité d'instruire.
C'est à peu près la position deCorneille.
Remarquons que nulle part il ne nous dit comment il entend l'utilité de la poésie.Un deuxième dogme classique est celui de la conciliation du génie et de l'art, c'est-à-dire des règles.
L'Art poétiqueproclame par sa seule existence la nécessité de l'obéissance aux règles.
Il affirme aussi qu'on ne peut se passer dugénie ou de l'inspiration :
C'est en vain qu'au Parnasse un téméraire auteurPense de l'art des vers atteindre la hauteur,S'il ne sent point du Ciel l'influence secrète...(Cht I)
Mais là encore le critique esquive toute discussion sur la nature de cette inspiration, sur les rapports du génie et del'art, sur l'importance respective des deux éléments.
Au chant IV, il semble refuser aux règles une valeur absolue :
Quelquefois dans sa course un esprit vigoureux,Trop resserré par l'art, sort des bornes prescritesEt de l'art même apprend à franchir leurs limites.
Pourtant il ne conseille point de se libérer des règles quand elles sont gênantes ; il n'autorise pas la licence ; commeRapin, il est persuadé qu' « on ne va à la perfection que par les règles ».
Il admet seulement la hiérarchie desexigences de l'art : pour satisfaire à une nécessité supérieure, il peut être bon de s'affranchir d'une servitudeaccessoire.Il fonde les règles sur la raison, c'est-à-dire à peu près sur le bon sens.
Il met le jugement au-dessus del'imagination :
Aimez donc la raison : que toujours vos écrits Empruntent d'elle seule et leur lustre et leur prix.(Cht I)
La raison doit gouverner l'œuvre d'art.
Elle dicte les règles :
Mais nous, que la raison à ses règles engage...(Cht III)
Elle guide la critique comme la création :
Tout doit tendre au bon sens : mais pour y parvenir,Le chemin est glissant et pénible à tenir ;Pour peu qu'on s'en écarte, aussitôt on se noie ;La raison pour marcher n'a souvent qu'une voie.(Cht I)
Pas un genre n'échappe à son autorité :
Il faut même en chansons du bon sens et de l'art.(Cht II)
L'art doit imiter la nature, Boileau reprend la vieille formule :.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- La beauté dans la laideur en poésie _ Séance 14 : Du Parnasse ... au Symbolisme
- L’Art poétique de Nicolas Boileau-Despréaux (analyse détaillée)
- BOILEAU SATIRES III ET IX (analyse et résumé)
- VOYAGE AU PARNASSE (Le)
- Art POÉTIQUE de Nicolas Boileau (fiche de lecture)