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correction romain gary

Publié le 02/11/2014

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La promesse de l'aube C ORRIGÉS de Romain Gary Fiche pédagogique FICHE 1 L'enfant et l'adulte : distance et proximité de l'auteur, du narrateur et du personnage I. Au l de la lecture : repérer les étapes du récit 1) Les lieux principaux. Le récit montre le narrateur très proche du moment de l'écriture sur la plage de Big Sur en Californie. Les États-Unis semblent avoir une importance pour l'écrivain adulte, puisqu'on apprend au chapitre 3 qu'il a été Consul Général de France à Los Angeles. Romain Gary arrive en France, à Nice, où la mère et l'adolescent s'installent, au moment de ses quatorze ans environ. Avant d'y arriver, on voit le personnage et sa mère habiter à Wilno en Pologne (« "de passage", ainsi que ma mère aimait à le souligner, en attendant d'aller nous xer en France », chapitre 6, p. 47). D'une manière plus oue, les premières années de la vie du personnage sont évoquées au chapitre 5, et ont dû se passer en Russie : sa mère aurait alors été actrice, une actrice reconnue. Le chapitre 37 (p. 338) semble renvoyer cette période à un fantasme, un rêve : rien n'atteste la réalité de ce moment, qui est en plus présenté comme très lointain par le narrateur. La dernière partie de l'oeuvre montre que le personnage voyage beaucoup au moment de la guerre, où il est engagé comme aviateur. Entrant dans la Résistance après la défaite de la France, il sert dans les troupes de la France Libre, entre l'Angleterre et l'Afrique. Il revient en France pour découvrir que sa mère est morte, et que les lettres envoyées étaient un stratagème mis au point par elle pour continuer à le soutenir dans l'effort guerrier, après sa disparition. L'importance des femmes. L'amour et le rapport aux femmes constituent un axe important de La promesse de l'aube. Si aucune femme n'a l'importance de la mère du personnage, Nina, certaines ont tout de même une place dans le récit : Mariette, la jeune bonne qui l'initie aux choses de l'amour, Valentine, qui est son premier amour à Wilno (il a alors une huitaine d'années), mais aussi, d'une manière plus effacée, Adèle, la jeune charcutière au chapitre 24, ou Brigitte au chapitre 26, et la jeune Louison au moment où il se trouve à Bangui (chapitre 39). Fidèle au programme énoncé par sa mère, le personnage collectionne les succès féminins. Il se présente comme un grand amoureux, et non pas comme un séducteur compulsif : il explique ainsi ne pas pouvoir évoquer précisément sa liaison avec une jeune Hongroise, Olga ( n du chapitre 29), parce qu'il ressent encore trop fortement la douleur que lui a causée la séparation, très éloignée pourtant du moment de l'écriture, puisqu'elle s'est passée au début de la guerre. Projets et événements fondateurs. Plusieurs événements semblent cruciaux dans l'évolution du personnage : on songe d'abord aux phases de l'apprentissage, ponctuées notamment par les tentatives artistiques du jeune personnage, et les cours que lui fait donner sa mère. Romain Gary nit par choisir l'écriture, et on suit ensuite les étapes qui vont l'amener à devenir écrivain. Ensuite, tout ce qui touche à l'initiation sentimentale et sexuelle a une très grande importance dans le récit. En n, on voit se réaliser le projet de réussite en France : l'intégration, malgré les dif cultés et les embûches, par exemple le fait qu'on commence par lui refuser une promotion militaire à cause de sa naturalisation récente (chapitre 28), se fait grâce à l'engagement dans la Résistance, où son courage lui vaut d'obtenir les plus hautes distinctions, notamment la Croix de la Libération, à la suite de l'accident avec le pilote Arnaud Langer, dont il sort miraculeusement indemne (chapitre 41), distinction qui lui sera remise par le général de Gaulle en personne (p. 371). 2) Bien que l'organisation du récit ne suive pas strictement l'ordre chronologique, on peut dire que les trois parties correspondent à trois moments essentiels : c'est l'enfance à Wilno qui domine dans la première partie. La seconde commence avec l'arrivée du personnage en France, à Nice plus précisément, aux alentours de sa quatorzième année. En n, la troisième partie est consacrée à la guerre et au parcours du jeune homme, qui s'engage dans la Résistance, jusqu'à la Libération. II. Première approche : biographie et autobiographie 1) Le mot biographie désigne le fait d'écrire une vie, de la raconter, et le genre littéraire constitué par ce type de récit. Il est composé de deux éléments de sens, qui viennent du grec : bio- désigne en grec les modes de vie, graphie, l'écriture. Il s'agit donc bien d'écrire la vie de quelqu'un lorsqu'on rédige une biographie. Le pré xe auto- (de lui même) ajoute l'idée que la biographie est écrite par celui qui a vécu les événements racontés. On retrouve le pré xe auto- dans un très grand nombre de mots : automobile (qui se meut de soi-même), autographe (écrit par l'auteur lui-même), autodidacte (qui apprend par lui-même, sans maître), autocrate (qui ne tient son pouvoir que de lui-même). 