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Chateaubriand et Lamartine

Publié le 17/02/2012

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chateaubriand

Commenter, en l'illustrant par des exemples, cette opinion d'E. Faguet : « Lamartine a fait dans le domaine de la poésie presque autant que Chateaubriand dans un empire plus vaste. Chateaubriand a renouvelé Fimagination française; Lamartine a retrouvé les sources de la poésie tendre, noble, pure et élevée. «

Les noms de Chateaubriand et de Lamartine sont intimement liés : l'un est celui du maître, l'autre du disciple; l'un évoque le roi de la prose, l'autre le roi de la poésie en un siècle qui, n'en déplaise à ses détracteurs, fut grand. A quelque vingt ans d'intervalle, ces deux écrivains font figure d'initiateurs, et leur pensée, leur sensibilité, leur art, sciemment ou inconsciemment, ont marqué plusieurs générations. Voilà ce qu'a voulu signifier Emile Faguet dans les lignes que nous avons à commenter; son opinion est, de tous points, justifiable....

chateaubriand

« prestigieux, une palette opulente, que la fantaisie d'Arouet est froide, tandis que celle de Rene est brfilante.

Que l'on compare les defenseurs de la foi au siècle de l'Encyclopedie, raisonneurs et discuteurs sans enthousiasme, et le champion de la Religion chretienne au lendemain de la Revolution, decouvrant dans le culte hier bafoue des sources d'eloquence et de poesie, et l'on saura d'oit vient cette ardeur de conviction qui desormais sait s'adapter a chaque generation et parler son langage.

Entre Guenee et Lacordaire it y a Chateaubriand.

Qu'on reprenne l'interminable serie de 1'Histoire des Voyages, de La Harpe, ou la description de Rome par le President de Brosses, et Pon sentira comment une imagination souveraine, servie par un sens artistique quasi infaillible, transforme tout sans le &figurer, &gage d'un site historique Fame qui semble y sommeiller.

Avec l'« Enchanteur le paysage devient vraiment « un kat d'ame ».

Ouvrons l'Histoire de Charles XII de Voltaire, et relisons le recit de la bataille de Pultawa; puis, sans transition, passons a la Retraite de Russie contee par Pennerni de Napoleon.

Et nous pourrons mesurer quel pas de geant l'imagination a fait, du recit exact, net, mais qui ne nous met point vraiment un combat sous les yeux, a Pevocation coloree, dramatique, puis- sante de cette agonie de la « Grande Armee ».

Meme transformation du portrait de Pierre le Grand a celui de Mirabeau.

Ne quittons pas Voltaire, entrons dans son Temple du Goat, ou, si nous en avons le courage, relisons ses Remarques sur Pascal, son Commentaire sur Corneille, puis entendons Chateaubriand, classique au gout elargi par une imagination creatrice (le gout est le bon sens du genie - sans le gofit le genie n'est qu'une sublime folie), nous parler de Bossuet, de Pascal, de Racine; et une fois encore nous conclurons que l'imagination francaise est renouvelee en matiere de critique par la baguette magique de Chateaubriand.

Et nous pourrions ainsi passer en revue tous les genres auxquels it a touché, opposer les Martyrs a la Henriade...

Il les a tous transformes, renou- veles par ce don merveilleux qui semblait sommeiller dans Paine francaise depuis le jour oft la raison cartesienne avait pris le pas sur les autres facultes, et leur avait impose un joug parfois bienfaisant et parfois trop lourd.

Par son imagination, Chateaubriand est vraiment poke, it est l'inspirateur des pokes du xixe siècle.

Il a emit des vers, ce n'est pas la que se manifeste sa poesie.

Celle-ci est repandue a travers toute son oeuvre.

Sa poesie, c'est lui, partout kale, c'est son « moi » hypertrophie, c'est son magnifique et triste orgueil, son incu- rable ennui, ses &sirs inassouvis, ses reveries morbides, son pauvre cur qu'il porte en echarpe, son amour de la solitude, sa vision aigue des mer- veilles de la nature, ses vibrations en face des chefs-d'oeuvre de l'art, ses Mans vers l'inconnu, vers Pau-dela, ses visions grandioses d'avenir, son attachement a la terre natale, sa passion de la gloire, son patriotisme ardent encore que trop personnel, etc...

C'est dans ces tresors accumules en une settle oeuvre que puisera tout un siècle. « Le peu de poesie qui est en mon fime a &cot& de la sienne », declare Lamartine.

La lecture d'une page de Chateaubriand par un de ses pro- fesseurs, au college de Belley, a ete pour lui une revelation.

De ce jour, it s'est « senti poke ».

Sa mere, admiratrice du Genie et de l'Hineraire, renforce ces impressions premieres.

Rene, plus encore qu'Atala, seduit pour toujours l'adolescent : « Je n'ai jamais pu le lire sans pleurer ».

Le « maitre » exerce sur lui une veritable « emprise », corrigee toutefois par d'autres lectures, si bien qu'il aura peine a se reconnaitre dans son disciple.

Le jeune poke accroche le nom de Chateaubriand a sa dixieme Meditation, mais in plus chateaubrianesque est l'Isolement, ecrit dans un moment de « spleen », et plein de reminiscences...

Et pourtant Chateaubriand, jaloux, rebutera, econduira cet admirateur fervent, « ce grand dadais », dira-t-il en son &pit. Images - enveloppees de gaze - ; musique - plussouple, plus Guide -; melancolie au sein de la nature, aspirations vers l'Infini; reli- dosite sentimentale et esthetique; gout des voyages et de l'histoire, de Pepopee et des memoires; gofit de la polittque aussi, Lamartine semble bien avoir herite tout cela de son grand ape.

Il y eut toutefois emulation, plus qu'imitation.

Et si Pon vent les differencier avec quelque precision, l'on prestigieux, une palette opulente, que la fantaisie d'Arouet est froide, tandis que celle de Rene est brûlante.

Que Ton compare les défenseurs de la foi au siècle de l'Encyclopédie, raisonneurs et discuteurs sans enthousiasme, et le champion de la Religion chrétienne au lendemain de la Révolution, découvrant dans le culte hier bafoué des sources d'éloquence et de poésie, et l'on saura d'où vient cette ardeur de conviction qui désormais sait s'adapter à chaque génération et parler son langage. Entre Guénée et Lacordaire il y a Chateaubriand.

Qu'on reprenne l'interminable série de l'Histoire des Voyages, de La Harpe, ou la description de Rome par le Président de Brosses., et l'on sentira comment une imagination souveraine, servie par un sens artistique quasi infaillible, transforme tout sans le défigurer, dégage d'un site historique Fâme qui semble y sommeiller.

Avec 1'« Enchanteur », le paysage devient vraiment « un état d'âme ».

Ouvrons l'Histoire de Charles XII de Voltaire, et relisons le récit de la bataille de Pultawa; puis, sans transition, passons à la Retraite de Russie contée par l'ennemi de Napoléon.

Et nous pourrons mesurer quel pas de géant l'imagination a fait, du récit exact, net, mais qui ne nous met point vraiment un combat sous les yeux, à l'évocation colorée, dramatique, puis­ sante de cette agonie de la « Grande Armée ».

Même transformation du portrait de Pierre le Grand à celui de Mirabeau.

Ne quittons pas Voltaire, entrons dans son Temple du Goût, ou, si nous en avons le courage, relisons ses Remarques sur Pascal, son Commentaire sur Corneille, puis entendons Chateaubriand, classique au goût élargi par une imagination créatrice (le goût est le bon sens du génie — sans le goût le génie n'est qu'une sublime folie), nous parler de Bossuet, de Pascal, de Racine; et une fois encore nous conclurons que l'imagination française est renouvelée en matière de critique par la baguette magique de Chateaubriand.

Et nous pourrions ainsi passer en revue tous les genres auxquels il a touché, opposer les Martyrs a la Henriade... Il les a tous transformés, renou­ velés par ce don merveilleux gui semblait sommeiller dans l'âme française depuis le jour où la raison cartésienne avait pris le pas sur les autres facultés, et leur avait imposé un joug parfois bienfaisant et parfois trop lourd. Par son imagination, Chateaubriand est vraiment poète, il est l'inspirateur des poètes du xixe siècle.

Il a écrit des vers, ce n'est pas là que se manifeste sa poésie. Celle-ci est répandue à travers toute son œuvre.

Sa poésie, c'est lui, partout étalé, c'est son « moi » hypertrophié, c'est son magnifique et triste orgueil, son incu­ rable ennui, ses désirs inassouvis, ses rêveries morbides, son pauvre cœur qu'il porte en écharpe, son amour de la solitude, sa vision aiguë des mer­ veilles de la nature, ses vibrations en face des chefs-d'œuvre de Fart, ses élans vers l'inconnu, vers l'au-delà, ses visions grandioses d'avenir, son attachement à la terre natale, sa passion de la gloire, son patriotisme ardent encore que trop personnel, etc.. C'est dans ces trésors accumulés en une seule œuvre que puisera tout un siècle.

« Le peu de poésie qui est en mon âme a découlé de la sienne », déclare Lamartine. La lecture d'une page de Chateaubriand par un de ses pro­ fesseurs, au collège de Belley, a été pour lui une révélation.

De ce jour, il s'est « senti poète ».

Sa mère, admiratrice du Génie et de l'Itinéraire, renforce ces impressions premières.

René, plus encore qn'Atala, séduit pour toujours l'adolescent : « Je n'ai jamais pu le lire sans pleurer ».

Le « maître » exerce sur lui une véritable. »

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