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CANDIDE - Voltaire - Chapitre III : De ''Rien n'était...'' à ''...Mlle Cunégonde.''

Publié le 24/06/2011

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La structure du texte : Un récit combine le type de texte narratif et descriptif, on le reconnait à  l’alternance de verbes au passé simple et à l’imparfait : « Les canons renversèrent d’abord «, « ensuite la mousqueterie ôta «, « Candide qui tremblait comme un philosophe se cacha « Les passés simples, associés à des connecteurs temporels « d’abord «, « ensuite « marquent l’action de premier plan dans sa successivité, l’imparfait est descriptif, il marque l’action de second plan. Ce texte est donc structuré selon le temps, il s’agit d’un récit : le récit de la guerre, depuis son commencement le défilé en musique des deux armées jusqu’à son résultat : les ruines, les blessés et les morts.

Une alternance de point de vue : dans un récit, ce qui est important c’est le point de vue : qui raconte, de quelle place raconte-t-il ? Le premier paragraphe présente une vision panoramique très large : « Les canons renversèrent à peu près six mille hommes de chaque côté «. Ainsi, on peut deviner que cette guerre nous est racontée de très loin, le point de vue est à grande distance, les soldats ne sont pas individualisés, ils sont des masses sans visage.  C’est le point de vue des généraux très loin des combats. A partir de la fin du premier paragraphe : le point de vue change. « Il passa par-dessus des tas de morts et de mourants et gagna d’abord un village voisin ; il était en cendre. « Le point de vue épouse celui du personnage, nous voyons ce qu’il voit à hauteur d’homme cette fois. Le point de vue est celui de Candide. Ainsi le texte met en scène deux points de vue très différents radicalement opposés.

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« l’adverbe « bien ».

Cette accumulation fait écho avec celle de la phrase suivante, composée des instruments de musique.

*Le son « i » se répète dans l’adverbe « si » et vient éclater dans le mot « fifre ».

Cette assonance imitative renforce l’aspect esthétique.

*Mais, on observe certains mots intrus judicieusement disposés en fin dephrase ou d'énumération ; ainsi, « armées », dans la première phrase, des « canons », clôturant la liste des instruments de musique, et d' « enfer » qui entre en collision rétrospective avec l' « harmonie » – ces deux termes forment une antithèse - évoquée à la fin de la deuxième phrase.

Ces mots révèlent un malaise, un désaccordcritique dans l’enthousiasme esthétique. b) Vision légère : A cette feinte admiration, s'ajoute le parti-pris de représenter la mêlée de façon détachée et désinvolte.

* la métaphore « les cannons renversèrent » signifie que des hommes sont tués, mais les connotations du verbe « renverser » évoquent plutôt une sorte de jeu de quille duquel la mort est gommée.

*De plus, par troisfois, le sujet des verbes est un armement : « les canons », « la mousqueterie », « la baïonnette » (ces deux derniers au singulier comme pour les minimiser), c’est une façon de nier la responsabilité des hommes, comme si lesobjets agissaient seuls.* Ensuite, on est frappé par la succession d’approximations numériques : « à peu près six mille hommes de chaque côté », « environ neuf à dix mille coquins », « quelques milliers d’hommes », « le tout pouvait bien se monter à une trentaine de mille âmes ».

Ainsi le nombre de cadavres semble peu important, (on remarque qu’il semble y avoir une égalité dans chaque camp ).

L’aspect scandaleux de la guerre, le fait que desinconnus se détruisent, n’est ici absolument pas pris en compte, aucune émotion n’est perceptible dans cedécompte, mais on perçoit plutôt une nonchalance qui ne prend même pas la peine de compter précisément.

*.Pourtant, c’est une véritable bataille qui est évoquée, puisque l’ordre « canons », « mousqueterie », puis « baïonnette » suggère que les deux armées se rapprochent l’une de l’autre pour finir dans un corps à corps.

Ainsi, c’est un point de vue extrêmement léger qui s’exprime, comme pourrait le faire un général, peu soucieux des viesdes gens qu’il expose à la mort.

*L’emploi du mot « âme » à la fin du décompte est surprenant, puisque c’est un terme employé par les chrétiens pour désigner les morts.

Comme si Voltaire suggérait que ce décompte sanshumanité est fait par un chrétien.

C’est une façon de montrer le mépris pour la vie humaine des généraux mais ausside critiquer les valeurs chrétiennes au nom desquelles se commettent les guerres. c) Vision critique: * Pour dire la mort, Voltaire utilise des euphémismes : « ôta du meilleur des mondes », « la baïonnette fut aussi la raison suffisante ».

Il reprend des termes des philosophes optimistes, tels que Leibnitz, caricaturé dans le conte sous les traits de Pangloss, le maître de philosophie de Candide.

Pour les optimistes, laréalité est toujours bonne, c’est « le meilleur des mondes possible » et d’un mal résulte toujours un bien : ainsi cetteboucherie a pu débarrasser la terre de « coquins qui en infestaient la surface ».

Voltaire reprend donc les expressions des philosophes optimistes pour les détourner et les critiquer.

C’est l’aspect parodique de ce texte (laparodie imite en détournant et en exagérant).* L’expression finale « boucherie héroïque » prend toute sa force en conclusion.

Dans cet oxymore se concentre deux points de vue opposés : le point de vue de ceux pour qui la guerreest l’occasion de devenir des héros et le point de vue de Voltaire pour qui elle est inhumaine.

*De plus, Voltairecritique aussi l’église à travers l’allusion au « te deum ».

En effet, loin d’évangéliser, l’église semble ne proposer aucune contestation, elle accompagne au contraire dans une célébration l’acte de tuerie.

On remarque que ce « te deum » a lieu dans les deux camps.

Donc aucun vainqueur, bref, ce combat aura été inutile.

C’est l’absurde de la guerre qui est mis en évidence.

*Enfin, dans le deuxième paragraphe, à travers l’expression « selon les lois du droit public », Voltaire dénonce le fait que cette boucherie soit conforme au droit, aux lois.

C’est ici les gouvernants, les rois, qu’il met en cause dans l’approbation de la guerre qu’ils signifient par leurs lois. Ccl : Voltaire a donc choisi dans un premier temps d’utiliser l’arme du détachement, de la désinvolture enjouée pourfaire lever l’indignation de son lecteur.

On constate un changement radical dans le deuxième paragraphe : lesrésultats du massacre ne sont plus vus de loin mais dans une sorte de succession de gros plan.

Le point de vuechange.

II- Un réalisme sanglant a) Un contraste saisissant : La présence des civiles* : Dans la première partie, l’accent est mis sur l’aspect militaire de la bataille (les défilés, l’ordonnancement, les armes, les décomptes, la mort est abstraite,mathématique), or à présent, c’est le spectacle des civiles qui est observé par Candide.

Parmi ces villages en« cendres », parmi ces dégâts, on constate que ce sont les plus faibles qui ont été touchés : « les vieillards », « les femmes », « les enfants », « les filles ».

De façon générale, nous voyons la face cachée de la guerre : son résultat vain qui frappe les civiles, qui ne sont rien dans ce conflit, et les laisse accablés.

Le point de vue* : cette fois lepoint de vue s’est modifié : dans le premier paragraphe, nous assistions à la bataille vue de loin, avec détachement,comme en vue panoramique.

Or dans ce second paragraphe, c’est le point de vue de Candide qui erre à travers lesruines que nous suivons.

C’est une sorte de succession de gros plans.

Il est proche de ce qu’il observe.

On constatel’emploi de connecteurs spatiaux « ici des vieillards criblés de coups …», « là des filles éventrées… » nous donnent cette proximité pathétique avec les blessés et les mourants.

On remarque qu’il n’y a aucune précision dans cetteévocation de l’espace comme si le regard s’accroche seulement à ces êtres, allant de l’un à l’autre dans un réalismecroissant. b) un hyper-réalisme : La bataille était vue de façon très approximative dans le décompte des victimes, à présent, on distingue de nombreux détails : A partir de l’adverbe « ici », la phrase est longue, c’est une sorte d’hypotypose, (une description très forte de la réalité), sans concession qui dévoile ce qui aurait dû rester caché.. »

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