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Commentaire incipit de Molloy

Publié le 17/01/2022

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    Au XIXe et XXIe, certains auteurs cherchent à écrire différemment en montrant davantage l'homme perdu dans ce monde, et en faisant perdre au narrateur ses certitudes. Beckett fait partie du mouvement de l'Absurde et tend à reconstruire l'état d'esprit humain détruit par la Seconde guerre mondiale. Ce phénomène est effectivement visible dans l'incipit de Molloy qui met en scène un narrateur personnage à la recherche de ses souvenirs et un cadre sans repère précis. On voit là un narrateur presque étranger à lui-même et à ce qui l'entoure. Cet incipit pose le problème d'un écrivain qui cherche son commencement, c'est pourquoi on peut parler d'une double quête du commencement : celui du livre et celui des souvenirs. Cependant, on se demande si le narrateur est sur le point de mourir, ce qui crée un questionnement autour du thème philosophique de la vieillesse et de la mort. Cela nous amène donc à nous demander en quoi l'écriture est la dernière chose qui rattache ce personnage à la vie. Pour y répondre, nous verrons dans un premier temps en quoi son état d'esprit est davantage du coté de la mort. Puis dans un second temps, nous étudierons la vitalité que lui procure l'écriture.

« tyrannie de l'éditeur pousse le narrateur à s'accrocher à la vie. Aussi, le narrateur se voit soumis à ce qui lui arrive.

On peut le voir dans sa passivité face aux paroles des autresavec l'anaphore de la formule « cela n'a pas d'importance, parait-il » et dans ses réponses courtes « Bon.

» quitraduit une soumission.

On peut également remarquer son coté enfantin qui exprime la soumission d'un enfant à sesparents avec l'emploi du verbe « gronde » qui ici, renvoie au rapport écrivain/éditeur.

Nous pouvons donc penserque le narrateur fait un retour en arrière à l'enfance et qu'il est hanté par la figure maternelle puisque sa mère est leseul personnage dont il connait l'identité « je suis dans la chambre de ma mère.

» et qui suscite ses interrogations« Etait-elle déjà morte a mon arrivée ? Ou n'est-elle morte que plus tard ? ».

Néanmoins cela ne suffit pas à éveillerla curiosité du narrateur puisqu'il arrête sa réflexion avant d'obtenir des réponses, on le voit grâce a la formule« Quoi qu'il en soit ».

On observe également une soumission quant à son travail d'écrivain, il n'est plus maitre de sontravail car on lui impose une manière d'écrire : « C'est lui qui m'a dit que j'avais mal commencé, qu'il fallaitcommencer autrement.

Moi je veux bien.

» .

On peut alors voir que le narrateur est soumis et que cela le maintienten vie. Enfin, on peut voir une double quête du commencement : celui du livre, et symboliquement celui de sa vie (enfance,souvenirs…).

Le narrateur ne trouve pas le commencement de sa vie puisqu'il n'arrive pas à se remémorer sessouvenirs, on le voit dans l'emploi des interrogations à propos de la mort de sa mère « Etait-elle déjà morte à monarrivée ? Ou n'est-elle morte que plus tard ? » qui le laissent sans réponse mais également dans l'emploi de l'adverbe« peut-être » qui est un fort vecteur de doute.

Il commence aussi à ressentir un vide traduit par le verbe« manque » dans « il ne manque plus qu'un fils », on peut penser qu'il cherche à compenser l'absence de sa mère ense donnant un rôle paternel sur lequel il a toujours des doutes « je ne crois pas.

Il serait vieux.

» où le conditionnelaccentue ce doute.

Cela amène à une confusion entre Molloy et sa mère (comme dans Germinie « je dois lui ressembler de plus en plus ») portant sur la ressemblance (le personnage devient ses parents) et évoquant la mortproche du personnage.

Le narrateur est à la recherche de ses souvenirs notamment des personnes importantesdans sa vie comme la mère du fils « Le vrai amour était dans une autre.

Voilà que j'ai encore oublié son nom » oùl'on remarque que le souvenir lui a échappé et qu'il met en place une distance du narrateur de sa propre vie.

Mais ilparvient à approcher un souvenir sur la présence d'un fils dans sa vie avec le verbe « sembler » qui met en avant lesouvenir dans « Il me semble quelque fois que j'ai même connu mon fils, que je me suis occupé de lui ».

Par ailleurs,on observe un écrivain qui cherche son commencement en rédigeant son incipit.

La répétition du terme« commencement » attire l'attention du lecteur et le malmène suite à l'incertitude du narrateur sur ce qu'il écrit« J'avais commencé au commencement, figurez-vous, comme un vieux con.

» , on peut alors se demander s'il choisitde commencer par la fin (la mort et le retour en arrière) ou par le commencement.

De plus, le comique de mots :« est-ce que le commencement c'est le commencement, ou est-ce que le commencement c'est la fin ? » nouspousse à nous interroger et accentue la quête du commencement de l'écrivain.

On peut le voir dans l'alternance del'imparfait « C'était le commencement » et le présent « tandis que c'est presque la fin à présent » ainsi quel'anaphore de l'adverbe « à présent » qui constitue un contraste entre la vie et la mort.

Nous pouvons donc voir unequête du commencement quant à l'écriture du narrateur « écrivain » mais aussi à la vie du narrateur« personnage ». Ainsi, ce texte nous fait réfléchir à une nouvelle manière d'écrire, où l'incapacité à réagir et à comprendre estpossible, à travers un personnage mourant mais dont l'esprit reste éveillé grâce à l'écriture.

En effet, il pose leproblème de l'écrivain qui cherche son incipit et du personnage qui cherche à reconstruire sa vie et ses souvenirs.Le lecteur se retrouve ainsi dans la confusion et se demande si l'écrivain est entrain de naitre, ou de mourir.

Ce quiamène à penser que l'écriture est la dernière chose qui rattache ce personnage à la vie.

Dès lors, nous pouvonsnous demander comment l'écrivain peut-il écrire s'il ne connait plus ses motivations ?. »

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