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Victor Hugo (1802-1885), Ruy Blas (1838), acte II, scène 2. (Commentaire)

Publié le 07/10/2018

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Victor Hugo (1802-1885), Ruy Blas (1838), acte II, scène 2.

 

{Don Salluste, Grand d'Espagne, homme machiavélique, a été contraint à l'exil sur intervention de la Reine d'Espagne. Il va utiliser son valet, Ruy Blas, qui est secrètement amoureux de la reine, pour se venger de celle-ci. La jeune femme, délaisséepar son mari, est contrainte par l'étiquette très stricte de la cour d'Espagne à se consacrer à « ses dévotions » religieuses}

 

LA REINE, seule.

 

À ses dévotions ? dis donc à sa pensée !

 

Où la fuir maintenant ? seule ! Ils m’ont tous laissée. Pauvre esprit sans flambeau dans un chemin obscur ! Rêvant.

 

5 Oh ! cette main sanglante empreinte sur le mur !

 

Il s’est donc blessé ? Dieu ! mais aussi c’est sa faute. Pourquoi vouloir franchir la muraille si haute ?

 

Pour m’apporter les fleurs qu’on me refuse ici,

 

Définition du monologue

Un monologue est une tirade prononcée par un personnage seul ou qui se croit seul. Dans la dramaturgie classique, il constitue donc une scène à lui seul.

 

Les fonctions du monologue

 

Le monologue a des fonctions communes avec l es autres types de scène (informer, exprimer les sentiments d’un personnage, faire avancer l’action par une prise de décision), mais ces fonctions prennent une tournure spécifique, parce que le monologue est le lieu de la vérité :

 

- Il révèle la personnalité véritable d’un personnage. En l’absence du regard des autres, le personnage monologuant laisse éclater ses vrais sentiments sous le regard du public. Un personnage qui aurait pu avancer masqué jusqu’alors, lève son masque face au public (un personnage de traître par exemple).

 

- Il permet l’expression lyrique des sentiments, heureux ou malheureux. Il est le lieu des élans du cœur, sous le mode poétique.

 

- Il peut avoir une fonction dramatique quand il prend la forme du monologue délibératif. Le personnage prend alors la parole sous le mode de l’introspection. Il cherche en lui-même, en délibérant avec lui-même, la solution au conflit ou dilemme qui le déchire. Le monologue délibératif peut donc s’achever sur une prise de décision fondamentale dans la progression de l’action, surtout si le personnage est le sujet du schéma actantiel de la pièce. Il faudra donc soigneusement examiner la structure du monologue, se demander s’il prend une forme argumentative (si le personnage doit faire un choix, il présentera des arguments) et enfin repérer la tonalité dominante.

II/LA RÊVERIE ROMANTIQUE D’UNE REINE

 

1 Peinture d’une âme en mal d’amour

 

- Une femme délaissée : l’adjectif « seule » est isolé au milieu du deuxième vers du passage ; << ils m’ont tous laissée » : dans le pronom « tous » il faut comprendre sa suite, sa confidente et surtout son mari, le roi.

 

- Une femme en détresse qui se présente comme un personnage faible et fragile : « Pauvre esprit sans flambeau dans un chemin obscur » (v. 3), l’antithèse « flambeau «/«obscur » montre la noirceur des sentiments de la reine et l’absence de repères ; « Que c’est faible une reine et que c’est peu de chose » (v. 37), opposition entre le titre, « reine » et les faits, « peu de chose »•

 

- Une femme pleine d’aspiration romanesque, séduite par la témérité désintéressée de l’inconnu (« toi qui verses ton sang », v. 22), intriguée par le mystère (<< Qui que tu sois », v. 24).

 

- Un registre épique : << périls », « verses ton sang », « risques tes jours » (v. 21-22).

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« Pour cela, pour si peu, s'aventurer ainsi 1 10 C'est aux pointes de fer qu'il s'est blessé sans doute.

Un mor ceau de dent elle y pendait.

Une goutte De ce sang répandu pour moi vaut tous mes pleurs.

S'en fonçant dans sa rêverie.

Ch aque fois qu'à ce banc je vais chercher les fleurs.

15 Je promets à mon Dieu, dont l'appui me délaisse, De n'y plus retourner.

J'y retourne sans cesse.

Mais lui ! voilà trois jours qu'il n'est pas revenu.

Blessé ! qui que tu sois, ô je une homme inconnu ! Toi qui, me voyant seule et loin de ce qui m'aime, 20 Sans me rien demander, sans rien espérer même, Viens à moi, sans compter les pér ils où tu cours ; Toi qui vers es ton sang, toi qui risques tes jours Pour donner une fleur à la reine d'Espa gne ; �i que tu sois, ami dont l'ombre m'accompagne, 25 Puisque mon cœur subit une inflexible loi, S ois aimé par ta mè re et sois béni par moi ! 30 V1v ement et portant la main à son cœur.

Oh ! sa lettre me brûle ! Retombant dans sa rêverie.

Et l'autre ! l'i mplacable Don Salluste ! le sort me protège et m'accable.

En même temps qu'un ange un spectre affreux me suit ; Et, sans les voir, je sens s'agiter dans ma nuit, Pour m'amener peut-être à quelque instant suprême, 35 Un homme qui me hait près d'un homme qui m'ai me.

L'un me sauv era-t-il de l'autre ? Je ne sais.

Hélas ! mon destin flotte à deux vents opposés.

�e c'est faible une reine et que c'est peu de chose ! Com menta ire Vous comm enterez cet extrait de Ruy Bias de Victor Hugo.. »

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