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Chapitre XXXII - Thérèse Raquin de Zola

Publié le 14/03/2020

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À ce moment, cette sensation étrange qui prévient de l’approche d’un danger fit tourner la tête aux époux, d’un mouvement instinctif. Ils se regardèrent. Thérèse vit le flacon dans les mains de Laurent, et Laurent aperçut l’éclair blanc du couteau qui luisait entre les plis de la jupe de Thérèse. Ils s’examinèrent ainsi pendant quelques secondes, muets et froids, le mari près de la table, la femme pliée devant le buffet. Ils comprenaient. Chacun d’eux resta glacé en retrouvant sa propre pensée chez son complice. En lisant mutuellement leur secret dessein sur leur visage bouleversé, ils se firent pitié et horreur.

Mme Raquin, sentant que le dénouement était proche, les regardait avec des yeux fixes et aigus.

Et brusquement Thérèse et Laurent éclatèrent en sanglots. Une crise suprême les brisa, les jeta dans les bras l’un de l’autre, faibles comme des enfants. Il leur sembla que quelque chose de doux et d’attendri s’éveillait dans leur poitrine. Ils pleurèrent, sans parler, songeant à la vie de boue qu’ils avaient menée et qu’ils mèneraient encore, s’ils étaient assez lâches pour vivre. Alors, au souvenir du passé, ils se sentirent tellement las et écœurés d’eux-mêmes, qu’ils éprouvèrent un besoin immense de repos, de néant. Ils échangèrent un dernier regard, un regard de remerciement, en face du couteau et du verre de poison. Thérèse prit le verre, le vida à moitié et le tendit à Laurent qui l’acheva d’un trait. Ce fût un éclair. Ils tombèrent l’un sur l’autre, foudroyés, trouvant enfin une consolation dans la mort. La bouche de la jeune femme alla heurter, sur le cou de son mari, la cicatrice qu’avaient laissée les dents de Camille.

Les cadavres restèrent toute la nuit sur le carreau de la salle à manger, tordus, vautrés, éclairés de lueurs jaunâtres par les clartés de la lampe que l’abat-jour jetait sur eux. Et, pendant près de douze heures, jusqu’au lendemain vers midi, Mme Raquin, roide et muette, les contempla à ses pieds, ne

35 pouvant se rassasier les yeux, les écrasant de regards lourds.

Le chapitre XXII est le dénouement du drame. Le spectre de Camille s’est définitivement installé entre Thérèse et Laurent. Leur vie est une suite infernale de querelles et de cauchemars. Après avoir déjà tué une fois, chacun d’eux ne voit que le meurtre de l’autre comme issue : Thérèse a prévu de poignarder Laurent, tandis que Laurent prépare à sa femme un verre de poison.

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« par les clartés de la lampe que l'abat-jour jetait sur eux.

Et, pendant près de douze heures, jusqu'au lendemain vers midi, Mme Raquin, roide et muette, les contempla à ses pieds, ne 35 pouvant se rassasier les yeux, les écrasant de regards .lourds.

INTRODUCTION 1 Situer le passage Le chapitre XXXII est le dénouement du drame.

Le spectre de Camille s'est définitivement installé entre Thérèse et Laurent.

Leur vie est une suite infernale de querelles et de cauchemars.

Après avoir déjà tué une fois, chacun d'eux ne voit que le meurtre de l'autre comme issue : Thérèse a prévu de poignarder Laurent, tandis que Laurent prépare à sa femme un verre de poison.

1 Dégager des axes de lecture Le dénouement peut se lire sur deux plans.

Il met un terme au récit, en représentant la fin de ce couple uni dans les· mêmes souf­ frances.

Mais, comme souvent chez Zola, le récit est porté par une intention didactique : le texte se rapproche alors d'une représenta­ tion théâtrale, et plus spécialement de la tragédie, dont le rôle est d'exercer une influence sur le lecteur/spectateur.

PREMIER .~XE DE LECTURE LA FIN DE L'INTRIGUE 1 La récapitulation Le démonstratif(« à ce moment»,« cette sensation», 1.

1) met en évidence le caractère exceptionnel du moment.

Il a une intensité par­ ticulière, que les connotations des termes« brusquement» (1.

14) et cc crise » (1.

15) soulignent.

Les personnages semblent prendre conscience de quelque chose dans cet extrait.

Ils se remémorent des événements (cc au souvenir du passé », 1.

20), et prennent conscience d'un destin.

Pour eux passé et futur se confondent : cc songeant à la vie de boue qu'ils avaient menée et qu'ils mèneraient encore » (1.

19- 122 LECTURES M~THODIQUES. »

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