Devoir de Philosophie

Comment la versification contribue-t-elle au grandissement épique ?

Publié le 30/08/2014

Extrait du document

Analyse du corpus

Ce corpus n'est composé que de trois textes ; pourtant, ils sont assez longs et l'en­semble est imposant. Il n'en faut pas moins lire les trois scènes avec la plus grande attention. Elles présentent un point commun formel. La première scène est une tirade* ; dans la deuxième, la tirade de Don Ruy Gomez n'est interrompue que de brèves interventions de Don Carlos ; de même, on peut assimiler la troisième scène à une tirade de Cyrano, qui n'est interrompu qu'une seule fois (le texte est essen­tiellement découpé par l'abondance des didascalies). Ces trois tirades, en alexan­drins, présentent également un point commun thématique : Rodrigue dans Le Cid (texte 1), Dom Ruy Gomez dans Hernani (texte 2) et Cyrano dans Cyrano de Bergerac (texte 3) sont les défenseurs de l'honneur.

 

 

Les trois textes de ce corpus sont des textes théâtraux versifiés. L'alexandrin* est le mètre employé dans la tirade* de Rodrigue (texte 1), dans le dialogue entre Don Ruy Gomez et Don Carlos (texte 2), et dans le dialogue entre Cyrano, Roxane et Le Bret (texte 3). Ces trois extraits mettent en scène un héros épique : Rodrigue qui vient de remporter une victoire contre les Maures, Don Ruy Gomez qui s'op­pose au Roi pour perpétuer l'honneur de sa famille, Cyrano qui mène un combat désespéré contre ta mort. Nous allons montrer en quoi la versification contribue au grandissement épique.

« De plus, les dramaturges peuvent jouer sur le rythme d'un groupe d'alexan­ drins*.

Ainsi, les enjambements*, par lesquels la phrase déborde le rythme de vers, disent l'abondance des ennemis contre lesquels le héros doit se battre [texte 1, v.

33-36 : «Nous les pressons sur l'eau, nous les pressons sur terre/ Et nous faisons courir des ruisseaux de leur sang/Avant qu'aucun ne résiste ou reprenne son rang.»; texte 3, v.

13-14 : « les Compromis/Les Préjugés, les Lâchetés! ...

»l.

Les auteurs multiplient donc les effets rythmiques en se servant de l'enchaînement des vers, pour mettre en valeur la valeur du héros épique.

Enfin, l'agencement des vers permet de souligner certains mots, caractéris­ tiques de la dimension épique de ces trois scènes.

Ainsi, les mots placés à la rime résonnent plus fortement.

C'est le cas des termes« loyales» et« royales» puis «honneur» et «seigneur» [texte 2, v.

22-251.

Ces quatre termes, au lieu d'être associés, s'opposent dans la bouche de Don Ruy Gomez qui sait qu'il ne pourra pas être loyal à son roi parce que celui-ci lui demande de bafouer son honneur.

Il choisira donc l'honneur plutôt que la loyauté.

Inutile de souligner, dans le dénouement* de Cyrano de Bergerac, la force qu'acquiert le mot «panache», retardé par la dislocation de l'alexandrin* en plusieurs répliques*, et mis en valeur à la fin du vers et de la pièce.

Les mots situés à l'hémistiche, juste avant la courte pause qui scinde l'alexandrin* en deux mesures, sont tout aussi impor­ tants.

Dans le récit du Cid, les termes à l'hémistiche exposent le stratagème du héros : «cachée» [v.

14), «silence» [v.

23).

«douter» [v.

241.

Pour emporter ce combat épique, Don Rodrigue a en effet dû cacher la présence de ses hommes aux ennemis et miser sur l'effet de surprise.

La versification permet donc d'atti­ rer l'attention du spectateur sur les mots qui caractérisent le héros épique.

sa bravoure et son honneur.

Ainsi, Corneille, Hugo et Rostand exploitent toutes les ressources de la versification pour donner un souffle épique à ces trois scènes.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles