Commentaire de l'incipit de la cantatrice chauve

« quantité de platitudes dénuées d'intérêt que Mme Smith est capable de placer dans une seule réplique est assez impressionnante.

Donc Ionesco se moque de ces personnages ridicules, mais il est clair que le message qu'il cherche à faire passer ne se limite pas à la critique des bourgeois anglais.

En écrivant une scène où un personnage raconte sa vie alors que l'autre ne l'écoute pas, il veut montrer l'impossibilité de la communication entre les êtres humains d'une manière générale.

Il y a aussi une idée d'absurdité de la vie.

On le voit avec les choses étranges qui se passent autour d'eux et auxquelles les personnages ne semblent pourtant pas prêter attention, comme la pendule qui frappe dix -sept coups, ce qui signifie pour eux qu' « il est neuf heures ».

La scène semble déconnectée du monde réel.

Elle est en réalité beaucoup plus sérieuse qu'elle n'en a l'air à la première lecture.

En fait elle est paradoxale, parce qu'elle est à la fois comique et pessimiste, c'est d'ailleurs là tout son intérêt.

Quand il découvre cette scène d'ouverture, le lecteur a plusieurs réactions : d'abord il est un peu désarçonné, car cela paraît un peu étrange comme début, ensuite il commence à trouver un côté amusant à ces personnages ridicules, et finalement, en approfondissant sa lecture, il finit par comprendre que le but de l'auteur est de le faire réfléchir sur l'absurdité de l'existence, et donc que le texte a un côté pessimiste, car la vision qu'a Ionesco de la vie est très négative.

La mise en scène de ces personnages qui passent leur temps à parler de choses stupides et futiles montre que, pour lui, elle semble n'avoir aucun sens, être vaine.

Il apparaît clairement que cette scène d'ouverture est atypique et contraste avec celles que l'on a l'habitude de lire, parce qu'elle ne remplit pas vraiment son rôle de scène d'ouverture.

Certes, Ionesco nous présente le cadre de l'histoire, la situation des personnages : on sait que ce sont des "bourgeois anglais" qui habitent "dans les environs de Londres", mais il laisse le lecteur perplexe quant à la suite de la pièce, car il semble n'y avoir aucune intrigue.

Et puis, en général, les pièces de théâtres ne commencent pas par un monologue où le personnage principal débite des banalités sans intérêt.

C'est peut -être justement une autre question que Ionesco veut soulever : qu'est-ce qui est intéressant à mettre en scène ? On a vu qu'il veut nous transmettre le message que la vie est absurde, insensée, mais peut -être veut-il également nous faire réfléchir sur le sens du théâtre, qui n'est qu'une mise en scène de la vie. Dans l' « anti » scène d'ouverture de cette « anti -pièce », Ionesco met en scène des personnages vides et ridicules dont il se moque, et fait réfléchir le lecteur sur l'absurdité de la vie et du théâtre.

C'est là toute l'originalité de cette scène, qui est à la fois comique et pessimiste, et dans laquelle Ionesco brise les codes et les conventions du théâtre.. »