2) L'autobiographie est un récit à la première personne, où un écrivain raconte sa propre existence. Il y a une identité particulière entre les trois instances du récit : l'auteur qui écrit, le narrateur qui raconte, et le personnage qui vit les événements racontés. Le lecteur doit croire à la réalité de ce qui lui est raconté : il se crée un pacte de con ance, ce que le ?1 La promesse de l'aube C ORRIGÉS de Romain Gary Fiche pédagogique FICHE 1 Suite critique Philippe Lejeune appelle le « pacte autobiographique ». Pourtant, l'autobiographe peut parfois jouer avec ses souvenirs, ou les compléter lorsqu'ils ne sont pas assez précis : on ne peut pas exiger une vérité totale, parce qu'elle n'est pas forcément atteignable, mais il faut admettre que s'écrire soi-même, c'est aussi donner une image partielle, incomplète, en partie imaginaire de ce qu'on a été. 3) L'écriture biographique implique une volonté de s'en tenir aux faits avérés, comme le fait l'historien lorsqu'il évoque le passé. Au contraire, l'écriture autobiographique fait que le récit n'est jamais neutre. Il est en effet porté par l'émotion de l'auteur et du narrateur : émotion de revivre des événements personnels passés, ou de comprendre ce qui échappait au personnage au moment des faits, par exemple. L'émotion occupe une place cruciale dans La promesse de l'aube : elle paraît même parfois être plus importante pour Romain Gary que la vérité des faits. Ainsi, lorsqu'il évoque la gure de son père au début du chapitre 14 (« Il n'est vraiment entré dans ma vie qu'après sa mort et d'une façon que je n'oublierai jamais » p. 103), et sa mort dans les camps avec sa deuxième famille, il décrit d'abord ce qu'il a ressenti au moment où on lui a donné des détails plus précis sur sa mort. L'autobiographe ne peut s'en tenir au fait, parce que le fait le concerne, et donc l'implique et l'émeut. C'est cette émotion vive qu'il s'agit alors de communiquer au lecteur, plus que la simple information. III. Distinguer auteur, narrateur et personnage dans le recit 1) Il y a trois marques de la première personne dans cette phrase : les deux pronoms personnels sujets (je crois, j'eus), et l'adjectif possessif ma dans « ma vocation ». Le présent du verbe croire indique que la première personne renvoie au présent de l'écriture, c'est-à-dire à celui qui est en train de raconter l'histoire, le narrateur. Au contraire, le passé simple du verbe avoir implique que le « je » désigne le jeune garçon de treize ans. Le « pressentiment de ma vocation » renvoie bien à ce jeune homme, qui n'est pas encore devenu conteur et écrivain, à la différence du narrateur et de l'auteur. On doit donc différencier les instances narratives. 2) Le premier « je » qui apparaît est celui du narrateur expérimenté, qui se sent coupé du temps des expériences qu'il va raconter, allongé seul sur une plage de Californie (« C'est ni » ; « À quarante-quatre ans, j'en suis encore à rêver de quelque tendresse essentielle »). L'évocation de la scène du taxi amenant Nina désireuse de voir son ls sur la base de Salon-de-Provence, où il est sergent instructeur (« J'étais alors sergent instructeur à l'École de l'Air ») met en scène le personnage juste avant le début de la guerre (l'épisode est repris au chapitre 29, p. 253) : il a alors environ vingt-cinq ans. C'est l'âge du personnage qui permet de distinguer les différents « je » : à la n du chapitre 1er, c'est le jeune enfant qui devient le personnage (« la promesse que je m'étais faite, à l'aube de ma vie » ; « J'étais un enfant lorsque » p.14-15), puis l'adolescent à treize ans, l'enfant à sept ans à Wilno (« j'avais à peine sept ans, lorsqu'un violon d'occasion fut acquis dans un magasin de Wilno » p. 23). On va progressivement suivre cet enfant dans son développement, mais d'autres je surgissent tout de même : le je du Gary Consul Général de France à Los Angeles (p. 25), plus jeune de quelques années que l'auteur-narrateur allongé sur la plage de Big Sur, l'enfant à dix ans (p. 27), le jeune aviateur qui entend l'appel du général de Gaulle (18 juin 1940) à la n du chapitre 3. La personnalité s'écrit donc dans les oscillations entre différentes époques, qui correspondent à des degrés distincts de maturité. Le début de l'oeuvre montre que le déroulement purement chronologique du récit est moins important que ce qui fait l'unité d'une personnalité et l'association libre de l'imagination, au-delà d'une représentation linéaire du passage du temps. Se crée ainsi une complexité vivante de la personne de l'auteur, qui se retrouve lui-même à des époques différentes de sa vie, au terme du parcours vécu, dans le fonctionnement dynamique du souvenir. 