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« Clair de Lune », Paul Verlaine (commentaire)

Publié le 01/10/2018

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Le « mode mineur » évoqué au vers 5 symbolise une musicalité douce et triste de même que les trois adjectifs décrivant le « clair de lune » au vers 9 : « calme » ; « triste » et « beau » forment une antithèse qui lie la beauté à la tristesse. Le sentiment d'apaisement, quant à lui, se dévoile à travers l'adjectif « calme » (v.9). L'ambiance festive qui dominait à la première strophe se clôt en un ultime silence, illustrant l'apaisement en ce sens que le retour à la solitude et au paysage se peint en une berceuse onirique, renforcée par le verbe « rêver » (v.10). La fin du poème est caractérisé par une omniprésence de la tristesse et de la mélancolie qui permet de faire tomber les masques et de dépasser ce jeu de « faux-semblants » au profit d'un retour à la nature et à l'apaisement. Le poème se conclue sur le mot « marbres » (v.12) qui désigne, d'une certaine manière, la mort, entendue comme l'ultime apaisement.

 

 

Dans « Clair de Lune », Paul Verlaine mélange avec subtilité plusieurs thèmes en apparences antithétiques. Il substitue aux illusions et aux mensonges liés aux fêtes galantes un retour mélancolique et apaisant. Le début du poème est marqué par un univers festif et joyeux où musique et danse sont maîtres. Le poète y insère des personnages tout en théâtralité. Il provoque néanmoins un glissement progressif vers une réalité plus profonde pour répondre aux attentes symbolistes. Si, dans un premier temps, il s'adonne à un travail rigoureux respectant les traditions des fêtes galantes, il parvient à emmener le lecteur dans le dépassement des « faux-semblants » pour lui faire découvrir le sens caché et mystérieux du monde. Ici, l'illusion peut être perçue comme une feintise ludique qui fonctionne grâce à la correspondance entre le poète et le lecteur. Victor Hugo, dans son poème « La fête chez Thérèse », tiré du recueil Les Contemplations, substitue à la réalité un univers onirique dans lequel les rôles & les valeurs sont modifiés. La fin du poème coïncide avec la tombée de la nuit mettant fin aux rêveries des personnages, à l'atmosphère magique de cet univers bien qu'elle crée une nouvelle forme de magie dans le sens où il y a un accord profond entre la confusion de la vie intérieure et le pouvoir étrange de la lune.

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« qu'en pratiquant noblement cette activité, on acquerrait une certaine noblesse.

La majorité des fêtes galantes avait lieu dans des parcs à la française, non loin de la Capitale.

Dans l'objet de notre étude, le thème de la fête est récurrent.

En effet, les deux premières strophes du poème décrivent une fête où la musique et la danse dominent.

De plus, on peut voir des références claires à un bal masqué telles que les termes « masques » au vers 2, « déguisements » au vers 4.

Ces objets rappellent les personnages de la Commedia dell'arte qui portaient des masques à l'effigie de leur caractère pour la plupart comique.

Les personnages sont désignés par métonymie au vers 2, sous le terme « masques » et l'appellation « bergamasques ».

Ce dernier terme évoque soit les habitants de Bergame, soit les anciennes danses populaires particulièrement attachées à cette ville.

Manifestement, l'absence de majuscule à l'initial du mot peut nous permettre d'orienter notre interprétation vers le thème de la danse aussi, l'atmosphère festive et joyeuse des fêtes galantes se ressent dans les mots employés ainsi que leur signification.

Le décor de la fête est tout aussi significatif.

On peut constater que le poète respecte le lieu traditionnel des fêtes galantes à savoir les parcs à la française.

En effet, les termes « arbres » (v.7) ; « jet d'eau » (v.11) et « marbres » (v.12) introduisent l'idée selon laquelle Verlaine souhaitait correspondre à la réalité de cette catégorie de fêtes.

Enfin, l'atmosphère festive ressort à travers les mouvements, évoqués par la succession des participes présents au vers 2 et 3 : « Que vont charmant masques et bergamasques Jouant du luth et dansant et quasi » Par ailleurs, le verbe « aller » est ici utilisé pour souligner l'aspect duratif du mouvement.

L'adjectif « fantasques » employé au vers 4 évoque un caractère imprévisible et agité ce qui insiste sur le caractère mouvant de l'atmosphère.

L'ambiance est légère et réjouissante et pose d’emblée le cadre du poème, un cadre qui oscille entre gaieté et musicalité. La tonalité festive et gaie fait figure d'ambiance, aussi bien de la fête que du poème.

En effet, Paul Verlaine a choisi de mélanger l'art poétique à l'art musical en donnant à son œuvre une musicalité particulière.

Tout d'abord, la structure de « Clair de Lune » est tout à fait classique : 3 quatrains formés de décasyllabes réguliers.

De plus, les rimes sont croisées.

Cependant, Verlaine s'est amusé à insérer des jeux de sonorités et de rythme suggérant l'atmosphère festive.

En outre, « masques » et « bergamasques » se répondent au vers 2 lorsque « vainqueur » au début du vers 6 répond à « mineur » à la fin du vers 5.

Les effets de la danse, outre l'utilisation des mots, sont transmis au lecteur par divers procédés tels que l'assonance en [-an] entre les vers 2 et 5 avec, par exemple, les termes « déguisements » ; « dansant » ; « Jouant » qui donnent un rythme dansant au poème.

De plus, le vers 3 est découpé en une certaine cadence (4/3/3) comme pour accompagner la danse des personnages.

Enfin, divers termes font référence à la musique comme « luth » (v.3), « mode mineur » (v.5), « chanson » (v.8).

La présence de la musique fait peut-être référence à la Sonate au Clair de lune , de Beethoven.

Cette sonate jouée au piano est divisée en 3 mouvements.

Le second mouvement, interprété en ré bémol majeur, marque un tournant dans l’œuvre musicale en ce sens qu'il apparaît comme une bouffée d'air frai après la douleur sourde du premier mouvement.

Le rythme est plus accéléré, les notes différentes sont plus nombreuses aussi peut-il évoquer une tonalité joyeuse, festive au même titre que les peintures de Watteau ou le poème de Verlaine. La présence de la musicalité dans le poème fait écho à la gaieté.

Il y a un jeu entre ces deux notions puisque l'une évoque l'autre et réciproquement.

En d'autres termes, au vers 6 : « l'amour vainqueur et la vie opportune » fait écho à une vision épicurienne du bonheur consistant en la satisfaction des plaisirs.

De plus,. »

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