« Colonisation = chosification » - Césaire

  De plus, les prétendus progrès économiques célébrés par les colonialistes ne l’ont pas été dans le but de bénéficier aux colonisés. Au contraire, des « économies harmonieuses et viables « ont été supplantées par un système dont la logique est destructrice : « économies à la mesure de l’homme indigène désorganisées, cultures vivrières détruites « ; la seule chose qui ait été « installée «, c’est « la sous-alimentation « ! En effet, l’économie coloniale est entièrement tournée vers la satisfaction des intérêts de la métropole : le « tonnage de coton ou de cacao exporté « n’est pour Césaire que

« rafles de produits, rafles de matières premières «, la répétition de ce mot amplifiant le caractère prédateur et malhonnête de ce système. Enfin, Césaire lui aussi « parle d’abus «. Mais contrairement à la thèse colonialiste, il met l’accent sur les injustices crées par de nouvelles alliances : « Il s’est établi, au détriment des peuples, un circuit de bon services et de complicités «. Dès lors le pamphlétaire conclut par une phrase cinglante : « On me parle de civilisation, je parle de prolétarisation et de mystification «. Ces derniers termes relèvent et du domaine de la théorie économique marxiste (« prolétarisation «), et du domaine de la polémique (« mystification «, c’est-à-dire qui relève de la tromperie, de la malhonnêteté).