Commentaire composé Phèdre acte 5, scène 7
Publié le 07/11/2022
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Commentaire composé Phèdre acte 5, scène 7
Introduction :
Phèdre est une pièce de théâtre tragique écrite par Jean Racine.
Elle a été écrite en 1677, soit
au moment où la carrière de Racine était à son apogée.
Il faisait partie de la cour de Louis
XIV et cherchait à imiter les auteurs grecs antiques.
L’histoire mythologique de Phèdre a
d’ailleurs également inspiré Euripide et Sophocle durant l’Antiquité.
Cette pièce respecte les
règles du théâtre classique posées par Aristote dans La Poétique.
Phèdre est la dernière
tragédie de Jean Racine ; il se consacre à la religion et au service de Louis XIV.
Ce
commentaire est basé sur la scène 7 de l’acte V, soit sur le dénouement de la pièce.
Avant
cette scène, Phèdre, croyant son mari Thésée mort, dévoile ses sentiments à Hippolyte.
Cependant, nous apprenons que Thésée est toujours vivant et qu’il est de retour à Trézène.
Hélas, Phèdre a déjà avoué son amour à Hippolyte et ne peut plus revenir en arrière.
Oenone,
sa confidente ainsi que sa nourrice, afin de préserver l’honneur de Phèdre, la persuade
d’accuser Hippolyte d’un amour incestueux.
Phèdre s’en remet donc à Oenone.
Thésée
apprend alors le supposé crime de son fils et croit Oenone.
Thésée, sans écouter les
protestations d’innocence de son fils, le condamne à l'exil et invoque la malédiction de
Neptune sur lui.
Phèdre, se sentant coupable, prie son mari d’épargner son fils mais apprend
de Thésée l’amour qu’Hippolyte éprouve envers Aricie.
Devant Oenone, Phèdre fait exploser
sa rage.
Alors que sa confidente tente de la réconforter, elle la chasse et l’accuse d’être
responsable de tout.
D’un autre côté, Thésée commence à avoir des doutes sur la culpabilité
de son fils et cherche des réponses.
Cependant, il apprend le suicide d’Oenone et la mort de
son fils à cause de Neptune.
Lors de la scène 7 de l’acte V, le roi pleure la mort de son fils
dont il est en partie responsable.
Phèdre avale du poison afin d'échapper au déshonneur et à la
culpabilité qui la ronge.
Se sachant perdue, elle révèle dans un ultime aveu à Thésée, que
c’est elle et non Hippolyte qui est coupable d’un amour incestueux.
Thésée, endossant son
rôle de roi, entreprend de rendre à son fils les honneurs qu’il mérite et décide de faire de
Aricie sa fille.
Afin de mieux comprendre le passage, nous l’avons divisé en 4 parties : la tirade pathétique
de Thésée (vv.1594-1616), l’ultime aveux de Phèdre (vv.1617-1632), la mort de Phèdre
(vv.1633-1645) et Thésée; le roi tragique (vv.1646-1654).
Nous pouvons alors nous demander: “En quoi cette scène est-elle typique d’un dénouement
de tragédie classique ?”.
Pour répondre à cette interrogation, nous allons aborder 2 points; Thésée qui passe du père
malheureux à la figure de roi et l’ultime tirade de Phèdre.
Axe 1: Thésée: du père malheureux à la figure du roi
Argument 1: La tirade pathétique de Thésée
Dans sa première tirade, Thésée apparaît comme un père frappé par un malheur qu’il a
lui-même provoqué, soit la mort de son fils.
Au début de sa réplique, il a des doutes sur la
culpabilité d’Hippolyte et aimerait le pardonner mais ne souhaite pas particulièrement
découvrir la vérité car elle ne ferait qu’augmenter la douleur qu’il ressent à cause de la mort
d’Hippolyte.
Au vers 1599, il dit: “Je consens que mes yeux soient toujours abusés” et qu’il
ne veut pas avoir d’explications, qu’il définit comme des “odieuses lumières” (vv.1602).
Nous voyons donc que la mort de son fils lui cause une terrible souffrance.
Le registre
pathétique employé tout au long de sa tirade en témoigne également: “mes pleurs” (vv.1601),
“ma juste douleur” (vv.1603), “mon malheur” (vv.1604) etc.
Le désespoir de Thésée est
également souligné par des interjections et des phrases exclamatives: “Hé bien!” (vv.1594),
“Ah! que j’ai lieu de craindre” (vv.1595), “Ah! père infortuné!” (v.1619), “Cruelle!”
(vv.1621) etc.
Elles donnent à ses paroles l’apparence d’une profonde plainte.
Il insiste
également sur sa douleur en utilisant des hyperboles: “De l’univers entier je voudrais me
bannir” (vv.1608), “Tout semble s’élever contre mon injustice” (vv.1609).
