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Comprendre la versification

Publié le 07/01/2016

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VERSIFICATION Du latin « versus » (vers), la versification est souvent définie comme l'ensemble des règles et techniques qui régissent la composition des poèmes en vers réguliers. Mieux, elle est liée aux procédés utilisés par le poète pour s'exprimer. La versification correspond ainsi à la mesure, à la rime et au rythme. I. MESURE 1. Les types de vers Monosyllabe (vers d'une syllabe) Heptasyllabe (vers de sept syllabes) Dissyllabe (vers de deux syllabes) Octosyllabe (vers de huit syllabes) Trissyllabe (vers de trois syllabes) Ennéasyllabe (vers de neuf syllabes) Tétrasyllabe (vers de quatre syllabes) Décasyllabe (vers de dix syllabes) Pentasyllabe (vers de cinq syllabes) Hendécasyllabe (vers de onze syllabes) Hexasyllabe (vers de six syllabes) Dodécasyllabe ou Alexandrin (vers de douze syllabes) NB : La syllabe est une unité phonétique (son) qui se prononce d'une seule émission de voix ; on l'appelle aussi « pied ». En versification, on parle de vers pairs (dissyllabe, tétrasyllabe, hexasyllabe, octosyllabe, décasyllabe et dodécasyllabe) et de vers impairs (monosyllabe, trissyllabe, pentasyllabe, heptasyllabe, ennéasyllabe et hendécasyllabe). 2. Les types de strophes Monostique ou monistiche (strophe d'un vers) Septain (strophe de sept vers) Distique (strophe de deux vers) Huitain (strophe de huit vers) Tercet (strophe de trois vers) Neuvain (strophe de neuf vers) Quatrain (strophe de quatre vers) Dizain (strophe de dix vers) Quintil (strophe de cinq vers) Onzain (strophe de onze vers) Sizain (strophe de six vers) Douzain (strophe de douze vers) 3. Le décompte des syllabes En poésie, toutes les syllabes d'un mot comptent car elles se prononcent. Exemple : mer/ci ; mon/beau/jar/din. Mais, il faut faire attention au « e muet » qui détermine tout le décompte. -Cas où le « e muet » compte comme une syllabe *A la fin d'un mot quand le mot suivant commence par une consonne. Exemple : Il/par/le/bien. *A la fin d'un mot quand le mot suivant commence par un « h aspiré » ; on parle de hiatus. Exemple : Il/ le/ fait/ avec/ une/ gran/de/ hâte. -Cas où le « e muet » ne compte pas comme une syllabe *A la fin d'un mot si le mot suivant commence par une voyelle. Exemple : Eau/ tran/quil/le où/ coule/ mon/ âme.  *A la fin d'un mot si le mot suivant commence par un « h muet ». Exemple : Un/ sin/cère hom/me. *A la fin d'un vers. Exemple : Je/ ne/ re/gar/de/rai/ ni/ l'or/ du/ soir/ qui/ tombe. Remarque : Pour mesurer la longueur du vers, on compte le nombre de syllabes prononcées-le mètre-en tenant compte du « e » muet mais aussi de la diérèse et de la synérèse. -La diérèse : c'est la séparation (dissociation) de deux voyelles habituellement en contact pour former deux syllabes. Le mot est prononcé en deux temps. Exemple : mi-el ; ci-el ; du-el ; li-eu ; vi-olon ; actu-el ; pi-ed ; ne-ige ; tu-er ; li-on ; hi-er, etc. -La synérèse : c'est la fusion (association) de deux voyelles habituellement en contact pour former une seule syllabe. Le mot est prononcé en un seul temps. Exemple : miel ; ciel ; duel ; lieu ; violon ; actuel ; pied ; neige ; tuer ; lion ; hier ; etc. 4. Les types de poèmes En poésie, il existe différents types de poèmes parmi lesquels on peut retenir : les poèmes à forme fixe et les poèmes à forme libre (ou moderne). -Les poèmes à forme fixe : le poète est soumis à des règles d'écriture poétique. *Le sonnet : c'est la forme poétique la plus connue. Il s'agit d'un poème de 14 vers répartis en deux quatrains (qui forment un huitain) et en deux tercets (qui forment un sizain). Le sonnet est souvent écrit en décasyllabes et en alexandrins. Le schéma habituel des rimes est le suivant : ABBA/ABBA/CCD/EED (forme italienne) ou ABAB/ABAB/CCD/EDE (forme française). Le dernier vers d'un sonnet s'appelle la chute. Pour rappel, le sonnet a été particulièrement illustré au XIVème siècle en Italie par Pétrarque et largement pratiqué au XVIème siècle en France par les poètes de la Pléiade. Après avoir connu une sorte de déclin aux XVII et XVIIIème siècle, il a été repris par certains poètes français du XIXème siècle, en particulier, par Baudelaire dans Les Fleurs du mal (1857). Le dernier vers constitue souvent une chute. *La ballade : c'est un poème composé de trois strophes identiques (même nombre de vers, mêmes rimes). Chaque strophe se termine par un refrain (c'est le vers final de la première strophe qui revient partout). Les trois strophes d'une ballade sont suivies d'un envoi (moitié d'une strophe). Il y a autant de syllabes dans le vers que de vers dans la strophe (exemple : un huitain d'octosyllabes ; un dizain de décasyllabes?) ; on appelle cela des strophes carrées. *Le rondeau : c'est un poème qui se caractérise par la reprise d'un élément (mot ou expression ou hémistiche) du début du poème (vers 1) à la fin de chaque strophe : on parle de rentrement. Le nombre de vers et la nature des rimes peuvent varier. D'habitude, on a treize (13) vers répartis en trois (03) strophes de 5-3-5 ou 4-4-5. *Le pantoum : c'est un poème de 16 vers répartis en quatre strophes avec des rimes croisées. Le principe est le suivant : le 2e et le 4e vers de chaque strophe sont répétés (en refrain) et se placent au 1er et au 3e vers de la strophe suivante. *L'ode : c'est un poème lyrique composé de trois strophes : la strophe, l'antistrophe, l'épode. Les trois strophes sont, en général, formées sur le même nombre de vers. Une ode est souvent en octosyllabes. Sa pratique en langue française date du XVIème siècle. Le ton d'une ode doit être enthousiaste, saisissante, rythmée. Exemple : « Mignonne, allons voir si la rose » (Ronsard). *Le triolet : c'est un poème de 16 vers répartis en deux huitains. *Le rondelet : c'est un poème de 13 vers répartis en trois strophes (quintil, quintil et tercet). *L'acrostiche : c'est un poème dans lequel chaque vers commence par les lettres du mot choisi comme titre. -Les poèmes à forme libre (ou moderne) : le poète n'est pas soumis à des règles d'écriture poétique ; il écrit selon sa volonté. *Le poème en prose ou le vers libre : il est né au XIXème siècle avec les poètes romantiques qui ont démontré que la poésie n'est pas seulement le vers : il y a, à côté, la prose et le verset. En réalité, c'est une forme qui respecte les règles du rythme et de musicalité de la poésie mais s'écarte de celles de la métrique du vers. Mieux, depuis le XIXème siècle, le vers libre renvoie à des vers irréguliers n'obéissant à aucune règle d'écriture : ni accent fixe, ni rimes obligatoires, ni retour systématique à la ligne nombre de syllabes dans les vers variable et irrégulier. Le vers libre, en poésie classique (XVIIème siècle), correspond à une suite de vers réguliers disposés librement (par exemple, dans Les Fables Jean de La Fontaine). Au XXème siècle, le poème en vers libres se caractérise par une disposition typographique particulière, des vers de longueur variable, une absence éventuelle de ponctuation, un jeu sur les sonorités et le rythme. Exemple : poèmes des romantiques, des surréalistes et des poètes de la Négritude. *Le calligramme : c'est un poème écrit sous la forme d'une figure ou d'un dessin en relation directe avec le contenu du poème ou le thème abordé par le poète. Exemple : poèmes de Guillaume Apollinaire (colombe poignardée, jet d'eau, ?il). *La chanson : c'est un poème écrit divisé en couplets et destiné à être chanté. Exemple : hymne national du Sénégal écrit par L.S.Senghor et chanté par Herbert Pepper. II. RIME La rime se définit comme la répétition d'un ou de plusieurs sons identiques à la fin de deux ou plusieurs vers. Elle se caractérise par le genre (ou la nature), la disposition et la qualité. 1. Le genre (ou la nature) La rime peut être féminine ou masculine : *Elle est féminine quand elle se termine par un « e muet ». Exemple : dance / lance ; campagne / montagne. *Elle est masculine quand elle ne se termine pas par un « e muet ». Exemple : rapidité / qualité ; oiseau / roseau. Remarque : Les rimes féminines suggèrent l'idée de douceur, de joie, de bonheur, d'émotion, de sensation car le « e muet » se fait entendre légèrement. Les rimes dites masculines, elles, renvoient généralement à la virulence, à la violence, à la révolte, à la rigueur parce qu'elles se font entendre lourdement. 2. La disposition Les rimes peuvent être disposées de différentes manières. Ainsi, on peut parler de : *Rimes plates ou suivies ou jumelles : AA BB (sève/rêve/lois/fois). *Rimes croisées ou alternées ou entrelacées : AB AB (s?ur/rose/c?ur/arrose). *Rimes embrassées : AB BA (livre/corne/orne/ivre). *Rimes redoublées ou regroupées : AA AB (port/fort/tort/car). Remarque : Les rimes croisées et embrasées suggèrent l'idée de perturbation morale, de confusion ou de tourbillonnement chez le poète. Les rimes plates ou suivies, elles, renvoient à la paix, au calme, à la douceur. 3. La qualité La qualité de la rime dépend du nombre de son(s) ou phonème(s) commun(s) qui la compose. Elle est dite : *Pauvre : quand elle se termine par un seul son ou phonème en commun. Exemple : chemin / matin ; lit / nid. *Suffisante : quand elle se termine par deux sons ou phonèmes en commun. Exemple : fermés / parfumés ; merci / souci. *Riche : quand elle se termine par trois sons ou phonèmes en commun. Exemple : rose / arrose ; pari / mari. NB : L'élève est tenu de faire la transcription phonétique pour trouver la qualité de la rime. Remarque : Quelques sonorités *L'allitération : c'est la répétition d'une même consonne à l'intérieur d'un vers. Exemple : Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes. (Racine) L'allitération en [s] qui reproduit le sifflement du serpent suggère l'idée de danger, de menace, de peur, d'inquiétude. *L'assonance : c'est la répétition d'une même voyelle à l'intérieur d'un vers. Exemple : Tout m'afflige et me nuit et conspire à me nuire. (Racine) L'assonance en [?] renvoie à la douleur, au malheur, à la souffrance, à l'indignation, au cri de colère. *L'onomatopée : c'est le caractère imitatif d'un son ou d'un bruit. Exemple : le tic-tac (montre) ; le poto-poto (boue) ; le boum-boum (arme, bombe) ; etc. *L'interjection : c'est un mot qui renseigne sur l'attitude de celui qui parle. Exemple : Ah ! Oh ! Hélas ! Han ! Eh ! Ouf ! ? ! *L'harmonie imitative : c'est la répétition d'un son (doublure de la consonne) pour imiter un bruit ou un cri. Exemple : Il pleut tout simplement sans un pli, sans une plaie Sans gifles aux palais plaquant sans plomb de grêle. (Aragon) III. RYTHME 1. Les accents En versification, l'accent est placé sur la dernière syllabe du mot ou du groupe de mots. Exemple : mer/ci ; mon/ beau/ jar/din NB : Si la dernière syllabe se termine par un « e muet », l'accent se déplace sur l'avant dernière syllabe. Exemple : c'est/ la/ souf/france. Remarque : Dans l'alexandrin, il y a deux accents fixes et deux accents mobiles. Les deux accents fixes sont toujours placés sur la 6e et la 12e syllabe. Le premier accent mobile se place sur le 1er groupe syllabique du premier hémistiche alors que le second accent mobile se place sur le 1er groupe syllabique du second hémistiche. Exemple : Il se fit dans Paris// un silence de neige. 2. Les coupes (ou pauses) Elles sont placées juste après les signes de ponctuation ( !?, ;:). On peut également placer les coupes juste après la syllabe accentuée ou juste après un groupe syllabique. Exemple 1 : Est-elle brune,/blonde ou russe ?/Je l'ignore. (Verlaine) Exemple 2 : Oh !/ Qui n'a pas tremblé/ quand l'heure la rapporte. Exemple 3 : J'irai par/ la forêt,//j'irai par/ la montagne. (Hugo) 3. Les types de rythme On identifie le type de rythme en comptant le nombre de syllabe(s) entre les coupes (ou pauses). On parle ainsi de : -Rythme binaire (régulier) : on a ce rythme quand le vers compte deux mesures sensiblement égales ; il est appelé tétramètre (4parties). Exemple : J'irai par/ la forêt,//j'irai par/ la montagne. (Hugo) Son regard/ est pareil // au regard / des statues. (Verlaine) -Rythme ternaire (régulier ou irrégulier) : on a ce rythme quand le vers est composé de trois mesures sensiblement égales ou inégales ; il est appelé trimètre (3parties). Exemple 1 : Je marcherai,/ les yeux fixés/sur mes pensées. (Hugo) 4/4/4 : rythme ternaire régulier Exemple 2 : Nature,/rien de toi ne m'émeut,/ni les champs. (Verlaine) 2/6/3 : rythme ternaire irrégulier NB : Le rythme régulier suggère le calme, la monotonie, l'indifférence alors que le vers irrégulier renvoie à l'émoi, à l'inquiétude, au trouble. 4. Le rejet, le contre rejet et l'enjambement -Le rejet : on parle de rejet, quand un mot ou un groupe de mots au début du vers complète le sens du vers précédent. Il y a un effet de continuité. Exemple : Demain dès l'aube à l'heure où blanchit la campagne Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends (Hugo). -Le contre rejet : on parle de contre rejet, quand un mot ou un groupe de mots à la fin du vers complète le sens du vers suivant. Il y a un effet de rupture. Exemple : Souvenir, souvenir que me veux-tu ? L'automne Faisait voler la grive à travers l'air atone. (Verlaine) L'enjambement : on parle d'enjambement, quand un vers entier ou un hémistiche complète le sens du vers précédent. En réalité, l'enjambement est un long rejet. Il y a un effet de continuité. Exemple : Et, pour sa voix lointaine, et calme, et grave, elle a L'inflexion des voix chères qui se sont tues. (Verlaine)

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