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CHAPITRE 4 DU CANDIDE DE VOLTAIRE (lecture analytique)

Publié le 16/06/2011

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voltaire

Candide est encore influencé par Pangloss : voir le début du § 2, mais il commence à ne pas seulement accepter. Il interroge (" Ah ! le meilleur des mondes, où êtes-vous ?" début du § 4) et passe à une forme d'action, imitant Jacques (actes de compassion ou de générosité) : il fait l'aumône à Pangloss, il le soigne, l'emmène chez Jacques. Il lui coupe même la parole (" voilà qui est admirable, mais... "). La vie lui a déjà appris à remplacer de vains sophismes par l'action. Sans qu'il en ait conscience, Candide est déjà en progrès sur le chemin du " jardin ".

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« individus) au plus grand ornement de son grand monde.

Ainsi les difformités apparentes de nos petits mondes seréunissent en beauté dans le grand.

" Voltaire faisait sienne cette philosophie dans ses Éléments de Newton (1738),XXII, 407: " Ce qui est mauvais par rapport à vous est bon dans l'arrangement général ".

De même dans Zadig(1747), ch.

XX.

" l'ermite soutint...

que les hommes avaient tort de juger d'un tout dont ils n'apercevaient que laplus petite partie " ; à quoi Zadig oppose son "mais".

Memnon, borgne comme Pangloss, se montre encore plusréticent dans le conte qui porte son nom (1749), XXI, 100: " Eh mais ! dit Memnon, certains poètes, certainsphilosophes ont donc grand tort de dire que tout est bien ? - Ils ont grand raison, dit l'esprit, en considérantl'arrangement de l'univers entier - Ah ! je ne croirai cela, répliqua le pauvre Memnon, que quand je ne serai plusborgne.

" Mais dans le Poème sur le désastre de Lisbonne, à la question : Et vous composerez dans ce chaos fatalDes malheurs de chaque être un bonheur général ? La réponse ne fait plus aucun doute : cf.

Voltaire à Elie Bertrand, 18 février 1756 (Best.

6066) : " [la question]tombe uniquement sur cet axiome, ou plutôt sur cette plaisanterie :tout est bien à présent, tout est comme il devrait être, et le bonheur général présent résulte des maux présents dechaque être.

Or en vérité, cela est aussi ridicule que ce beau mot de Posidonius qui disait à la goutte Tu ne meferas pas avouer que tu sois un mal."Pomeau (239)8.

Cette formule est une des dés de la solution optimiste : tout n'est pas bien, mais le Tout est bien, et il fautaccepter des inconvénients pour que se maintienne la grande harmonie universelle.

À cet égard, la phrase deHobbes (l'homme-loup) n'est pas si éloignée contrairement aux apparences.

Car le mal que fait la violence humaineconduit aussi à des équilibres : loi de la jungle ; système politique qui donne une toute puissance à un pouvoir pourqu'il domine la violence naturelle ; politiques de dissuasion, etc.

Bref, la violence est un mal, mais elle oblige à créerdes règles, à chercher un pouvoir fort.

D'un mal naît un bien.Mais, dans le cadre du récit, l'aventure de Pangloss est une preuve par l'absurde que tout mal particulier n'est pasautant élément de l'intérêt général.

Là encore, Pangloss confond son cas et l'universel.

On notera l'incohérence duraisonnement qui aboutit à dire (comme Pierre Dac) : plus tout va mal, plus tout va bien.

L'intérêt du débat est ainsienfoui et ridiculisé.9.

La théorie de Hobbes est évidemment illustrée par ce chapitre, malgré l'exemple inverse de Jacques et malgré lespreuves de la compassion offertes par Candide lui-même.

Mais on notera que la formule de Hobbes concernefinalement la pensée politique (qui n'est pas ici en jeu, chez Voltaire).

Hobbes pense que la politique est la mise enordre des passions et des pulsions humaines.

Et que le pouvoir absolu est un moindre mal nécessaire du fait de lanature humaine, violente et égoïste ; si bien que la constitution de l'État vient du droit de chacun à renoncer à segouverner soi-même.

On voit donc que les enjeux, originellement, sont assez différents.

Pangloss, métaphysicien,est loin de cette philosophie là, pragmatique et politique.

Voltaire, par la voix de Jacques, est aux antipodes deRousseau : sans doute les hommes sont-ils nés loups ; c'est à la civilisation, au travail, à la loi, de les rendresociables, heureux et tolérants. ÉCRITURE 10.

Les expressions amusantes, données sur un ton détaché, compensent l'horreur.

Il s'agit de discréditer laphilosophie optimiste (les formules de la fin).Quelques expressions : " violée autant qu'on peut l'être ", " cause/effet, raison suffisante ", " âme de notre âme...coups de pied au cul " ; fin de la généalogie : < novice jésuite < compagnon, " (la vérole) a fait un merveilleuxprogrès parmi nous ", " honnêtes stipendiaires " , " 20 000 vérolés de chaque côté ", " plus il y a de malheurs, plustout est bien ".11.

Comique- de situation : le gueux-fantôme qui se jette au cou de Candide ; le héros qui s'évanouit ; Pangloss à l'étable ;l'amour qui donne des " coups de pieds au cul " ou " la vérole...- de répétition : formules " effets/causes/raison suffisante " ; le frère " traité précisément comme sa soeur " ; laremontée généalogique des origines de la vérole de Pangloss...- incongruités : mélange des niveaux de langue ; raillerie (Paquette tenait son mal " d'un cordelier très savant ") ;ironie ; raisonnement absurde ; confusion des valeurs.. »

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