Thésée cherche
également à fuir la réalité.
Il veut s’éloigner de la mort de son fils.
“Laissez-moi, loin de
vous, et loin de ce rivage/De mon fils déchiré fuir la sanglante image.” (v.1605-1606).
En somme, la souffrance de Thésée est tellement intense qu’il souhaite éviter d’être confronté
à la mort de son fils et renonce aussi à découvrir la vérité qui pourrait justement le blesser
terriblement.
Ici, la figure pathétique de Thésée inspire de la pitié, ce qui déclenche la
catharsis.
Nous rappelons que l’objectif de la tragédie est d’inspirer de la pitié et de la terreur
afin de purifier les mauvaises passions.
Argument 2: Un héros tragique
Thésée, d’un côté, est une victime de la fatalité qui s’abat sur Phèdre et des actions d’Oenone,
mais est de l’autre côté en partie responsable du meurtre de son fils.
En effet, c’est lui qui a
demandé à Neptune de se venger pour lui sur son fils.
Il éprouve des remords, cependant, il
ne semble pas être prêt à assumer la responsabilité de ses actes.
Il accuse tour à tour Phèdre et
les dieux.
Il s’adresse à Phèdre en lui disant “vous triomphez” (v.1594) ou “prenez votre
victime” (v.1597) et parle de dieux en disant: “Je hais jusques au soin dont m’honorent les
dieux” (v.1612), “Quoi qu’ils fissent pour moi, leur funeste bonté/Ne me saurait payer de ce
qu’ils m’ont ôté.” (v.1615-1616).
Ces paroles ainsi que l’oxymore “leur funeste bonté” au
vers 1615, qui a un sens plutôt ironique car cette “bonté” est la mort de son fils, montrent
que Thésée leur en veut et qu’il les considère comme responsables de son sort .
Hélas, il ne
peut que se résigner car il fait face à des dieux, des êtres supérieurs.
Cela montre également le
poids de la fatalité et comment il ne peut échapper à la volonté des dieux.
Il sait qu’il a
commis une terrible erreur en accusant son fils à tort et en provoquant la malédiction de
Neptune sous la colère.
Or, au lieu de se montrer exemplaire comme il devrait l’être en tant
que héros et roi, il se montre plutôt lâche et en est pleinement conscient comme nous pouvons
le voir au vers 1610 à 1611 “L’éclat de mon nom même augmente mon supplice / Moins
connu des mortels, je me cacherait mieux.”.
Pour conclure, Thésée apparaît donc bien comme
un héro faisant face à un sort tragique, ce qui déclenche, comme dans le premier argument, la
pitié et donc la catharsis.
Argument 3: L’évolution de Thésée
Au début de la scène, Thésée apparaît comme un héro faible, un roi désespéré et incapable
d’assumer ses actes, ce qui n’est pas du tout conforme à son image, sa réputation.
Néanmoins, sa dernière réplique lui rend sa dignité de roi et montre donc une évolution dans
son personnage.
Au début, il voulait fuir ses responsabilités et arrêter de penser à la mort de
son fils mais change ensuite d’avis après les révélations de Phèdre et sa mort.
Il se résout
ainsi à faire face à la mort d’Hippolyte.
Dans sa première tirade, Thésée ne s’exprimait qu’à
la première personne du singulier “Ah! que j’ai lieu de craindre” (v.1595), etc, mais cela
n'était que pour exprimer sa tristesse.
Cependant, lors de sa dernière réplique, il est passé de
la première personne du singulier à la première personne du pluriel ; “Allons(...)/Mêler nos
pleurs au sang de mon malheureux fils !” (v.1648).
(Il est donc redevenu raisonnable et digne
d’endosser son rôle de roi et de héros.) Il reprend donc son attitude de roi et veut rendre
hommage à son fils.
Pour finir, Thésée essaie de se racheter comme il peut et décide de faire
d’Aricie, l’amante d’Hippolyte, sa propre fille.
Il admet donc qu’il a une part de
responsabilité dans la mort de son fils.
De plus, à l’origine, Aricie est une ennemie de Thésée
car elle fait partie de la famille royale d’Athènes mais il est prêt à oublier ses rancœurs et à
adopter Aricie.
Donc en plus d’avoir fait un acte charitable, il fait également un acte
politique, ce qui insiste sur sa position de roi.
Finalement, nous pouvons dire que Thésée
passe, d’une certaine manière, par une catharsis car il est témoin d’une tragédie et se remet
ainsi en question.
En effet, il décide d’endosser ses responsabilités, ne rejette plus la faute sur
quelqu’un d’autre et reconnaît son erreur.
axe 2: L’ultime tirade de Phèdre
Arg 1: L’aveu de sa culpabilité
Afin d’attirer l’attention et d'apaiser Thésée, son destinataire, Phèdre....
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