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Brouillard au pont de Tolbiac de Léo Malet

Publié le 09/01/2012

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      Brouillard au pont de Tolbiac est un roman de Léo Malet paru en 1956 aux éditions Fleuve noir dans la collection Les nouveaux Mystères de Paris. Dans cet épisode, son célèbre détective Nestor Burma, va traîner ses guêtres à travers le 13e arrondissement pour résoudre une énigme vieille de plus de vingt ans. Le présent extrait est très caractéristique des ambiances de cette série policière puisqu’on y retrouve — dans le décor du Paris des années cinquante —, à la fois la description d’un détective séducteur à travers une scène de retrouvailles, et tous les éléments d’une scène de crime ébranlante. 

« ainsi pour : « élastique et souple », « de danseuse », « harmonieux balancement », « si joli visage », « tendrement têtu », « émouvante poitrine altière et prometteuse ». Le détective dépeint là une beauté ravageuse et en détaillant les atours de la gitane, il met en évidence le désirqu’elle lui insuffle, reproduisant avec une grande sensualité l’image qui s’offre à lui :« la même jupe rouge dont il me semblait entendre le doux frôlement contre le cuir des bottes », « le douxfrémissement sous l harmonieux balancement des hanches.

», « la même émouvante poitrine altière et prometteuse ». Malgré tous les traits de féminité qu’il saisit chez Bélita et malgré la grande attirance qu’il ressent vis-à-visd’elle, Nestor Burma porte sur elle un autre regard puisqu’il est sensible à la fragilité et à l’innocence qu’elle dégage.Elle réveille en lui des instincts paternels protecteurs et une certaine tendresse, comme le montrent les passagessuivants : « si joli visage tendrement têtu », « C était une gamine, une enfant.

Elle avait parfois de ces gestes d enfant.

» , « … comme une petite fille qui se pend à votre cou.

» L’attachement de Nestor Burma pour Bélita est très grand et s’exprime sur deux plans, ce qui va rendre la scènede l’agression d’autant plus insoutenable. Nous avons affaire à un renversement brutal de l’atmosphère idyllique qui régnait entre les personnages, car àpeine les retrouvailles célébrées, le drame survient.Le calme et la sérénité du début de la scène sont soudainement bousculés par un terrible évènement.

La sensationauditive que sollicite le bruit de passage du rapide « dans un grondement de métal.

», annonce la rupture et incarnele passage de l’atmosphère idyllique à une atmosphère angoissante.Les deux protagonistes sont encore enlacés lorsque Bélita est prise de tressaillements et s’affale mystérieusementsur le détective : « Je la sentis tressauter, s accrocher désespérément à moi.

» Le lecteur est abasourdi tout comme Nestor Burma qui n’avait rien vu venir ce qui produit un effet saisissant desuspense ; effet appuyé par des termes du champ lexical de l’effroi tels que : tressauter, chavirèrent, immobile.

Laperception de l’agression se fait par le regard de Burma, témoin impuissant de l’évènement.

Sur le plan de lanarration, le drame est décrit par le personnage qui n’en sait pas plus que le lecteur.L’ambiance qui était très colorée s’assombrit brusquement ; Bélita qui était révélée comme étant une poupéejoyeuse est soudainement pliée par l’attaque qu’elle vient de subir et couvre désormais ses yeux « un brouillard quiles ternit ».À la fin de la scène, les personnages sont encore liés, mais ils se rejoignent cette fois-ci dans leur vacillement.Bélita que l’on a poignardée est atteinte physiquement, tandis que Nestor Burma est émotionnellement annihilé.

Lepassage : « mes forces que je sentais m abandonner, moi aussi.

» rend compte du rapprochement fait entre leurs deux états de faiblesse.À cela s’ajoute la présence d’un champ lexical de l’anéantissement avec l’emploi de : désespérément, une plainteténue, extrême limite, m’abandonner, ultime caresse.Par ailleurs, les passages : « liquide chaud qui m’emplit la bouche », métaphore qui désigne le fait que la victimerégurgite le sang d’une hémorragie interne ; et « Ma main remonta le long de son dos jusqu à ses omoplates […]. Mes doigts rencontrèrent le manche damasquiné d un long coutelas à cran d arrêt enfoncé jusqu à la garde.

», font directement référence à la localisation et à la profondeur de la blessure subie par Bélita ainsi qu’à l’arme du crime.Ce qui amplifie le réalisme de la scène d’horreur.

En conclusion, cet extrait de Brouillard au pont de Tolbiac nous expose soigneusement les différentes facettes de la relation entre le détective Nestor Burma et Bélita.

De plus, dans l’ambiance urbaine de l’ancien Paris et dans unstyle à la fois vif et poétique, il nous invite à vivre les aventures de son héros, échafaudant de manière quasicinématographique les décors et les ambiances aussi bien visuelles que sonores.

Léo Malet intègre le lecteur à unevue subjective par la focalisation interne ce qui rend le récit saisissant puisque nous sommes « dans la peau dudétective ».

Par conséquent, on comprend très aisément la réussite des adaptations au cinéma, mais aussi au petitécran de certaines des enquêtes de Nestor Burma.

Il s’agit d’une écriture par l’image, une écriture dynamique etentraînante encline à voyager au-delà des frontières de la littérature.. »

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