CHAPITRE I - Une Vie de Maupassant

5. L'évolution des conditions atmosphériques est clairement mar­quée au cours de ce chapitre. L'action commence sous la pluie. La nuit tombe, une aurore triomphale se lève : les choses s'arrangent au mieux sans intervention de la volonté. Jeanne a connu une première contrariété, aussitôt levée. Le monde semble réglé par une providence chargée de veiller à l'accomplissement des désirs.

Ces conditions atmosphériques peuvent-elles être considérées comme des signes annonciateurs de la suite de l'intrigue ? Sans doute, si l'on rai­sonne dans les termes d'une esthétique du contrepoint. Quand le pre­mier chapitre illustre encore la prédominance d'un ordre providentiel, la suite du roman se charge de montrer qu'il fallait prendre au sérieux la pluie initiale : elle est bien « le premier gros chagrin de son existence « (p. 13), premier d'une longue série. La pluie incarne métaphoriquement le poids des déterminismes conditionnant le destin de Jeanne : à partir du moment où elle a quitté le cadre protecteur du couvent, elle se retrouve exposée aux intempéries réelles et symboliques. Si elle connaît quelques moments de répit, ce ne peut être que sous l'effet de l'igno­rance, ou d'illusions que la suite des événements se charge de dissiper.