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Commentaire d'Elsa au miroir de Louis Aragon

Publié le 29/03/2011

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   C'était au beau milieu de notre tragédie Et pendant un long jour assise à son miroir Elle peignait ses cheveux d'or je croyais voir Ses patientes mains calmer un incendie C'était au beau milieu de notre tragédie    Et pendant un long jour assise à son miroir Elle peignait ses cheveux d'or et j'aurais dit C'était au beau milieu de notre tragédie Qu'elle jouait un air de harpe sans y croire Pendant tout ce long jour assise à son miroir Elle peignait ses cheveux d'or et j'aurais dit Qu'elle martyrisait à plaisir sa mémoire Pendant tout ce long jour assise à son miroir A ranimer les fleurs sans fin de l'incendie Sans dire ce qu'une autre à sa place aurait dit    Elle martyrisait à plaisir sa mémoire C'était au beau milieu de notre tragédie Le monde ressemblait à ce miroir maudit Le peigne partageait les feux de cette moire Et ces feux éclairaient des coins de ma mémoire    C'était au beau milieu de notre tragédie Comme dans la semaine est assis le jeudi    Et pendant un long jour assise à sa mémoire Elle voyait au loin mourir dans son miroir    Un à un les acteurs de notre tragédie Et qui sont les meilleurs de ce monde maudit    Et vous savez leurs noms sans que je les aie dits Et ce que signifient les flammes des longs soirs    Et ses cheveux dorés quand elle vient s'asseoir Et peigner sans rien dire un reflet d'incendie    Louis Aragon, La Diane française, 1942-1944    Vous ferez un commentaire composé de ce poème où Aragon chante à la fois son amour pour Elsa et la France écrasée sous l'Occupation.    En l'absence de connaissance externe — puisque c'est le parti pris de ces corrigés —, on peut partir ici du titre : la femme au miroir ou à sa toilette est un sujet rebattu. Comment est-il utilisé ici? Pour introduire, on pourra raisonner à partir d'exemples empruntés à la poésie ou à la peinture. Mais bien évidemment si on connaît un peu Aragon, la poésie de la Résistance, et particulièrement le recueil la Diane française, il faut s'en servir.

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« 2e strophe : qu'elle jouait un air de harpe sans y croire 3e strophe : qu'elle martyrisait à plaisir sa mémoire à ranimer les fleurs sans fin de l'incendie 4e strophe : le monde ressemblait à ce miroir maudit le peigne partageait les feux de cette moire et ces feux éclairaient des coins de ma mémoire La quatrième strophe rompt le jeu avec les mots, pour faire intervenir pour la première fois aussi directement larelation : Miroir/monde extérieur.

En même temps que la relation Elle/Je : de « sa » mémoire on passe à « ma »mémoire.

C'est aussi à ce moment que le retour des strophes de cinq vers est brisé. 2) Les métamorphoses des « mots-source » J'entends par cette expression, simpliste mais commode, les mots qui sont utilisés sans cesse dans le poème et quisont les noyaux autour desquels se groupent les masses poétiques. a) Le miroir et ses métamorphoses Il s'agit de relever simplement les expressions dans lesquelles reviennent : miroir, cheveux, etc. — Assise à son miroir (1re, 2e, 3e strophes) — Ce miroir maudit (4e) — Mourir dans son miroir (6e) Miroir entre également en relation avec monde, puisqu'ils échangent leurs épithètes : monde maudit, miroir maudit.Ainsi qu'avec mémoire : on a en effet d'une part assise à son miroir, de l'autre assise à sa mémoire. b) La mémoire et ses métamorphoses — Elle martyrisait à plaisir sa mémoire (3e et 4e strophes) — Et ces feux éclairaient des coins de ma mémoire (4e) — Assise à sa mémoire (7e). c) La chevelure et ses métamorphoses — Elle peignait ses cheveux d'or (1re, 2e, 3e strophes) — Le peigne partageait les feux de cette moire (4e) — Et ses cheveux dorés quand elle vient s'asseoir Et peigner sans rien dire un reflet d'incendie (9e) Il faudrait encore noter — pour l'utiliser dans la rédaction définitive — les relations entre les personnes : notre (quisuppose un je et un il), je, elle, notre (qui cette fois concerne le monde extérieur, comme en témoigne la placevoisine de leurs dans leurs noms), vous enfin qui peut concerner les lecteurs, ceux qui partagent la tragédie, lescamarades de combat, etc. Pour introduire Remarque : pour ne pas me donner la solution commode de rédiger une introduction en usant de connaissances(poésie ou peinture) extérieures au texte, je ne me réfère à aucune œuvre précise pour analyser le sens du thèmedu miroir, me bornant à me servir du titre et de la métamorphose du miroir dans le poème. A sa toilette, devant son miroir qui lui renvoie l'image de sa nudité, de ses cheveux dénoués, ou l'image d'une parurequ'elle ébauche, compose, reprend, recompose, la femme se regarde, se complaît à cette contemplation, enl'absence de tout autre regard.

La scène du miroir 2 implique la solitude : si un tiers vient à intervenir, c'en est faitde ce dialogue silencieux avec un visage qui devient un autre visage, à force d'être contemplé.

Mais, devant sonmiroir, Elsa n'est pas seule.

La signification de la scène ne peut plus être la même... 1) Disposition Pendant ses vingt premiers alexandrins, le poème semble n'être fait que de trois vers (les trois premiers), infinimentrepris, transformés, les uns dans les autres et les uns par les autres, jusqu'à épuisement des combinaisons de motspossibles : « Et pendant un long jour assise à son miroir »/« Pendant tout ce long jour assise à son miroir »/« Etpendant un long jour assise à sa mémoire ».

Ou encore (je ne les reprends pas) les jeux sur incendie et mémoire.. »

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