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Commentaire du Misanthrope de Molière (Acte 1, scène 2)

Publié le 06/10/2018

Extrait du document

TEXTE

Molière (1622-1673), Le Misanthrope (1666), acte 1, extrait de la scène 2.

 

[Alceste, le « misanthrope », cultivé et homme de goût, est sollicitépar Oronte, un mondain, qui se mêle depoésie et lui demande son sincère avis sur le sonnet quil vient de composer. Philinte, ami d'Alceste assiste aussi à la scène}

 

Oronte

 

« Sonnet. .. >> C’est un sonnet. « L'espoir... >> C’est une dame Qyi de quelque espérance avait flatté ma flamme.

 

« L'espoir. .. » Ce ne sont point de ces grands vers pompeux, Mais de petits vers doux, tendres et langoureux.

 

5 (A toutes ces interruptions, il regarde Alceste.)

 

Alceste

 

Nous verrons bien.

 

Oronte

 

« L'espoir... >> Je ne sais si le style Pourra vous en paraître assez net et facile,

 

Et si du choix des mots vous vous contenterez.

 

Alceste

 

Nous allons voir, monsieur.

 

Oronte

 

Au reste, vous saurez

Que je n’ai demeuré qu’un quart d’heure à le faire.

 

Alceste

 

Voyons, monsieur ; le temps ne fait rien à l’affaire.

 

Oronte

 

L'espoir, il est vrai, nous soulage Et nous berce un temps notre ennui ; Mais, Philis, le triste avantage Lorsque rien ne marche après lui !

 

PHILINTE

 

Je suis déjà charmé de ce petit morceau.

 

Alceste, bas.

 

Quoi ! vous avez le front de trouver cela beau ? Oronte Vous eûtes de la complaisance ;

 

Mais vous en deviez moins avoir Et ne vous pas mettre en dépense

 

Pour ne me donner que l’espoir. PHILINTE

 

Ah ! qu’en termes galants ces choses-là sont mises !

 

Alceste, bas.

 

Morbleu ! vil complaisant, vous louez des sottises ? Oronte S’il faut qu’une attente éternelle Pousse à bout l’ardeur de mon zèle,

 

Le trépas sera mon recours.

 

Vos soins ne m’en peuvent distraire ; Belle Philis, on désespère Alors qu’on espère toujours.

 

PHILINTE

 

 La chute en est jolie, amoureuse, admirable.

 

Alceste, bas.

La peste de ta chute, empoisonneur au diable !

 

En eusses-tu fait une à te casser le nez !

 

Philinte

 

Je n’ai jamais ouï de vers si bien tournés.

 

ALCESTE, bas.

 

Morbleu !

 

Oronte

 

Vous me flattez, et vous croyez peut-être ... Philinte Non, je ne flatte point.

 

ALCESTE, bas.

 

Et que fais-tu donc, traître ?

 

Oronte, à Alceste.

Commentaire

 

Vous commenterez cet extrait du Misanthrope en vous aidant du parcours de lecture suivant :

 

1. Montrez les qualités de ce dialogue à trois personnages.

 

2. À quoi tient la force du comique dans ce passage ?

- Quel est le but de chacun des interlocuteurs ? Pour comprendre le but de chaque interlocuteur, l’élève devra se demander quel est le statut de chacun : sujet ? objet ? adjuvant ? opposant ? A travers le dialogue se dessinent les rapports de force entre les personnages et leur rôle par rapport à l’action de la pièce.

 

- Que font les personnages sur scène ? Pour suivre l’action des personnages, l’élève doit tenir compte des didascalies, ainsi que du contenu des propos. Parler à l’un ou à l’autre suppose des mouvements sur scène et éventuellement une gestuelle.

 

- Le dialogue véhicule-t-il un message ? De cette question découle toute une série d’interrogations auxquelles l’élève va devoir apporter une réponse : peut-on juger les différents personnages ? L’un des personnages est-il le porte-parole de l’auteur ou d’une certaine morale ? Vers qui va aller la sympathie du public ?

 

Notions pour analyser les formes du comique

 

On distingue plusieurs formes de comique :

 

- Le comique verbal, qui naît de l’utilisation du langage Geux de mots, décalage entre mots et réalité, invention verbale, répétition) ;

 

- Le comique de gestes, qui procède des mimiques, des postures, des déplacements, des jeux de scène. Plus les gestes sont spectaculaires et marqués, plus on se rapproche de la farce ou du cirque ;

 

- Le comique de situation, qui vient du caractère cocasse de la situation qui oblige les personnages à mentir, à paraître autres qu’ils ne sont. Il vient aussi du décalage entre les personnages (un valet dupant son maître), de quiproquos lorsque le dialogue fonctionne sur des malentendus ;

 

- Le comique de mœurs et de caractère : le dramaturge critique, en se moquant, tel ou tel travers des hommes ou de la société.

« 10 Oye je n'ai deme uré qu'un quart d'heure à le faire.

1 5 20 25 ALCESTE Vo yons, monsi eur; le temps ne fait rien à l'af faire.

OR ONTE L'espo ir, il est vrai, nous soulage Et nous berce un temps notre ennui ; Mais, Philis, le triste avantage Lor sque rien ne marche après lui ! PH!LINTE Je suis déjà charmé de ce petit morceau.

ALCESTE, bas.

Qyoi ! vous avez le front de trouver cela beau ? ORONTE Vo us eûtes de la complaisance ; Mais vous en deviez moins avoir Et ne vous pas mettre en dépense Pour ne me donner que l'espoir.

PHILINTE Ah ! qu'en termes galants ces choses-là sont mises ! ALCESTE, bas.

Mor bleu ! vil complaisant, vous louez des sottises ? ORONTE S'il faut qu'une attente éternelle Po usse à bout l'ardeur de mon zèle, Le trépas sera mon recours.

Vo s soins ne m'e n peuvent distraire ; Be lle Phili s, on dés espèr e Alors qu'on espèr e tou jours.

PHIL INTE 30 La chute en est jolie, amoureus e, admirable.

ALCESTE, bas.. »

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