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Commentaire linéaire de La Route des Flandres, de Claude Simon

Publié le 10/03/2022

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« Commentaire de texte linéaire Claude Simon, La Route des Flandres Page 83 à 84, de « Et haletant faiblement … » à « […] tellement étonnant, de tellement… » Au cœur de la nuit durant laquelle George se voit emmené, dans un wagon à bestiaux, au camps de prisonniers, Claude Simon, dans la première partie du roman, rend la vision que son personnage a de la mort ambivalente de son capitaine, tué à l’ennemi pendant la débâcle de 1940.

Il met en scène le capitaine de Reixach, dont George postule que l’attitude suicidaire reproduit la mort de leur ancêtre commun, lui aussi suicidé, et dont le portrait apparait comme par surimpression à la scène.

C’est une description qui frappe tout de suite l’attention du lecteur par la porosité manifeste des objets représentés : elle est en effet construite sur le modèle de l’illusion, à la fois littéraire et picturale, l’imagination du spectateur (George) ajoutant au portrait de Reixach diverses significations, et déplaçant dans le champ réel du spectacle de la mort du capitaine cette image obsédante de l’ancêtre suicidé.

La longue phrase constituant l’intégralité de l’extrait, déjouant le rythme et la syntaxe de la période latine, débouche sur une conclusion décevante, qui montre l’impossibilité de tirer une signification satisfaisante de l’évènement : l’aposiopèse l’interromps et la laisse inachevée.

Il s’agira de voir comment cette description, tout en déployant au moyen de l’analogie formelle la recherche herméneutique aux prises avec l’évènement, suggère aussi l’intransitivité de la représentation artistique et son autotélicité. Le texte se déploie en deux moments, le premier, du début à « les dentelles, le velours » est une description dialogique du portrait de l’ancêtre, une sorte de tableau littéraire où sont présentées conjointes et analogues les figures des deux Reixach.

Le second, de « tandis qu’avec cette … » à la fin, est une démonstration de l’autotélicité de la représentation, comme expression de la sensibilité au mystère, sans jamais l’épuiser ni qu’il ne soit révélé par l’art, qu’il soit littéraire ou pictural. Le texte s’ouvre sur la conjonction « Et » qui, associée à la répétition du verbe « continuer » (continua à les injurier » et plus loin « continuait à s’avancer »), inscrit d’entrée la scène dans le présent d’une action qui se prolonge, comme le suggère le participe présent « haletant », servant ici la description simultanée de l’action.

Cette pause descriptive inscrite dans le cours du récit se déploie plus loin par la mise en scène quasi géographique de l’apparition de George.

En effet, les termes « le dos sourd, aveugle et raide », inscrivent la description sommaire du capitaine en un rythme ternaire, repris plus loin par la même tournure, en un parallélisme décrivant cette fois l’ancêtre : « immobile, solennel et raide » – renforcée par la répétition de « raide », qui insiste sur l’élément commun justifiant l’analogie des deux Reixach, leur raideur, due autant à la mort du capitaine qu’à la représentation picturale – donc 1. »

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