Devoir de Philosophie

COMMENTAIRE COMPOSE Chap. 40 de Gargantua : Pourquoy les Moynes sont refuyz du monde et pourquoy les ungs ont le nez plus grand que les aultres.

Publié le 04/02/2012

Extrait du document

gargantua

Rabelais (1483-1553) est à la fois un moine, un médecin et un auteur de la Renaissance. Humaniste attaché à l’évangélisme, il se plaît à critiquer la société de son temps dont il aimerait bouleverser l’ordre. Dans son roman Gargantua (1534), inspiré de chroniques médiévales, il met en scène un géant du même nom dont les aventures comiques et burlesques ne sont qu’un prétexte pour dissimuler une critique virulente du clergé et de l’éducation scolastique notamment.

Dans l’extrait commenté, un débat concernant la place et l’utilité des moines dans la société est lancé au cours d’un festin entre Gargantua, son père Grandgousier, Eudémon, un jeune page et Frère Jean des Entommeures, un moine au caractère joyeux.

Quelle vision des moines Rabelais donne-t-il à travers cet extrait ?

Nous verrons dans un premier temps que Rabelais, par le biais du personnage de Gargantua, tient un discours satirique contre les moines tout en tentant d’expliquer la raison de leur exclusion de la société, puis qu’il distingue cependant le cas de Frère Jean des Entommeures, perçu comme un moine exemplaire.

gargantua

« lorsque le géant énumère les reproches adressés aux moines, a insi qu’une comparaison des moines avec un certain vent « Cecias » qui attirerait sur lui tous les maux.

Ceci est plutôt paradoxal d’entendre qu’un serviteur de Dieu attirerait sur lui autant de malédictions que s’il était Satan .

Cela donne une image plutô t péjorative du moine, rejeté de tous.

Plus tard, une nouvelle métaphore zoologique compare les moines à des singes et la communauté de laquelle il est repoussé à une famille : « Mais si entendez pourquoy un cinge en une famille est tousjours mocqué et her selé, vous entendrez pourquoy les moynes de tous refuys, et des vieux et des jeunes » (l.15 -18).

Par singe, on peut comprendre le mammifère, souvent considéré comme stupide, et qui, comme animal de compagnie, serait maltraité.

M ais, compte -tenu de l’époque et de l’improbabilité qu’une famille possède un singe en France au XVIème siècle , on pourrait l’assimiler à un enfant agité , peu sérieux et peu studieux qui, par conséquent, exciterait l’animosité de sa famille , elle -même s’entêtant à lui répéter de trava iller et de mieux se comporter (« herselé »).

Par ailleurs, les activités des moines sont décrites de manière burlesque et la question de leur utilité concrète est posée assez explicitement par l’auteur.

Dans la métaphore filée des lignes 11 à 15, la fonction des moines est réduite très dérisoirement au rôle de « mache -merde s » par un Gargantua qui semble très confiant dans ses propos, comme le prouve les expressions « Il n’y a rien si vray que (…) », « La raison peremptoire est (…) », qui précèdent se s paroles.

Ainsi, dans la phrase « La raison peremptoire est par ce qu’ilz mangent la merde du monde, c'est -à -dire les pechez et, comme mache- merdes, l’on les rejecte en leurs retraictz : ce sont leurs conventz et abbayes, separez de conversation politicqu e comme sont les retraictz d’une maison.

» , il compare les péchés à de la « merde », et, dans cette mesure, les moines sont qualifiés de « mache -merdes » tandis que les couvents sont eux associés à des latrines.

Quant à ce passage qui explique que les moin es se nourrissent des péchés, il s’explique de la manière suivante : plus il y a de péchés commis, plus les moines devront se hâter de les expier auprès de Dieu.

Ainsi, leur rôle n’est justifié que si les croyants continuent de pécher.

Dans cette métaphore filée scatologique, Gargantua essaie de trouver une explication logique au phénomène de rejet vécu par les moines mais exprime au passage que leurs passe -temps sont dérisoires, tout comme leurs personnes .

De même, les activités des moines sont remises en cause dans la comparaison avec le singe.

L’ inutilité de ce dernier est opposée , dans l’accumulation suivante, aux tâches que chacun des autres animaux accomplit: « Le cinge ne guarde poinct la maison comme un chien, il ne tire pas l’aroy comme le beuf, il n e produict ny laict, ny layne comme la brebis, il ne porte pas le faiz comme le cheval.

» (l.18 -20) .

Parallèlement , alors que chaque paysan, chaque artisan a une tâche évidente dans la société, celle des moines e st contestée de manière symétrique : « Sembl ablement, un moyne (j’entends de ces ocieux moynes) ne laboure comme le paisant, ne garde le pays comme l’homme de guerre, ne guerist les malades comme le medicin, ne presche ny endoctrine le monde comme le bon docteur evangelicque et pedagoge, ne porte le s commoditez et choses necessaires à la republicque comme le marchant .

» (l.22 -28).

Dans c es accumulations règne une antithèse entre l’utile et l’inutile, entre le labeur et la paresse.

Rabelais exprime donc que, à l’instar des singe s, les moines sont inut iles à la société et ne lui apportent rien.

Par ailleurs, les seuls passe -temps que le singe semble avoir sont d’ordre scatologique, sans intérêt et totalement dérisoire: « Ce qu’il faict est tout conchier et degaster, qui est la cause pourquoy de tous rep ceoyt mocqueries et bastonnades » (l.20 -22).

Le parallèle avec les moines dont, selon Rabelais, la tâche ne consiste qu’à « mange[r] la merde du monde » , ce pourquoi ils sont peu appréciés, est ici évident.

Enfin, les lignes 40 -42 affirment que l’obtention de la grâce de Dieu est assurée aux croyants du moment qu’ils croient vraiment en lui : « Tous vrays Christians, de tous estatz, en tous lieux, en. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles