Commentaire comparé d'extraits de Marivaux, Shakespeare, Goldoni
Publié le 27/05/2023
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«
Commentaire comparé : devoir pour le
04/04/2023
Le masque, à la manière des braqueurs qui le portent, permet, dans les
trois extraits que nous allons étudier ici, un véritable « hold-up ».
Celui-là
dissimule le personnage, et autorise ainsi ce dernier, soit d’y voir clair
dans le jeu de l’autre – nous pensons ici aux scènes de Shakespeare et de
Marivaux essentiellement –, soit de pénétrer en quelque sorte dans
l’enceinte du coffre-fort protégé – Goldoni et sa futée servante aimante.
Résumons la situation dans laquelle se retrouvent nos personnages
dans chaque pièce, lors de ces extraits.
Chez Shakespeare, plus tôt dans
la deuxième scène, Orlando a gravé des vers sur des écorches d’arbres.
Rosalinde et Célia vont retrouver ses écrits, et cette dernière va faire
comprendre à Rosalinde qu’ils proviennent d’Orlando, qu’elle aime déjà
depuis la fin de l’acte I.
Ainsi, l’extrait nous fait entrer dans le dialogue
entre Rosalinde-Ganymède et Orlando.
Chez Marivaux, Mario et M.
Orgon
ont accusé Silvia de détester Dorante (qui est en réalité Arlequin) à cause
de « Bourguignon » (qui est Dorante déguisé), ce dans la scène
précédente.
Nous assistons donc, à présent, à un dialogue entre Silvia et
Dorante.
Chez Goldoni, Béatrice a appelé le notaire, plus tôt dans le début
de l’acte III, et ne veut pas rater l’occasion de lui faire proclamer son
testament en prétextant que leur dîner n’est pas encore prêt.
Ainsi, nous
les retrouvons à jouer aux cartes pour attendre en réalité le notaire qui
arrive dans l’extrait, accompagné de son soi-disant apprenti : c’est
Coraline déguisée, prête à mener un véritable casse des sentiments
d’Ottavio…
Penchons-nous sur un lieu commun entre ces trois extraits.
Le pouvoir
qu’exerce la femme sur l’intrigue, l’omniscience dont elle dispose
davantage que l’homme, paraît être une unité.
En effet, Rosalinde est
persuadée, du moins pourrait porter à croire, qu’Orlando l’aime – à
l’inverse de celui-ci dans le brouillard – : elle en fait ainsi ce qu’elle veut et
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peut s’en amuser, elle a tout le contrôle.
Silvia, elle, est dans un cas
similaire, puisqu’elle ne retire pas son masque non plus ce qui lui permet
de manœuvrer.
Coraline, enfin, est la plus proche du savoir qu’a le
spectateur de l’ensemble de la pièce et parvient à être seule avec Ottavio
pour convaincre, à l’abri des autres influences – nous détaillerons ces
aspects.
Premièrement, nous nous pencherons sur l’intérêt dramatique que
portent les passages de Shakespeare, Marivaux et Goldoni, puis, sur leur
intérêt esthétique ; nous finirons sur l’intérêt idéologique que comportent
les textes.
Commençons donc ce commentaire comparé par l’intérêt dramatique
que portent les trois passages.
Tout au long de l’extrait de Comme il vous plaira, Rosalinde remarque
l’absence d’amour dans les lieux où elle se trouve, cela afin de titiller,
d’amadouer Orlando à dire tout ce qu’il ressent : « Alors il n’y a pas
d’amoureux véritable dans la forêt ».
Cela fonctionne car Orlando annonce
et répète maintes fois que c’est lui qui « semble avoir […] une tenace
fièvre d’amour ».
Elle, en revanche, joue avec ses affirmations, grâce à
son masque, et prétend qu’il n’est pas crédible car il n’a pas les
« symptômes » de l’amour : « Je suis sûr que vous n’êtes pas prisonnier
[…] vous n’êtes pas cet homme-là […] comme si vous étiez plus amoureux
de vous-même qu’amoureux d’une autre personne.
».
Elle insiste
lorsqu’elle lui demande à deux reprises s’il est vraiment l’auteur des
gravures, afin de lui faire répéter encore et encore son amour pour elle :
« Êtes-vous celui qui accroche aux arbres ces vers […] êtes-vous aussi
amoureux que le disent vos rimes ? ».
