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Commentaire composé du Decameron, 5, X

Publié le 26/07/2012

Extrait du document

De fait, le dénouement de la nouvelle est effectivement imprévisible, et vient défendre le renoncement au désir comme acte libéral, l’initiative personnelle de conversion d’Ansaldo venant établir plutôt que rétablir l’équilibre des relations. Cependant, ce retournement était finalement bien attendu par la dame, qui connaissait le caractère courtois du chevalier : (« connaissant votre manière d’être, rien ne put jamais me laisser croire que de ma venue chez vous pouvait s’ensuivre autre chose qu’un tel geste «) ; De plus, si le chevalier est récompensé pour sa générosité, le magicien renonçant à son salaire, il ne gagne, à proprement parler, rien (Chaucer a lui accentué se trait, le chevalier repartant seul). 

« générosité, si elle n'est pas négation de l'échange marchand, le transcende en économie du don. A la fin du récit, une sorte de contamination de la vertu a lieu, amenant Ansaldo et gilberto a se lier d'une profonde et loyale amitié, et poussant le magicien marchandà renoncer lui-même à ses gages.

Cependant, dans un système d'échange remis en cause, on peut se demander si le partage, la démocratisation de la vertu qui s'opèreà la fin du récit d'Emilia, et qui amène entre autres le magicien à renoncer à ses gages, ne serait pas elle-même pas équivoque, ou du moins artificielle.

Dans quellemesure, dès lors, ce texte a-t-il l'effet d'exemplum qu'il annonce ? III .

Un exemplum ?A la fin du récit, une sorte de contamination de la vertu a lieu, amenant Ansaldo et gilberto a se lier d'une « profonde et loyale amitié », et poussant le magicienmarchand à renoncer lui-même à ses gages.

Cependant, dans un système d'échange remis en cause, on peut se demander si le partage, la démocratisation de la vertuqui s'opère à la fin du récit d'Emilia, ne serait pas elle-même pas équivoque, ou du moins artificielle.

Dans quelle mesure, dès lors, ce texte a-t-il l'effet d'exemplumqu'il annonce ? A .

Le retournement d'un système de valeursC'est tout d'abord en retournant un système de valeurs que la nouvelle va s'écarter du genre figé de l'exemplum.Si dans les contes anglais, le défi de Doriguène est gratuit, « elle (l') ajoute pour plaisanter », et insiste ainsi sur le caractère factice de ce matériel littéraire, chezboccace, sans en être pour autant raisonnablement justifié (Dianora n'avait pas besoin de défier l'amant), il est expliqué comme une conséquence découlant ducaractère vertueux qui définit Dianora (« comme les assiduités du chevalier l'importunaient, elle résolut d'y mettre fin »), et reste le produit d'une imbécilité, d'uneimprudence présentée comme typiquement féminine.De plus, en respectant une promesse faite au chevalier, Dianora en invalide une autre, celle du mariage, sa loyauté devenant absurde, emprisonnant Dianora dans sonrôle.Parallèlement, lorsque Gilberto s'appuye, comme nous l'avons vu sur des préceptes pour tenir sa femme justement responsable, il donne un caractère sage et vertueuxà un ordre qui relève avant tout, pour finir, d'une crainte humaine du surnaturel.Enfin, la valeur courtoise des personnages est renversée à plusieurs reprises : par exemple, lorsque Dianora est face au jardin, c'est parce qu'elle est je cite « pousséepar la curiosité » qu'elle admire et fait je cite « grand éloge » de ce qu'on sait être symbole du désir, renversant ainsi la valeur courtoise du personnage.

De mêmelorsqu'Ansaldo demande à la dame de « rendre grace » à son mari pour sa « courtoisie », on peut se demander si le terme qu'il emploie est bien approprié pour l'actedont il parle. B .

Apologie de l'acte libéral ou de l'abandon au désirNéanmoins, cela reste un exemple singulier de libéralité que l'on trouve dans cette nouvelle, incarné par l'acte libre et non codé d'Ansaldo, qui sera glorifié par Emiliaaprès avoir terminé son récit.De fait, le dénouement de la nouvelle est effectivement imprévisible, et vient défendre le renoncement au désir comme acte libéral, l'initiative personnelle deconversion d'Ansaldo venant établir plutôt que rétablir l'équilibre des relations.Cependant, ce retournement était finalement bien attendu par la dame, qui connaissait le caractère courtois du chevalier : (« connaissant votre manière d'être, rien neput jamais me laisser croire que de ma venue chez vous pouvait s'ensuivre autre chose qu'un tel geste ») ;De plus, si le chevalier est récompensé pour sa générosité, le magicien renonçant à son salaire, il ne gagne, à proprement parler, rien (Chaucer a lui accentué se trait,le chevalier repartant seul).D'autre part, l'épidémie de libéralité et de courtoisie de la fin du récit laisse une note comique aux yeux du lecteur contemporain, quand le dernier personnage semblene résister à la séduction de la vertu (citer « Le magicien, voyant la libéralité……………… »)Enfin, l'issue généralement malheureuse des relations impaires dans le recueil de boccace favorise le scepticisme du spectateur confronté à cette situation finaleutopique.

et si dans la Xème journée, les exemples de libéralité se multiplient, ils restent des cas particuliers dont le texte est le seul lieu de réalisation possible. C'est donc un contenu explicite mené à son terme avec une morale, une issue qui constitue la nouvelle, mais composé d'éléments qui relativisent et fracturent, encreux, le récit.

A la recherche d'un équilibre nouveau, moderne, au plus proche des nuances et des paradoxes amusants de l'humain, en contestant un système,Boccace est par la même rebelle à tout système.. »

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