CABINET DES FÉES (le)
Publié le 19/02/2019
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CABINET DES FÉES (le), recueil de contes de fées des xviie et xviiie s. réunis et publiés en 41 volumes de 1785 à 1786 par Charles Joseph de Mayer. Il s'agit d'une entreprise de librairie ambitieuse, parallèle à celle qui lance la collection des Voyages imaginaires, songes et visions et romans cabalistiques (1787-1789) qui compte 39 volumes. Aux contes de fées proprement dits de Perrault, Mme d'Aulnoy ou Caylus sont adjoints divers contes orientaux.
«
CABINET
DES FÉES (xvm• siècle).
Titre donné à diffé
rents recueils de contes de fées, dont la publication
s'échelonna durant tout le xvm• siècle, constituant une
sorte d'encyclopédie du conte merveilleux.
Après l'en
gouement provoqué par les contes de Perrault et ceux de
Mm• d'Aulnoy, puis par les Mille et Une Nuits, dans la
libre traduction de Galland, de nombreux auteurs, sou
vent des femmes, s'exercèrent à ce genre.
On peut citer
parmi les meilleurs Antoine Hamilton, Mm• de Murat,
Mm• d'Auneuil, M11• de La Force et surtout Mme Leprince
de Beaumont.
Quatre genres principaux peuvent être distingués
selon les sources d'inspiration : les contes puisés dans la
tradition populaire française, imitant l'œuvre de Perrault
(la Belle et la Bête, 1757, de Mme Leprince de Beaumont;
l'Oranger et l'Abeille, 1697, de Mme d'Aulnoy); les
contes de la veine orientaliste inaugurée par Antoine
Galland (la Puissance d'amour, de M11• de La Force,
etc.); les œuvres d'imagination fantastique et onirique,
sans modèle populaire, et qui, dans la seconde moitié du
siècle, sont parfois déjà marquées par le romantisme
élégiaque ou héroïque; enfin, constituant la part la plus
importante de la production, les contes moralisants, gref
fant sur un médiocre canevas-prétexte féerique un dis
cours didactique et sentencieux.
Sans jamais atteindre les qualités littéraires ni la force
d'inspiration des deux grands initiateurs Perrault et Gal
land, cet ensemble monumental distribué dans les édi
tions successives du Cabinet des fées a profondément
marqué la sensibilité littéraire du siècle.
Il rend compte
de deux tendances profondes qui annoncent les boulever
sements de la Révolution et du romantisme : d'une part,
un rousseauisme fondant sur l'imagination et la sensibi
lité une nouvelle pédagogie; d'autre part, un goOt pro
noncé pour le merveilleux et pour les sources naïves de
la tradition.
Ces deux tendances composent le modèle
imaginaire de 1 'utopie du « bon sauvage» villageois,
représentée, dans un autre registre, par l'œuvre de
Greuze, et qui sera largement illustrée et diffusée par
l'imagerie populaire à la fin du xvm• et durant tout le
xrx• siècle.
Ainsi, tandis que la tradition orale se trouvait
menacée par la scolarisation et la diffusion de l'écriture,
se reconstituait paradoxalement sous une autre forme
une mythologie populaire qui devait constituer l'un des
axes du romantisme et inspirer des œuvres aussi différen
tes que celles de Nodier, Nerval, Hugo (dans les Orienta
les), Aloysius Benrand ou George Sand..
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