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LE VALET ET SON MAÎTRE AU THÉÂTRE Introduction : La comédie du valet L’étude du Mariage de Figaro est inscrite dans un parcours intitulé « La comédie du valet ».

Publié le 30/04/2020

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LE VALET ET SON MAÎTRE AU THÉÂTRE Introduction : La comédie du valet L’étude du Mariage de Figaro est inscrite dans un parcours intitulé « La comédie du valet ». Ce thème induit une série de questions sur la relation que le personnage type du valet entretient avec la comédie : Quel rôle le valet joue-t-il dans une comédie ? Dans quelle mesure sa place est-elle fondamentale ? Quels comportements, quelles actions, quels discours en font un personnage comique ? Comment la figure du valet a-t-elle évolué à travers l'histoire littéraire ? En quoi le statut du valet permet-il d'en faire le porte-parole d'une révolte sociale et d'une réflexion sur le pouvoir ? Comment l'évolution du personnage archétypique du valet permet-elle la remise en question d'un ordre établi ? I/ Une longue lignée de valets Tout le théâtre européen est traversé par la thématique du maître et du serviteur : ce rapport entre le puissant et le faible s’enracine profondément dans l’imaginaire des hommes ; en témoignent les mythes, les fables et les contes. Le théâtre reflète en outre une réalité historique : la domesticité (le mot vient de domus, maison en latin, et désigne tous ceux qui vivent dans un domaine) se perpétue, depuis l’Antiquité jusqu’à la Révolution française ; avec ses avatars, elle reste encore vivante. La figure du valet, dans la comédie, la tragédie et le drame, atteste cette permanence. Héritier de la comédie latine (Plaute et Térence sont les deux auteurs dont il nous reste des œuvres complètes) et de commedia dell’arte, le valet enrichit de sa présence le théâtre baroque européen (Shakespeare en Angleterre, Caldéron en Espagne, Goldoni en Italie), le théâtre classique français (Molière, Marivaux), le vaudeville de Feydeau ou de Courteline, le théâtre de l’absurde (Ionesco, Beckett) ou celui de la révolte avec Genet. Quelle place occupe Figaro au sein de cette immense famille, dans cette longue lignée de valets ? Quel est son héritage ? Qu’a-t-il bouleversé ? Cette étude esthétique et historique s’appuie sur cinq pièces qui nous semblent révélatrices : avant Figaro, Dom Juan de Molière (1665) et Le Malade imaginaire (1673) ; L’île des esclaves de Marivaux (1725) de Marivaux. Après Figaro, Ruy Blas de Victor Hugo (1838) ; Les Bonnes de Genet (1947). 1) Valets obscurs et grands valets Qu’est-ce qu’un valet ? Le valet selon le dictionnaire Littré est « en service auprès d’une personne ». Sa situation se définit donc par une dépendance qui n’est due ni à des motifs familiaux, ni à des motifs passionnels. Le valet vit chez le maître et reçoit un salaire, appelé « gages ». Les valets sont très nombreux (certaines grandes maisons en comptent une centaine) ; leur présence est signe de richesse. Ils constituent, au sein de la maison, une foule souvent anonyme. La comédie se sert de ces obscurs serviteurs : ce sont alors de simples « utilités » qui n’ont d’autre identité que leur fonction. Ainsi dans Le Barbier de Séville, la liste de personnages présente « plusieurs alguazils et valets ». Dépendance, multitude, anonymat, caractérisent donc le valet ordinaire. Or, malgré toutes ces caractéristiques réductrices, certains valets que Jean Emelina (universitaire spécialiste du théâtre) nomme « grands valets » s’affirment et acquièrent une identité. ...

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