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Corrigé de la lecture analytique 2 Etape 3 de la conclusion : Notre extrait constitue une étape qui se situe au cœur du roman, dans la Ve partie.

Publié le 25/11/2017

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Corrigé de la lecture analytique 2 Etape 3 de la conclusion : Notre extrait constitue une étape qui se situe au cœur du roman, dans la Ve partie. Salvatore vient de vivre deux épreuves douloureuses, l’une humiliante et l’autre violente: la honte d’avoir refusé de sauver un réfugié qui lui a craché au visage et la colère puisqu’il vient d’avoir une altercation avec le capitaine libyen qui a abandonné en pleine mer les migrants qu’il a tenté de sauver et dont certains sont morts. Piracci se rend compte qu’en lui «tout se détraque», qu’«une vieille fatigue» le ronge ce qui l’oppose aux jeunes migrants pleins de vitalité, prêts à tout pour concrétiser leur idéal. Piracci erre entre deux missions à Lampedusa, il découvre alors le cimetière de Lampedusa où se trouvent les victimes du «rêve européen». Il fait en ce lieu une étrange rencontre qui va être un moment crucial dans le parcours initiatique du personnage (après la rencontre de la femme du Vittoria, et avant celle de Soleiman) C’est la première fois que le mot «Eldorado» apparaît dans le récit. Cet extrait permet donc d’éclairer le titre et a une portée symbolique au sein de l’intrigue romanesque. PROBLEMATIQUES POSSIBLES: Comment cet extrait explique-t-il/éclaire-t-il le titre de l’œuvre ? Quelle vision de l’humanité est présentée dans cet extrait? En quoi cette étape est-elle importante pour l’évolution du personnage principal? Qu’apporte cette nouvelle rencontre dans le parcours initiatique de Salvatore Piracci? Quel regard le personnage principal porte-t-il sur l’humanité? Etc. I – Une vision amère sur l’humanité A) Une rencontre inquiétante L’atmosphère fantastique de ce texte rompt avec le réalisme du roman : la scène semble presque sortir de l’imagination de Salvatore Piracci. - étrangeté de l’homme : désignation par des termes vagues et imprécis « une voix », « un homme », « l’homme », « le petit homme », « l’inconnu » + phrases interrogatives dans le monologue de Salvatore qui s’interroge sur son identité (« « se demanda de qui il pouvait bien s’agir. Le gardien du cimetière ? Un homme venu se recueillir sur la tombe d’un proche ? », « Qui était cet homme ? . L’identité du personnage n’est d’ailleurs pas révélée au lecteur. C’est un personnage qui n’apparaît qu’une fois dans le roman (= un hapax : mot/chose qui n’apparaît qu’une fois) - portrait peu valorisant du personnage : termes péjoratifs « un homme maigre au ...
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« II- L’espoir d’une meilleure humanité A) L’eldorado - Cette scène éclaire à la fois Salvatore Piracci et le lecteur sur le destin des migrants, donc sur le titre du roman (c’est la 1 ère fois que le mot « Eldorado » est écrit dans le roman).

Ce texte présente une vision enchantée de l’Europe, l’Eldorado des migrants : un lieu où tout devient possible.

Procédés employés pour décrire les merveilles de l'Eldorado : énumération et accumulation pour évoquer l’abondance de ses richesses; emploi des pluriels(«les arbres chargés de fruits», «ruisseaux», «des carrières de diamants», «les rayons du soleil», «les forêts», «les lacs») + vocabulaire mélioratif («grasse», «chargés de fruits», «poissonneux», «tout sera doux là-bas», «la vie passera comme une caresse») pour donner l'impression que le pays décrit est une sorte de paradis où la nourriture est accessible en permanence et sans effort, toujours abondante, et où la vie est facile; -vision idéaliste et utopique avec emploi du registre merveilleux («de l’or coulera au fond des ruisseaux», «des carrières de diamants à ciel ouvert») + lieu lointain et inconnu(«là-bas»)+ rythme régulier et harmonieux des phrases; -emploi du futur de l’indicatif qui exprime la certitude: cela ne fait pas de doute aux yeux des clandestins et explique en partie leur détermination, leur courage à affronter les pires dangers.=> La description de l’Eldorado faite au discours direct et au futur évoque un chant prophétique, la promesse d’un idéal, d’une terre promise. B) Un nouveau regard sur les migrants La rencontre surprend Salvatore Piracci et le lecteur en faisant un éloge inattendu et paradoxal des victimes de l’Eldorado. - Mise en valeur de l’espérance des migrants: l’Eldorado est aussi défini comme intérieur, de manière très physique: « Ils l'avaient au fond des yeux.» et souligne leur courage et leur volonté « Ils l'ont voulu jusqu'à ce que leur embarcation se retourne.

» -La force des migrants est mise en valeur par contraste avec le portrait négatif des Européens.

On le voit dans la comparaison « ils ont été plus riches que vous et moi », mais aussi par les marques de l’énonciation : ILS ≠ NOUS.

Les migrants eux ont une autre richesse: «ils avaient connu la richesse de ceux qui ne renoncent pas », contrairement à l’assèchement des occidentaux, ils sont «assoiffés», ils « rêvent toujours plus loin». - Le vocabulaire qui les caractérise est mélioratif (« riche », « rêves », « ne renoncent pas », « vouloir », alors que ce qui décrit l’Europe est négatif «usée», «assécher » « sec», «lentes».

Laurent Gaudé montre ici la grandeur de l’humanité, qui n’est pas détenue par ceux qui sont matériellement riches, mais qui est morale, mentale.

3/ L’évolution de Salvatore Piracci.

L’extrait est une scène déterminante pour le destin du personnage en pleine crise existentielle et en quête de soi - l’homme étrange du cimetière suscite le questionnement de Piracci, il est comme une allégorie de sa conscience.

La rencontre fonctionne comme un élément déclencheur : le passage du questionnement à une prise de conscience est marqué par l’emploi soudain du passé simple « il sut » associé au connecteur temporel « à cet instant » : un tournant est marqué, c’est la fin du doute et des phrases interrogatives.

- les paroles prononcées par l’inconnu le marquent : «il repensa aux paroles que l’inconnu avait prononcées» cela est souligné par le verbe «résonner» dans la phrase «il les laissa résonner longtemps en son esprit» + phrases nominales «Oui.» / «L’Eldorado» + «il avait raison».

- La référence à la mer est importante à la fin du texte: «la mer s’étendait à ses pieds avec son calme profond» l.

28-29.

Elle symbolise l’évasion, l’ailleurs, le voyage.

Enfin, le terme «Eldorado» en anaphore dans le texte ne quitte plus les pensées du Capitaine, c’est l’annonce de sa propre quête à la recherche de son Eldorado comme l’indique la personnification finale « ce nom lointaine allait régner sur chacune de ses nuits ».

La dernière phrase est symbolique de l’évolution du personnage qui entreprend le deuil des clandestins qu’il n’a pas pu sauver mais aussi le deuil de sa vie et de son métier qui n’ont plus de sens.

Lui aussi sera désormais hanté par ce rêve d’une vie meilleure et partira loin de sa vie passée pour vivre l’aventure des migrants à son tour Bilan : Rencontre décisive dans le parcours initiatique, qui confirme la crise existentielle de Salvatore Piracci et son sentiment de honte.

Cet extrait grâce au symbole de l’Eldorado favorise une remise en cause des idées du personnage principal.

S’il montre l’échec final de la quête des migrants, le récit célèbre aussi le désir d’Eldorado, la quête qui fait la richesse intérieure de ces voyageurs.

Cette scène est un éclairage symbolique du titre donné dans une page poétique, lyrique, par un personnage mystérieux, image symbolique de la conscience du commandant.

Elle montre le regard humaniste de Laurent Gaudé sur les migrants : il met en valeur leur courage, leur détermination, leur volonté qui forcent l’admiration au lieu de l’image négative véhiculée par les médias.

Gaudé montre que les émigrés ont intériorisé l’Eldorado, qu’ils en ont fait un paysage intérieur: le sens de leur existence repose sur la quête de cet idéal.

Il fait aussi un constat amer sur les Européens, impuissants à venir en aide aux migrants et indifférents à leur sort tragique, perdant leur humanité.

L’éloge paradoxal des migrants dans cet extrait invite donc à changer notre regard d’Européen sur les migrants L’ Eldorado de Laurent Gaudé, ancré dans notre réalité, n’a rien à voir avec L’Eldorado utopique et idéal de Voltaire dans Candide , même s’il s’agit de quête et de richesse dans les deux cas.

Dans le roman de Gaudé, les migrants fuient la misère et les persécutions, l’Eldorado est simplement le rêve d’une vie meilleure et libre, alors que chez Voltaire il s’agit de l’illusion d’une société où règnent la justice et le bonheur.

Gaudé met en lumière les conséquences terribles de ces illusions et insiste sur la désillusion de Piracci, alors que Voltaire présente son héros émerveillé devant l’Eldorado (idéal impossible à atteindre pour les hommes imparfaits) sans insister sur l’idée que l’Eldorado n’est qu’un mirage, est inexistant et sur la désillusion que cela entraîne.

Mais les deux œuvres ont en commun de faire réfléchir le lecteur sur la société de leur temps.. »

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