Commentaire de la scène de dénouement de Ruy Blas

~ D’ailleurs cette mort prend une dimension christique soulignée par le lexique religieux : « Ayez pitié de moi, mon Dieu ! « ; « Que vous me pardonniez « ; « ô mon Dieu ! « ; « bénisse « ; « mon cœur crucifié «. Cette dimension est renforcée par l’attitude de la prière mentionnée dans les didascalies : Ruy Blas est « à genoux «, « joignant les mains «, « levant les yeux au ciel «. Quant à la position de la Reine « l’entourant de ses bras «, elle n’est pas sans rappeler l’image de la mater dolorosa (la Vierge Marie tenant le corps du christ descendu de la croix). La mort de Ruy Blas rappelle par ailleurs les notions chrétiennes de sacrifice, de pardon et de rédemption : c'est le sacrifice de Ruy Blas qui lui vaut le pardon et lui permet d'accéder à la rédemption. ~ Le lexique et la versification font également apparaître un registre pathétique. Les termes exprimant la tristesse et la douleur sont nombreux : « triste « ; « pauvre « ; « crucifié « (mis en valeur par sa place en fin de vers et par l’allitération en [k]). Ces termes associent au tragique l’expression du sentiment : le registre dramatique se superpose au registre tragique. ~ Le même effet est rendu par le rythme des vers. Dans la deuxième partie de la scène, les alexandrins sont coupés de façon très irrégulière (certains sont répartis sur deux répliques, d’autres sur trois ou même sur cinq répliques). Ce choix rythmique traduit l’agitation, voire l’exaltation des personnages.