Commentaire : Albert Cohen
Publié le 30/03/2014
Extrait du document
Albert Cohen , romancier mais aussi un poète, dramaturge et autobiographe suisse du Xxème siècle est considéré comme la voix du peuple juif dans la littérature française. En effet, son oeuvre a été profondément marquée par les traitements injustes et monstrueux qui ont été infligés aux juifs. Il publie, par exemple en 1921 Paroles juives, un recueil de poèmes dans lequel il fait part de sa colère face à l'antisémitisme rampant en ce début du XXe siècle ou encore « O vous frères humains » où Albert Cohen, soixante-cinq ans plus tard, alors qu'il était devenu un romancier reconnu, pour tenir sa promesse à l'enfant de dix ans qu'il fut, errant seul et perdu dans les rues de Marseille, revient sur un épisode de son enfance où il fit face, pour la première fois, à l'antisémitisme : il fut traité de "youpin" par un camelot. Il s'efforcera dans ce récit introspectif de dénoncer la cruauté et la bêtise humaine ainsi que les rapports d'agressivité qui caractérisent les hommes entre eux. Il s'agira d'analyser en quoi cette argumentation est efficace, pour cela, nous etudierons d'abord l'aspect polémique, épidictique de cet extrait, puis, son aspect solennel et peu maîtrisé et enfin, comment la mobilisation du lecteur apparaît être nécessaire à cette argumentation. Albert Cohen vise à inspirer au lecteur une adhésion intellectuelle à une valeur morale qu'il considère menacée : les rapports de fraternité, de respect, et loyauté entre les hommes, valeur sur laquelle il insiste avec la répétition de « les uns les autres » à trois reprises. Pour ce faire, il mêle registre polémique et registre épique. Le locuteur prend parti, il est investi dans ce qu'il défend, malgré l'absence de la première personne du singulier on ressent son implication à travers de nombreux modalisateurs « épouvantable » « abondamment » et d'adjectifs ironiques « leurs chères bombes thermonucléaires » . Sa prise de position est un élément essentiel, elle renforce l'argumentation dans la mesure où il prend le risque de blâmer sa propre société. L'argumentation n'en a que plus d'impact. La critique des hommes se mue en véritable réquisitoire puisque l'auteur ne laissera jamais sa cible tranquille du début à la fin, ils les rabaisse, les décrédibilise en les désignant avec des termes de plus en plus humiliants, percutants et péjoratif et leur identité dépend Au début du texte, on retrouve le pluriel « humains » qui crée un sentiment de masse de groupe puis « chaque homme » généralité en mode distributif afin que tout lecteur se sente concerné et soit rassuré...
«
Ce ton polémique est renforcé par le registre épique notable à travers l'effet
d'emphase qui correspond à la solennité des chants épique, le rendant ainsi incontestable
et d'autant plus percutant.
Il donne au récit une force et une grandeur inhabituelles ainsi qu'un
ton solennel, qui confrère au locuteur u ne dimension surhumaine.
Il est celui qui juge sans
pre ndre part.
La récurrence du pronom personnel « les » ou du pronom possessif « leurs »
présents quarante fois dans le passage, écarte bien le locuteur du texte et de la critique.
L'auteur apparaît instruit et renseigné, on à affaire ici à une énumération de termes
techniques de plus en plus complexes rendant le texte plus authentique, réel, « leurs
fusées intercontinentales à charges mégatonniques » et poussant le lecteur à le croire.
Le ton solennel et emphatique que Cohen adopte au cours de cet extrait, est a son
apogée dans la dernière phrase, qui, contrairement au reste du texte, a une construction
peu complexe, et use de mot simple.
En effet, on retrouve un parallélisme de construction
telle est leur voie/telle est leur folie » qui appuyé par le présent de vérité général « est »
conduit le lecteur à considérer cette conclusion comme indéniable, valable en tout temps.
Cet aspect est renforcé par la référence à Caïn premier meurtrier de l'humanité et Abel fils
du premier couple Adam et Eve et à la descendance « progéniture ».Cette cruauté existe
depuis les premiers hommes et perdure.
La rupture dans le rythme qui s’entait instauré avec la complexité des phrases, les
énumérations interminables permet de surligner, mettre en avant cette dernière phrase.
Elle ressort de tout le texte, comme la seule chose à retenir.
La phrase finale trad uit également son soucis d'être compris, après avoir martelé le lecteur,
lui avoir fait subir le même traitement qu'à lui, Cohen prend soin d’établir sa conclusion avec
u ne construction simple, des mots simple,
L'aspect hyperbolique marqué par les énumérations, la complexité des phrases témoigne de
l'implication de Cohen, les valeurs qu'il défend lui tiennent tellement à cœur qu'il se laisse
emporté.
Il ne cherche pas à être mesuré da ns ses propos, il veut exposé ce qu'il considère
vrai, sans embellir ses propos, il souhaite frapper ses lecteurs
La mobilisation du lecteur apparaît vitale pour Cohen, il ressent le besoin d'être
compris pour que sa crique ai un impact réel.
Cohen malmène, persécute ses lecteurs, il souhaite leur démontrer par l'exemple la
persécution qu'il a enduré du fait de ses origines juives, et partager sa souffrance.
Pour
cela Cohen martèle et mobilise le lecteur avec les anaphores injonctives qui usent du
champ lexical de la vue « voyez-les » présentes à quatre reprises qui sont accentuées par
les nombreux déictiques : démonstratifs « cette » ; « cette » ;« ces » « cela » dont trois
dès la première phrase, il veut les prendre à témoin, presque les contraindre à regarder,
constater les horreurs de l'humanité.
De plus, son texte se fait de plus en plus lourd.
Il débute la phrase liminaire par le pronom
relatif « que » introduisant une proposition subordonnée relative qui alourdit déjà le
passage mais afin d'accabler encore plus le lecteur, il emploie une énumération
interminable de huit lignes, qui mêle accumulation de termes techniques et récurrence du
mot« leurs » soulignant leur responsabilité.
Le lecteur endure cette phrase interminable, il
est a bout de souffle, abattu, dévasté, il ne sort pas indemne de cette lecture.
Après avoir mis en avant la persécution dont il a été victime, Cohen souhaite également
souligner l'exclusion de la société qu'il a subie.
En effet, il se définit uniquement à travers
sa religion, comme les autres hommes l'ont fait auparavant.
La seule apparition assumée
et évidente de l'auteur se situe en milieu de texte, elle est traduite par le pronom possessif
« ma » accolé à « race » présent dans la proposition subordonnée accolée à la phrase «
inscrite en premier dans le Lévitique » qui fait référence à la religion juive.
Ainsi, son
identité semble être dépendante de cette religion, on ne peut pas le détacher de cela.
Le.
»
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