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MARIVAUX – L’île des esclaves, scène 1

Publié le 14/10/2020

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MARIVAUX – L’île des esclaves, scène 1

 

Attention, le texte est redimensionné pour l’oral avec plusieurs coupures. Voir le document joint

 

INTRODUCTION 

Lorsqu’il fait jouer L’île des esclaves en 1725, Pierre  Carlet de Chamblain de Marivaux est sous la triple influence de :

l’atmosphère libre et joyeuse de la Régence, qui a rendu célèbre les Comédiens Italiens auxquels Marivaux confie toutes ses pièces.

l’émergence d’une contestation sociale qui remet en question la hiérarchie d’une société d’ordres, et en particulier la condition des domestiques.

la publication en 1719 de Robinson Crusoé, de Daniel Defoe, récit inspiré  d’un fait divers qui lance la mode des « robinsonnades » (vivre tout seul sur une île déserte) et réactive le goût des utopies littéraires (de Thomas More à Fénelon).

  La scène d’exposition a permis de présenter les personnages et la situation : un maître, Iphicrate, et son esclave, Arlequin, ont fait naufrage sur une île colonisée par des esclaves révoltés qui mettent à mort ou réduisent en esclavage tous les maîtres arrivant jusqu’à eux. Alors qu’Iphicrate est pressé de fuir, son esclave semble s’émanciper de son autorité : comment sa révolte se met-elle en place ? 

EXPLICATION LINEAIRE 

Etape 1 - Désinvolture d’Arlequin et anxiété d’Iphicrate (l.1 à l.28)

l.1-2 : La première didascalie du passage « prenant sa bouteille pour boire », relève du comique de gestes et  rappelle qui est Arlequin : un des plus célèbres zannisⁱ  de comédie. Ce personnage se reconnaît à son costume ou à l’attribut qui l’accompagne souvent : une bouteille de vin. Cet accessoire trivial annonce aussi que nous avons affaire à une comédie, d’autant qu’il existe un contraste entre le langage verbal : «  je vous plains de tout mon cœur » et le langage non-verbal, le fait de boire au goulot sous le nez de son maître… Ce contraste crée du comique de situation. 

l.3 à l.10 : Le comique de situation est renforcé ensuite par l’écart entre l’émotion   d’Iphicrate et les moqueries d’Arlequin : Iphicrate (dont le nom signifie « qui règne par la force » ) prononce alternativement des ordres à l’impératif comme « suis-moi », « marchons », « avançons » et des exclamations indignées « Comment donc ! » ou des questions impatientes « que veux-tu dire ? », « as-tu perdu l’esprit ? » «à quoi penses-tu ? » Il est dans le registre de la peur et du sérieux. Arlequin au contraire  sifflote, chantonne ou rit. Ce langage para-verbal s’ajoute au comique de mots, tout comme l’antiphrase « la drôle d’aventure » l.8 ou l’antithèse « plains/rire » l.8-9. Il est dans le registre de la désinvolture. En opposant la peur d’Iphicrate et la désinvolture d’Arlequin, Marivaux renforce le comique de situation.

marivaux

« 2 aussi que nous avons affaire à une comédie, d’au tant qu’il existe un contraste entre le langage verbal : « je vous plains de tout mon cœur » et le langage non - verbal, le fait de boire au goulot sous le nez de son maître … Ce contraste crée du comique de situation. l.3 à l.10 : Le comique de situation e st renforcé ensuite par l’écart entre l’émotion d’Iphicrate et les moqueries d’ Arlequin : Iphicrate (dont le nom signifie « qui règne par la force » ) prononce alternativement des ordres à l’impératif comme « suis -moi », « marchons », « avançons » et des exclamations indignées « Comment donc ! » ou des questions impatientes « que veux -tu dire ? », « as -tu perdu l’esprit ? » « à quoi penses -tu ? » Il est dans le registre de la peur et du sérieux. Arlequin au contraire sifflote, chantonne ou rit.

C e langage para -verbal s’ajoute au comique de mots, tout comme l’antiphrase « la drôle d’aventure » l.8 ou l’antithèse « plains/rire » l.8 - 9.

Il est dans le registre de la désinvolture.

En opposant la peur d’Iphicrate et la désinvolture d’Arlequin, Marivaux renforce le comique de situation. l.10 -11 : L’aparté d’Iphicrate relève du comique de caractère : le maître semble regretter bien naïvement son imprudence initiale. Sa naïveté crée à son tour du comique de situation, en donnant le beau rôle à Arlequin : certes Iphicrate est le maître et a le pouvoir de commander à son esclave, mais Arlequin a le pouvoir de désobéir et d’exploiter la situation à son avantage.

Le renversement des rôles entre le maître et l’ esclave vient de commencer. l.13 : la réplique vaut un « non » indirect.

C’est un prétexte et déjà une forme de désobéissance ironique. l.14 -15 -16 : le parallélisme de la répéti tion « Avançons, je t’ en prie/J e t’en prie , je t’en prie » fonctionne sur le même modèle que « mon cher Arlequin/mon cher patron » l.22 -23 .

D u côté d’Iphicrate, c’est un modalisateur de politesse destiné à atténuer la rudesse du commandement.

Du côté d’Arlequin, c’est une marque de parodie : Arlequin imite Iphicrate pour se moquer de lui, de même qu’il se moque de lui par l’antiphrase « vos compliments me charment » l.23 l.17 -18 -19 : ces trois lignes rappellent que nous sommes toujours dans la scène d’ exposition, qui a pour objectif de préciser le décor «la côte », les personnages « nos gens » donc un maître et ses domestiq ues, la situation « chaloupe, rembarquerons » donc des personnages qui ont fait naufrage.. »

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