3) Romain Gary donne des informations sur lui qui sont aisément véri ables : elles renvoient à ce que tout le monde peut savoir sur son personnage public. Le lecteur reconnaît donc Romain Gary, écrivain célèbre, et ne peut douter qu'il parle bien de lui-même. À la n de la citation, la posture d'humilité fait référence au jugement qu'on peut porter sur son oeuvre. 4) Deux choses peuvent nous faire parfois douter de la réalité des événements racontés dans La promesse de l'aube. D'une part, ils paraissent parfois trop précis pour ne pas avoir été complétés par le narrateur au moment de l'écriture. Notre mémoire n'est pas toujours précise au point de se souvenir des paroles qui ont été tenues de longues années auparavant. D'autre part, certaines parties du récit paraissent trop belles pour être vraies, c'est-à-dire qu'elles obéissent davantage à une volonté de créateur, qui a le souci d'organiser les choses en fonction d'un effet à produire, qu'au désir de simplement témoigner sur ce qui s'est passé. Dans les deux cas, se signale ainsi la volonté de recréation narrative. ?2 La promesse de l'aube C ORRIGÉS de Romain Gary Fiche pédagogique FICHE 2 Des scènes marquantes : l'écriture du souvenir et de l'émotion I. Mettre en scène le souvenir 1) Le texte effectue parfois des retours en arrière (analepses) ou au contraire des annonces d'événements postérieurs à la ligne principale du récit (prolepses). L'une des analepses les plus troublantes est celle qui est donnée à la n de l'oeuvre : « J'ai les cheveux grisonnants, à présent, mais ils me cachent mal, et je n'ai pas vraiment vieilli, bien que je doive approcher maintenant de mes huit ans » (p. 378). Le brusque retour dans le passé opère une fusion imaginaire de deux époques, celles de l'homme entre deux âges et de l'enfant qu'il a été. Plus simplement, on observe qu'au chapitre 5, le narrateur revient en arrière par rapport à ce qu'il raconte (une aventure avec Mariette et sa mère à Nice), pour évoquer sa petite enfance en Russie, perdue dans les limbes du souvenir très lointain. L'évocation de son poste de Consul Général de France (p. 25), ou celle de la manière dont il a entendu l'appel du 18 juin 1940 sont des prolepses : elles annoncent des choses qui ne se produiront que bien plus tard par rapport au moment du récit où nous nous trouvons. L'alternance d'analepses et de prolepses est révélatrice de la manière dont l'autobiographe ne cesse de se projeter à des époques diverses, et donc d'un fonctionnement du souvenir qui suit davantage la pente d'une certaine rêverie que celle de la logique. 2) Le passage qui encercle le récit principal est habité par une grande mélancolie, que rend perceptible l'incipit paradoxal : « C'est ni ». Le narrateur âgé semble s'abandonner au trouble causé par la réminiscence. La pause ré exive sur la plage de Big Sur prend ainsi l'aspect d'un bilan, mais aussi d'une sorte de testament qu'il laisserait aux vivants : en ce sens, on peut y voir une certaine tristesse. Pourtant, il faut remarquer que le ton un peu désabusé est contrecarré à la toute n : certes, l'écrivain « a vécu », mais il lui reste encore l'énergie de se projeter dans le futur, encore inconnu, encore à construire : « Je ferme les yeux, je souris et j'écoute... Il me reste encore de ces curiosités ». On peut y voir les signes ténus que le bilan peut être dépassé par un nouvel élan, porté par l'espoir d'un accord avec la nature. 3) On sent à toutes les étapes du récit que l'enfance est absolument déterminante pour comprendre le destin du personnage. D'un côté, Romain Gary entend rendre hommage à sa mère, dont les rêves lui ont donné le courage et la force de s'accomplir. D'un autre côté, il veut montrer qu'on ne peut totalement se remettre d'une enfance comme la sienne, ce qu'il rappelle à de nombreuses reprises au cours de son texte, comme par exemple à la n du chapitre 4 : « Avec l'amour maternel, la vie vous fait à l'aube une promesse qu'elle ne tient jamais. On est obligé ensuite de manger froid jusqu'à la n de ses jours » (p. 36). Le souvenir semble s'imposer de lui-même au l du récit : l'auteu...

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