Devoir de Philosophie

Commentaire – « Le Père Goriot » d’Honoré de Balzac: L'enterrement

Publié le 17/09/2011

Extrait du document

balzac

Les enterrements ne seraient-ils qu’une mise en scène où chaque personnage s’efforce de tenir le rôle que l’on leur attribue, parfois avec hypocrisie ? Déjà La Fontaine, dans sa fable ‘Le Curé et le Mort’ ironisait :

« Un mort s’en allait tristement

S’emparer de son dernier gîte ;

Un Curé s’en allait gaiement

Enterrer ce mort au plus vite. «

 

Verlaine écrira par la suite un sonnet intitulé l’ « Enterrement «, où il dresse une satire violente des héritiers resplendissants, dont c’est inspiré Balzac dans « Le Père Goriot « à travers les personnages de Delphine de Tübingen et Anastasie de Restaud, filles du défunt. L’observation du monde et de la société contemporaine s’imposa, par le biais du réalisme et du naturalisme, tout au long de la deuxième partie du XIXème siècle comme le thème majeur abordé à maintes reprises par nombre des romanciers du mouvement réaliste. C’est dans  cette observation de l’individu contemporain et dans l’analyse des différents entre les classes sociales que vont se fonder les grandes réflexions du XIXème siècle. En effet le réalisme et le naturalisme dominent la seconde moitié de ce siècle, et naissent d’une réaction à certains excès du romantisme. Dans le dénouement de son roman, « Le Père Goriot «, Balzac entreprend une vision réaliste et satirique de la société et de ses conventions. Mais l’inhumation du père Goriot, par ses circonstances, son déroulement, les rapprochements symboliques qu’elle suggère, clôt surtout l’éducation sentimentale et sociale de son jeune voisin de la pension Vauquer, Eugène de Rastignac. Ce désir d’analyse de la société engendre une véritable satire de la population contemporaine, en particulier des classes sociales privilégiées telle la bourgeoisie et le clergé.

balzac

« 2 A travers cet extrait de l’ œ uvre « Le Père Goriot », une forte volonté réaliste et symbolique se fait ressentir chez Balzac.

Cette dernière est mise en évidence par l’auteur par l’abandon toutes aspirations romantiques, ainsi que par le biais d’une description minutieuse d’un enterrement austère.

Il donne par ailleurs une dimension symbolique à son œ uvre, représentative du mouvement réaliste. Honoré de Balzac interprète par le biais de son œ uvre une transition vers le réalisme et abandonne toutes aspirations romantiques.

En effet, l’abandon de l’exaltation des sentiments et d’incessantes méditations sur la société font place à un tout autre style d’écriture, où la volonté de réussite et d’aspiration sociale sont mis en évidence par l’auteur. Les auteurs du réalisme puisent leurs thèmes dans l’observation du monde contemporains et se doivent de traiter des sujets résolument modernes.

Ils dénoncent sans aucunes retenues les défauts de la bourgeoisie et du clergé, classes sociales privilégiées de l’époque, dans l’unique but d’établir un lien entre les milieux sociaux et le comportement de ses individus.

Cette nette évolution stylistique marque un tournant décisif dans l’histoire de la littérature de l’époque d’où le refus et le rejet du thème de l’amour passionnel cher au romantisme auquel se substitue le thème de l’adultère, lié aux conditions sociales de l’époque (le divorce n’existant pas).

Balzac amplifie ce changement drastique par l’utilisation d’une description méticuleuse d’un enterrement, où l’absence quasi-complète de sentiments ressentis de la part des personnages présents à la cérémonie vis-à-vis du père Goriot marque indéniablement un changement de style irréversible, d’où l’apparition du mouvement réaliste. Tout d’abord, Honoré de Balzac offre au lecteur une vision réaliste d’un enterrement et suit scrupuleusement le déroulement qu’adoptait le clergé de l’époque lors de cérémonies funestes.

Il relate minutieusement les ‘étapes’ successives de l’inhumation du père Goriot.

L’auteur décrit en premier lieu la ‘levée du corps’ du défunt exprimé à travers la phrase « Eugène fit remonter la bière, et plaça religieusement sur la poitrine du bonhomme une image..

» (l1-2), puis la description presque pathétique du convoi funéraire « le corbillard […] deux voiture armoriées, mais vides… » (l36-37).

Vient ensuite l’office religieux et funèbre, présenté par des incantations divines par le biais de psaumes chantés, dont le Liberta et le De Profundis .

Balzac achève et clos cette description par la mise en scène de l’inhumation proprement dite : « Quand les deux fossoyeurs eurent jeté quelques pelletées de terre sur la bière pour la cacher… » (l45).

Tout au long de cette description, l’auteur fait usage d’un vocabulaire réaliste technique, et choisit des termes conventionnels comme « bière » pour désigner le cercueil, ou encore « char » pour désigner un corbillard. L’attention portée à la précision des détails et à l’usage récurent des champs lexicaux techniques, ici celui du deuil, sont des procédés d’écriture typiques du réalisme. Certaines précisions réalistes, mais aussi symboliques, accentuent de plus l'atmosphère sordide de cet enterrement.

Balzac met ainsi en évidence l’absence des proches et tout particulièrement des filles dotées du père Goriot.

Cette absence d’êtres humains, généralement présents pour transmettre des sentiments tel la compassion ou. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles