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Commentaire du poème : « Un Hémisphère dans une chevelure » -C. Baudelaire

Publié le 13/09/2011

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baudelaire

D’autre part, les variations métaphoriques de la chevelure convergent vers une idée de grandeur émanant de ces derniers. En effet, par une gradation, nous passons de l’image des cheveux « source « a celle des cheveux « mer « et des cheveux « océan «. Cette gradation confère à la chevelure un espace qui est relativement immense et contribue ainsi à augmenter de son importance. De plus, le poète désire « y plonger tout [son] visage, comme un homme altéré dans l’eau d’une source «. Cette comparaison assimile les cheveux a une source dans la mesure où ces deux éléments s’avèrent être vitaux et offrent une aptitude à y plonger. Un peu plus loin dans le poème, les cheveux « contiennent de grandes mers «, des mers qui se transforment plus tard en « océan « et acquièrent donc une certaine forme d’immensité. Cette gradation confère a la chevelure, par le biais de son élargissement matériel, un élargissement moral voire une grandeur spirituelle.

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« parfum : « Laisse-moi respirer longtemps, longtemps, l’odeur de tes cheveux ».

Ainsi, le poème débute par la notiond’ « odeur » : par juxtaposition, le terme « odeur » précède même le terme « chevelure ».

Il s’avère alors que le faitd’entrer en contact avec la chevelure a travers le sens olfactif représente beaucoup pour le poète qui, « enrespir[ant] longtemps […] l’odeur des cheveux, […] mouchoir odorant» de sa maitresse, semble apprécier le parfumse dégageant de cette chevelure.

Des la première lecture, nous constatons que ce poème est saturé de référencesolfactives : « respirer ; l’odeur ; mouchoir odorant ; je sens ; parfum ; l’odeur du tabac ; des odeurs combinées »qui confèrent au parfum un aspect omniprésent.Néanmoins, l’importance cédée a l’odorat n’occulte pas les autres sens, vu que ce dernier est associe a l’ouïe etceci, par une théorie des correspondances.

En effet, les parfums, les couleurs, et les sons se répondent : « tout ceque je vois, tout ce que je sens, tout ce que j’entends ».

Dans ce rythme ternaire, l’odorat est dans une deuxièmeposition donc en place centrale, ce qui fait de lui le sens le plus important.

Le fait que le poète tente d’avoir accèsa l’odeur de la femme parce qu’il a fortement conscience que c’est le parfum qui va engendrer un voyage intérieurcorrobore l’hypothèse selon laquelle l’odorat est considéré comme étant le sens le plus important tout au long dupoème.

Le parfum va créer en effet un temps idéalisé, un temps hors du temps qui converge vers l’idée d’un momentbéni de contemplation bénéficiant d’une fonction de transcendance sur les faits perçus comme vraisemblables etauthentiques.

Cette transcendance est rendue visible à travers le lien établi entre odorat et ouïe qui sont deuxréalités distinctives et injoignables.

Ce lien est mis en exergue à travers la comparaison suivante : « Mon âmevoyage sur le parfum comme l’âme des autres hommes sur la musique » qui assimile le voyage de l’âme sur le parfuma un voyage sur la musique, le parfum et la musique étant des lors, deux réalités qui se font osmose.Le poème met en évidence un voyage imaginaire dans l’espace, voyage généré par la chevelure qui est a l’originedes perceptions sensorielles de Baudelaire qui « vois […] sens […] [et] entend dans [ces] cheveux » ; et du rêvequi permet ce voyage immobile.

Effectivement, la chevelure est assimilée a l’océan : « Dans l’océan de tachevelure » qui, en « port[ant le poète] vers de charmants climats », permet son voyage vers le Sud : « Tescheveux contiennent […] de grandes mers dont les moussons me portent vers de charmants climats, ou l’espace estplus bleu et plus parfumé».

Ce voyage est désigné au sens propre contrairement au voyage figuré qui se fait atravers les sens et la perception du poète: « respirer ; je vois ; je sens ; j’entends ; caresses ; mordre ».

Cevoyage est en effet spatial a travers l’apparition de l’exotisme : l’hémisphère dont il est question est le Sud.

Lebateau signe le départ vers de « charmants climats » ou l’adjectif « charmants » sert a valoriser l’ailleurs qui estcaractérisé par des éléments exotiques comme « l’opium » et « l’huile de coco ».

Ces éléments portent le poète versun lieu qui s’avère être édénique, apaisant, voire utopique a travers son imprécision révélée des le titre par l’emploide l’article indéfini «Un » pour faire allusion a l’hémisphère en question : « Un hémisphère ».Si le parfum se présente comme un étant un outil menant au voyage, ce dernier s’avère être aussi un déclencheurqui permet la création d’un univers de rêve.

En effet, la situation est favorable pour la naissance de ce rêve quiprend naissance dans la « nuit [d’une] chevelure » et sur un « divan dans la chambre d’un beau navire » et qui n’estévoqué explicitement qu’une seule fois au vers 10 a travers les propos suivants : «Tes cheveux contiennent tout unrêve ».

De surcroit, dans l’espace du poème, les limites du réel sont abolies pour créer un monde aux dimensionsdésirées.

L’immense (l’hémisphère) est contenu dans le minuscule (la chevelure) comme l’indique le titre : « Unhémisphère dans une chevelure » et ceci, par le seul pouvoir du rêve.

Ce dernier se manifeste aussi par le caractèrebrouillé de la perception qui semble hésitante avec l’imprécision de l’indéfini ternaire : « tout ce que je vois ! tout ceque je sens ! tout ce que j’entends ! »De plus, Baudelaire nous peint le portrait d’un paysage de rêve « ou l’atmosphère est parfumée par les fruits, par lesfeuilles et par la peau humaine ».

Cette atmosphère n’est présente que dans un paysage idéalisé qui nous est offertpar le poète afin d’échapper a la réalité triviale.Le rêve ainsi élaboré atteint son apogée dans le poème, et l’atmosphère fabuleusement étrange qui nous est offertebascule pour prendre les aspects d’un paradis.

En effet, Baudelaire se trouve dans une sorte de paradis réel ou setrouvent « [des] pots de fleurs et [des] gargoulettes rafraichissantes ».

Face à ce paradis naturel, se dresse unparadis artificiel ou Baudelaire « respire l’odeur du tabac mêlé à l’opium et au sucre ».

Ainsi, les parfums serépondent et contribuent à créer une atmosphère paradisiaque qui se présente comme étant l’apogée d’un état derêve.A travers la présence du parfum qui apparait comme étant un outil de voyage et l’élaboration d’une atmosphère derêve, nous pouvons discerner la quête d’un idéal : l’idéal baudelairien .Cet idéal est rendu visible par le biais de l’apaisement euphorique ressenti par Baudelaire qui apparait a travers lastructure fluide de ce poème a laquelle s’associent des effets de rythme et de musicalité qui rendent compte d’unesérénité affichée.

En effet, le jeu des nombreuses répétitions crée un écho phonique dans tout le poème et fontainsi de lui un chant harmonieux.

L’adverbe « longtemps » qui apparait au début du texte : « Laisse-moi respirerlongtemps, longtemps, l’odeur de tes cheveux » se retrouve aussi à la fin : « Laisse-moi mordre longtemps testresses lourdes ».

De plus, le sème lié a la chevelure se retrouve au début de toutes les strophes : « Tes cheveuxcontiennent tout un rêve» (troisième strophe) ; « Dans l’océan de ta chevelure » (quatrième strophe) ; «Dans lescaresses de ta chevelure » (cinquième strophe) ; « Dans l’ardent foyer de ta chevelure » (sixième strophe).

Cetterépétition de ce sème lié à la chevelure confère à cette dernière l’origine de l’apaisement euphorique ressenti par lepoète.

La structure fluide du poème parsemée de répétitions sonores apparait aussi par la présence d’uneparonomase qui consiste en des rapprochements sonores : « langueurs des longues heures » et qui traduit le soucide perfection du poète, souci que ce dernier tente de rechercher dans l’écoulement du temps.

De plus, les échossonores témoignent des émotions ressenties par Baudelaire : les allitérations en «m » : «comme ; main ; mouchoir ;mon âme ; matures ; atmosphère ; parfumée ; immense… » font part de la douceur retrouvée par le poète dans lachevelure de sa maitresse ; et les allitérations en « p,b » : «pour ; pouvais ; portent ; bleu ; parfumée ; peau ;prélasse; beau ; bercées ; port ; pots… » convergent vers l’idée de bercement qui a mené le poète a atteindrel’apaisement euphorique dont il est question.

D’une part, la structure du poème en sept strophes de dimensionsharmonieuses permet de toucher à la perfection.

D’autre part, le choix sémantique fonde sur la convocation des cinq. »

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