Comment se présente la morale des Fa bles ?
Publié le 12/09/2019
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L’Horoscope (VIII, 16) procède d'un schéma identique. La condamnation de l'astrologie intervient entre le récit de la mort du poète Eschyle et l'histoire d'un Berger.
L'ARTICULATION DE LA MORALE
ET DU RÉCIT
Quelles que soient la forme et la place de la morale, il convient enfin de déterminer comment la leçon s'articule avec le récit. Les liens sont, tour à tour, déductifs, analogiques ou contradictoires.
Un rapport déductif
C'est le lien le plus logique et le plus courant. La morale découle en droite ligne du récit. Deux cas toutefois se présentent.
-Tantôt le lien est expressément souligné. Après avoir raconté, dans Le Lion et le Moucheron (Il, 9), comment une Mouche, malgré sa petite taille, peut violemment importuner un Lion, le fabuliste s'interroge :
^ÿelle chose par là nous peut être enseignée ?
■ J'en vois deux, dont l'une est qu'entre nos ennemis Les plus à craindre sont souvent les plus petits ...
Le rapport de cause à effet est fortement marqué. De même, après avoir évoqué le conflit de territoire qui oppose la belette et le petit lapin (VIl, 15), le fabuliste commente :
Ceci ressemble fort aux débats qu'ont parfois
Les petits souverains se rapportant aux Rois.
La morale débute de la même façon dans Le Bassa etle Marchand (VIII, 18) : << Ceci montre ... »•
- Tantôt, le rapport déductif n'est pas formulé, parce qu'il s'impose de lui-même. Prenons par exemple Le Savetier et le Financier (VIII, 2). Ne se souciant guère du lendemain, le Savetier chante du matin au soir. Le Financier, son voisin, se ronge au contraire de soucis pour bien gérer sa fortune. Il donne de l'argent au Savetier pour qu'il se taise. Le malheureux accepte. Le voilà plongé dans l'inquiétude

«
Le
Chat et un vieux Rat (Ill, 18) s'achève par exemple sur ce
constat qui a valeur de conseil :
[ ...
]L a méf ance
Est mère de la sûreté.
De même, L'Ours et l'Amateur des jardins (VIII, 1 0) débouche sur
une utile mise en garde :
Rien n'est si dangereux qu'un ignorant ami;
Mieux vaudrait un sage ennemi.
Quant à L'Â ne et Je Chien (VIII, 17), la fable se clôt par cette géné
reuse remarque : " Il faut qu'on s'entraide.
,
Des co nstatations d'expérience
Il arrive aussi que la morale se borne à constater un fait, une atti
tude ou un comportement sans formuler à leur propos le moindr e
jugement de valeur.
Le fabuliste observe ainsi dans La Lice et sa Compagne (Il, 7) :
Ce qu'on donne aux méchants , tou jours on le regrette.
Le Rat et l'HuÎ tre (VIII, 9) se termine sur une formule passée depuis
en proverbe :
[ ...
] tel est pris qui croyait prendre.
Ainsi que Le Mila n et le Rossign ol (IX, 18) :
Ve ntre affa mé n'a point d'oreilles.
Ou L'En fouisseur et son Compère (X, 4) :
Il n'est pas malaisé de tromper un trompeur.
Des leçons en appar ence immor ales1
La morale d'une fable peut enfin résider dans une leçon qui n'a
rien de moral.
Le paradoxe n'est qu'app arent.
Constater un défaut
ou un vice n'implique pas en effet qu'on l'approuve.
La fin des
1.
Sur la question de la moralité ou de l'immoralité des fables, voir p.
124..
»
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