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« Comment vous paraît-il qu'il faille interpréter le rôle d'Alceste dans le Misanthrope ? Est-ce un rôle comique ou un rôle dramatique ?»

Publié le 27/02/2011

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alceste

   Introduction : — Coquelin aîné fit paraître en 1881 une brochure sur le Misanthrope où il se demandait : « Le rôle d'Alceste est-il un rôle comique ou un rôle dramatique ? « Acteur comique, il répondait qu'Alceste était un rôle comique. Tel n'avait pas été l'avis des Romantiques, qui, de l'homme aux rubans verts, avaient fait l'homme aux rubans noirs. C'est cette interprétation que Musset traduisait dans les vers célèbres :    « Quelle mâle gaîté si triste et si profonde, Que lorsqu'on vient d'en rire il faudrait en pleurer. «

alceste

« porté sur la scène ses affaires de famille. B.

On tirera enfin argument de l'étude de la pièce elle-même : a) Alceste est moins un champion de la vertu, qu'un atrabilaire et son humeur chagrine est avant tout affaire detempérament.

Il a l'esprit morose naturellement, rien n'est à son gré.

Sans doute est-ce parce qu'il a l'âme haute,mais il n'est pas sans passion et sa vertu se traduit en irritation.

Il déborde d'orgueil, voire de vanité.

Ce n'estd'ailleurs pas l'homme de cinquante ans qu'a campé Lucien Guitry : il a tout au plus la trentaine et conserve lesillusions de la jeunesse. b) Malignement, Molière a placé notre champion dans les situations les plus difficiles : il a choisi Philinte pour ami ;c'est Célimène qu'il aime et non Eliante ; il a un procès.

Il vit dans le monde, y rencontre un Oronte et hante lesalon de Célimène.

Son ridicule est fait d'un désaccord avec l'usage communément admis.

Philinte lui dit : « Je risdes noirs accès...

» — « Un si grand courroux vous tourne en ridicule.

» c) Les scènes comiques ou plaisantes se succèdent sans interruption ; querelle initiale entre Alceste et Philinte,scène divertissante où le fâcheux Oronte vient demander à Alceste, mis à la gêne, son avis sur un sonnet destinéà...

Célimène.

Scène des portraits.

Portraits des marquis peints par eux-mêmes.

Passe d'armes entre Célimène etArsinoé.

Scène plus émouvante entre Alceste et Célimène (Acte IV), mais que Molière fait habilement suivre del'entrée bouffonne de Du Bois.

Peut-on s'affliger de la confusion de Célimène dans la scène des lettres où triomphentles petits marquis ? Un peu d'émotion, certes, quand Alceste, après avoir offert une dernière fois son pardon àCélimène, qui refuse, fuit dans son désert.

Mais nous savons bien qu'il reviendra et que Philinte le ramènera calmé,mais non corrigé.

D'ailleurs le plaignons-nous de ne pas épouser une femme si peu faite pour lui ? Pas un instant,Molière n'a vraiment mis l'accent sur la note triste : la Comédie est vive, alerte, amusante. III.

Conclusion : On ne saurait méconnaître la force de certains arguments en faveur de chacune des deux thèses.

Ilne nous étonne pas d'ailleurs que l'on puisse comprendre si différemment un rôle si riche et si complexe.

Mais seconformer à la tradition et au génie de Molière consiste à reconnaître : que l'auteur a sans doute laissé passer unpeu de lui-même dans son personnage ; mais que c'est aller contre son évidente intention que de faire d'Alceste unhéros romantique de vertu et, de la pièce, une sorte de tragédie manquée.

L'expérience prouve que, sil'interprétation est orthodoxe, on rit à la représentation et d'un rire franc, sans arrière-pensée. A la réflexion, il se peut que notre conscience se réveille et trouve la matière d'une triste méditation en une comédieprofonde et riche d'humanité.. »

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