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« CASTIGAT RIDENDO MORES » dans Marivaux donne L'île des esclaves

Publié le 05/06/2015

Extrait du document

marivaux

·  Un personnage tonique

Si nous rions des maîtres, de leurs vaines futilités et du renversement plaisant de leur sort, c'est parce que nous rions avec Arlequin.

Alors que Cléanthis apparaît de bout en bout (ex‑

cepté évidemment la situation fusionnelle finale!) non sans aigreur, Arlequin, fidèle à la tradition du type qu'il représente, est bon vivant, agréable, souriant, bondis­sant, plein d'énergie et de joie de vivre. Quelques exemples suffiront.

Dès la scène 1, face à un Iphicrate bouleversé, il dit :

Reposons-nous auparavant pour boire un petit coup d'eau de vie. J'ai sauvé ma pauvre bouteille, la voilà; j'en boirai les deux-tiers, comme de raison, et puis je vous donnerai le reste.

Apprenant son nouveau sort, il a des transports réjouissants :

ARLEQUIN, sautant de joie, à son maître — Oh! oh! que nous allons rire, Seigneur Hé!

Scène 2

Après avoir chanté les joies du vin et de la république confondus, il confie à Trivelin qui l'interroge sur Iphi-crate :

Oui, c'est un bon enfant; j'en ferai quelque chose. Il soupire parfois, et je lui ai défendu cela, sous peine de désobéissance, et lui ordonne de la joie. (Il prend son maître par la main et danse) Tala rara la

Scène 5

Et c'est lui qui rompt avec un humour salubre le jeu théâtral dans lequel semble se complaire Cléanthis :

ARLEQUIN, riant à genoux — Ah! ah! ah! que cela va

bien! Nous sommes aussi bouffons que nos patrons,

mais nous sommes plus sages.

CLÉANTHIS — Oh! vous riez, vous gâtez tout.

Scène 6

Comment ne pas trouver « sympathique « un person­nage qui, quelle que soit sa situation, ne se prend jamais

au sérieux et nous invite à rire avec lui de tout et de tous?

La comédie « corrige les moeurs en riant « 

Est-il besoin de préciser qu'en l'occurrence le « il « désigne le vrai Iphicrate dont on demande au « faux « Iphicrate de parler... en présence du vrai! Qui nous empêchera de trouver cette situation d'énonciation d'une savoureuse cocassité?

Quant au quiproquo proprement dit, celui qui provo­que des malentendus amusants, il n'est guère exploité qu'une fois :

CLÉANTHIS — Venez çà, écoutez-moi. Un honnête homme vient de me témoigner qu'il vous aime; c'est Iphicrate.

EUPHROSINE — Lequel?

CLÉANTHIS — Lequel? Y en a-t-il deux ici? c'est celui qui vient de me quitter.

 

Scène 7

marivaux

« 100 PARCOURS DE LECTURE L'Île des esclaves l'esclavage pour vous rendre sensibles aux maux qu'on y éprouve; nous vous humilions, afin que, nous trouvant superbes, vous vous reprochiez de l'avoir été.

Et à maintes reprises, le héraut de la loi insulaire rappellera l'objectif de l'épreuve infligée aux maîtres : moins punir qu'amender, corriger et instruire.

Plus rare, mais tout aussi signifiante est la métaphore utilisée par le même Trivelin pour expliquer le but attendu : TRIVELIN -[ ...

] Vous voilà en mauvais état, nous entreprenons de vous guérir; vous êtes moins nos esclaves que nos malades, et nous ne prenons que trois ans pour vous rendre sains.

[.

..

] ARLEQUIN - Et le tout gratis, sans purgation ni saignée.

Peut-on de la santé à meilleur compte? L'épreuve est ici assimilée à une cure de laquelle on attend un rétablissement...

moral.

Le mal est nommé : la « superbe », l'orgueil, l'inhumanité; le traitement a pour but admis de tous d'extirper ce mal; reste à ajuster la thérapie.

1 Prolongements 1.

Relevez dans l'ensemble de la pièce les occurren­ ces du verbe « corriger ».

Oui veut corriger qui et de quoi? Dans quels discours rencontre-t-on le plus souvent ce verbe? Comment l'expliquez- vous? 2.

T rivel in assimile l'épreuve de l'esclavage sur l'île à un« cours d'humanité»: recensez dans l'ensem­ ble de la pièce les termes qui complètent cette comparaison.

Quelles conclusions en tirez-vous sur la portée didactique de l'œuvre? La stratégie est elle aussi nettement énoncée.

Nous vous humilions, telle est la méthode appliquée par les. »

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