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CABANON Émile : sa vie et son oeuvre

Publié le 20/11/2018

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CABANON Émile (mort vers 1852). Romancier né à Lyon. De sa vie rien ne nous est connu sinon quelques bons mots — vrais ou faux? — destinés à confirmer la réputation de « mystificateur à outrance » que lui ont faite Champfleury et Asselineau. Il aurait ainsi pastiché dans divers journaux à la mode les écrivains célèbres de son temps. On lui doit, en tout cas, l’étrange Roman pour les cuisinières (1834), histoire de Julio de Clémantine, « un jeune homme (qui) paraissait avoir vingt-trois ans, peut-être en avait-il vingt-deux, ou vingt-quatre, mais assurément il n’en avait ni vingt et un ni vingt-cinq » (I). Histoire d’un héros qui fait profession de foi donjuanesque mais se conduit devant la belle Cidalise comme un Lovelace.

 

Curieux titre que celui choisi par Cabanon, mais qui s’explique par l’adjonction, à la fin du récit, de la recette des cailles à la Clémantine, «chef-d’œuvre d’une tête pensante et d’un estomac éprouvé » et qui constitue l’ultime chapitre (xxix) du livre. Curieux roman surtout dans lequel le narrateur dialogue avec ses « honorées lectrices » (I) pour faire de temps à autre le point des aventures qu’il a entrepris de conter : « C’est quelque chose d’une

« narration pénible et fâcheuse, la ruine d'un homme! Aussi ( ...

) nous en dirons la conclusion tout de suite : Julio fut ruiné» (x).

Ainsi s'intéresse-t-on moins à la fiction, d'ailleurs reconnue «défectueuse et incomplè­ te» (xxvm), qu'au discours du narrateur.

Discours justi­ fiant l'invraisemblance de l'intrigue - « La nouvelle moderne a tout tué, madame; il n'y a plus d'histoire possible à raconter avec bonne foi au coin du feu », déclare Julio à son interlocutrice (Iv) -et qui permet dès lors de lire « ce drame conçu, intrigué, dévelop­ pé » (xxvm) comme un pastiche, voire une caricature, du romanesque romantique.

Accumulant les épithètes, multipliant les déterminants, redoublant gratuitement les termes, Cabanon parvient ainsi à étirer son texte, à main­ tenir un artificiel suspense jusqu'au moment où Je narra­ teur cède la place au chroniqueur culinaire.

Ultime retournement d'un récit qui multiplie les situations roma­ nesques pour mieux nier la pertinence du genre et qui n'existe, en fin de compte, que par l'humour de celui qui fait de sa narration le véritable sujet de son livre.

BffiLIOGRAPHIE Longtemps introuvable -et cela très rapidement -Un roman pour les cuisinières est aujourd'hui disponible chez José Corti, Paris.

«Coll.

romantique», 1962, et en Slatkine reprints, Genève, 1973.

Si le Larousse du XIX' siècle ignore Cabanon, il consacre au roman plus d'une colonne.

C'est là le seul texte critique avec celui de Charles Asselineau, Bibliographie romantique, Slatkine reprints, Genève, 1967, pp.

195-198.

D.COUTY. »

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