Et lui de n’y voir que du feu, jurant
qu’il aime celle qui est précisément devant lui, cachée sous l’apparence
d’un homme : « C’est moi que l’amour agite si fort […] je voudrais te
convaincre que j’aime […] Je te le jure […] je suis celui-là, ce malheureuxlà […] Ni rime ni raison ne sauraient exprimer à quel point je le suis.
».
Chez Marivaux, plusieurs points sont à mettre en lumière également.
Dorante, premièrement, provoque une rupture claire et nette dans
l’intrigue, lorsqu’il annonce être lui-même dans un costume de valet :
« C’est moi qui suis Dorante.
».
En ce sens, il prépare le dénouement.
Silvia est satisfaite car son plan initial s’est bien déroulé : « Ah ! Je vois
clair dans mon cœur.
[…] Allons j’avais grand besoin que ce fût là
Dorante.
».
Elle ne va pas dénouer directement la pièce, car elle va vouloir
jouer de cette singulière situation, comme elle le déclare en aparté :
« Cachons-lui qui je suis… » ; et s’assure encore de son amour : « Votre
penchant pour moi est-il sérieux ? M’aimez-vous jusque-là ? ».
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Enfin, chez Goldoni, deux scènes sont à étudier dans notre extrait.
Dans
la scène trois, nous pouvons observer comment Béatrice tombe
pleinement dans un piège alors qu’elle veut précisément tendre le sien.
En
effet, elle propose de rédiger un écrit pour le testament d’Ottavio, avec
Maître Agapito, en s’isolant : « Maître Agapito et moi, nous allons passer
dans mon appartement, nous ferons ensemble une petite note qui
récapitulera le tout […] », ce qui va permettre à Coraline d’être seule avec
Ottavio.
Justement, dans la scène quatre, Coraline retire son masque et
profite de cette occasion pour convaincre Ottavio de mal agir avec son fils.
Comme d’habitude, il est têtu et ne veut rien entendre : « tu
recommences avec tes rengaines ! Vous en voulez toujours à cette pauvre
femme.
» Or, la servante aimante va être astucieuse : elle ne va pas être
directe, et va décrire les misérables réalités que souffre Florindo : « La
faim parfois, le manque de tout, la honte d’avoir été chassé de lui […]
l’amertume de se trouver séparé de son propre père ! […] qu’il traîne en
guenilles […] S’il lui faut acheter des habits neufs, il n’a qu’à
s’arranger… ».
Nous avons donc traité les intérêts dramatiques que portaient ces
extraits, dans lesquels nous pouvons voir que les femmes jouent un rôle
capital.
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Intéressons-nous désormais à l’intérêt esthétique.
Chez Shakespeare, l’intérêt esthétique est essentiellement dans son
imagerie.
En effet, il emploie dans cet extrait un nombre conséquent de
métaphores et de comparaisons.
Les soupirs, les gémissements d’un
amoureux sont comparés à une horloge, « qui marqueraient la marche
paresseuse du Temps ».
La métaphore du Temps à l’image d’un cheval qui
a des allures différentes selon les différentes perceptions possibles de
celui-là : « Je vais vous dire pour qui le Temps va l’amble, pour qui le
Temps va au trot, pour qui le Temps galope, pour qui il reste immobile ».
Shakespeare se fait philosophe.
Les comparaisons, d’une part entre
Rosalinde et sa sœur qui vivent « à la lisière de la forêt, comme la frange
au bord d’un jupon », et d’autre part, elle, née en ces lieux « comme le
lapin que l’on voit habiter à l’endroit où sa mère l’a mis bas ».
Enfin, les
principaux travers qu’imputait le soi-disant oncle de Rosalinde aux
femmes, qui « se ressemblaient tous comme des pièces d’un demi-sou ».
Nous retrouvons chez le dramaturge du Jeu de l’amour et du hasard, un
certain marivaudage, lorsque Dorante s’apprête à ôter son masque de
Bourguignon.
Il lui faut effectivement six répliques, de dire sans dire, pour
enfin être explicite : « ce n’est plus Bourguignon qui te....
»
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