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CHAPITRE 19 de CANDIDE DE VOLTAIRE (lecture analytique)

Publié le 17/06/2011

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voltaire

— accueil, modestie humiliée, soumission (" j'attends... maître... fameux négociant ") ;  — récit énumératif à la fois horrible et supposé objectif (" c'est l'usage ") ;  — prédominance de la force répressive (" on nous... ") ;  — on passe du constat à l'analyse des causes du mal (" c'est à ce prix que... ") ;  — l'ironie et la colère contenue prédominent peu à peu (passage de " on " à " ils ", la citation de la mère) ;  — absurde final avec l'animalisation (" singes et perroquets ") et la mise en cause des hommes d'église (" les prêcheurs ") ;  — on aboutit à la clé de l'inacceptable : y a t-il des hommes qui ne soient pas comme les autres ? ne sommes-nous tous pas parents ? sur quelle " généalogie " se fonde l'esclavage ? On a une évolution du ton : d'abord respectueux, il se fait un peu vindicatif, crie l'absurdité, avant de tourner au pathétique (" Hélas ! "), répercuté en écho par le commentaire rageur et écoeuré de Candide.

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« persécuté pour ses idées religieuses, accusé d'être socinien).

Il pourra donc incarner un anti-Pangloss.

Mais Candidea une motivation psychologique : il espère que la conversation d'un être plus malheureux que lui-même lui redonneraun peu de foi en son propre destin : " au pays des aveugles....

Nous saurons plus loin que Martin est manichéen :après les ténèbres totales de l'Europe, après la lumière éblouissante de l'Eldorado, il va peut-être servir de porte-parole à une voie médiane (tout est mi-mal, mi-bien, dit le manichéisme).

En tout cas, la volonté de Candide de sedonner un ascendant sur un plus malheureux que lui est manifeste par son geste final d'aumône générale. ÉCRITURE 8.

Rapports style/effets— traits de pittoresque : par terre, moitié, caleçon, toile bleue, mutilations ;— sobriété : j'attends, c'est l'usage ; phrases brèves " on nous...

" et équilibre des automatismes (le doigt, la main,la jambe) ; fausse logique de l'évidence " c'est à ce prix que...

" > décalage entre l'horreur et le ton choisi ; éviter lagrandiloquence et le discours vengeur ; faire éclater l'absurde et l'odieux ;— émotion : apparition du style direct (la mère qui a vendu son enfant et qui " disait : mon cher enfant ") ; " Hélas !" ; malheureux ; horrible ;> montée discrète d'un pathétique par l'intime et par le plaidoyer.Noter aussi le passage de la focalisation externe (Candide voit ; horreur objective) à la focalisation interne (l'esclaveparle de son sort, dit froidement des réalités négatives et présente comme recevable ou vraisemblable la pireatrocité).9.

" C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe ".Son fonctionnement repose sur la disproportion entre les causes (avoir du sucre) et les effets (l'esclavage).

Lesucre renvoie d'ailleurs à une gourmandise superflue, à une forme de luxe un peu inutile.

Le mot " prix " lui-même estéquivoque : quel est le " prix " d'un homme mutilé, vendu, transformé en bête ? BILAN L'action1.

Par définition, l'utopie ne peut servir que de modèle théorique, irréalisable.

Toutefois le jardin final en gardera latrace : communauté fermée, privilège de l'agriculture et de l'artisanat, déisme, patriarcat, isolement hors des remousdu monde, désillusion.

Mais il est clair que Voltaire ne nous pousse pas trop à y croire ni ici, ni au chapitre XXX.

Laforme déceptive du conte est implicite dès la fin du chapitre XIX.2.

La piège dialectique se referme sur Candide (" cet hémisphère ne vaut pas mieux que l'autre " qui se demande "où aller ".

Ne sachant devenir méchant ou noir (comme Martin), ne pouvant choisir d'être un persécuteur (il n'en a nila naissance, ni le tempérament), Candide va fonder un provisoire pouvoir sur l'argent et continuer à fuir les" loups ".

On voit bien que l'argent s'amenuisera et que les loups ne deviendront jamais agneaux.

Il n'y a guèred'issue, sauf à quitter le réel (mais cela n'a aucun sens : l'Eldorado est un mirage).

Le pessimisme, à ce moment duconte, est très fort.

Martin prédomine.3.

Voir fiche ci-dessousLes personnages1.

Martin va servir de contrepoids à l'idéologie panglossienne.

Il en est l'envers.

Mais le pessimisme " manichéen " deMartin est tout aussi systématique que l'optimisme de Pangloss et il y a peu de chance pour que Candide y trouve lasolution de sa vie.

On perçoit bien où Voltaire veut nous conduire : de l'extrême optimisme à l'extrême pessimisme,Candide finira par trouver sa voie dans l'entre-deux, dans un refus de l'un et de l'autre, dans un rejet des théories.2.

LI faut que Candide transforme son autonomie intellectuelle et financière, chèrement acquise, en expérience.

Ilest renvoyé dans l'Europe de ses origines, doté d'un passé qui l'a instruit.

En éliminant Cacambo (homme deNouveau Monde, où il est né), Voltaire replace Candide en situation de responsabilité, ce qui est nécessaire à sonévolution.3.

On peut prévoir deux options :— L'argent va permettre à Candide, momentanément, d'affronter le pire et de tenir un pouvoir.

il est moinsdépendant que lorsqu'il est parti, moins vulnérable.— À l'inverse, cette richesse dans les mains d'un " Candide " risque d'attirer sur son détenteur les divers exploiteurs.C'est exactement ce que vont montrer les chapitres " parisiens".

Le monde n'a pas changé en quelques mois : les choses ne se passeront pas mieux.

La manipulation de Candideportera sur d'autres points, simplement. LE POINT SUR L'ESCLAVAGE DES NÈGRES 1.

Un épisode décisif dans la conduite du récitOn sait que Voltaire a ajouté tardivement cet épisode du " nègre de Surinam " : on passe du meilleur des mondespossibles (l'Eldorado) à la plus abominable des réalités, et la réflexion du lecteur sur l'optimisme est ainsi remise enéveil, par une sorte de choc.

Malgré l'ironie, le passage s'élève contre des présupposés juridiques et métaphysiquesqui justifiaient l'esclavage.

Il n'y a d'autre fondement à l'esclavage, pour Voltaire, que l'intérêt économique le plusbrutal : la main d'oeuvre à bon marché.

Mais la religion vient ici justifier et sacraliser ce qu'elle devrait combattre.. »

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