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Corrigé analyse CRPE 2015 G2: L'éducation des filles

Publié le 08/04/2023

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« Proposition de corrigé analyse CRPE 2015 - G2 L'éducation des filles est souvent considérée comme un témoin des progrès ou des régressions des sociétés modernes, mais quels jugements les écrivains de diverses époques portent-ils sur cette éducation ? Telle est la question soulevée à la lecture de quatre textes, dont la publication s'échelonne du XVIIe au début du XXIe siècle : deux extraits d'essais, d'une part, Traité de l’éducation des filles, édité en 1689, dans lequel Fénelon souligne la nécessité d'instruire les filles et expose les domaines à leur enseigner ; d'autre part, Émile ou de l’Éducation, écrit en 1762 par Jean-Jacques Rousseau, qui s'appuie sur les plaintes des femmes au sujet de leur éducation pour proposer des pistes de réflexion ; un texte issu du chapitre IV du roman Pot Bouille, paru en 1882, dans lequel Émile Zola présente, de façon critique, l'éducation donnée par Madame Vuillaume à sa fille Marie ; enfin, un passage de Le vrai lieu, entretiens autobiographiques accordés en 2014 à Michelle Porte, au cours duquel Annie Ernaux rend hommage à sa mère, qui lui a prodigué, avant l'heure, une éducation féministe.

Ces textes permettent de déterminer les constats que les auteurs dressent sur l'éducation prodiguée, en leur temps, aux filles, de cerner les causes qui expliquent ces conclusions et de mettre en évidence les propositions envisagées par les quatre écrivains. Selon Fénelon, peu d'attention est accordée à l'instruction de la gent féminine ; pour lui, « rien n'est plus négligé que l'éducation des filles ».

De même, J.-J.

Rousseau rapporte que les femmes se plaignent de la futilité de leur éducation, qui, selon elles, est le fait des hommes désirant les maintenir aisément en leur pouvoir.

Pour ces deux auteurs, l'éducation donnée aux filles est ainsi placée sous le signe de l'ignorance.

De la même façon, E.

Zola montre que Mme Vuillaume s'enorgueillit de son « plan d’éducation » qui consiste à enfermer sa fille dans un état d'ignorance totale, en la coupant de tout contact avec le monde extérieur, car, pour elle, « une demoiselle en sait toujours de trop ».

Or, pour Fénelon et J.-J.

Rousseau, il n’est pas question de priver les filles d’instruction ni de les maintenir dans l’ignorance : savoir « gouverner un jour leurs ménages, et obéir à leurs maris sans raisonner » ne peut suffire, explique le premier, alors que le second souligne qu'il ne s'agit pas de les cantonner « aux seules fonctions du ménage », d'en faire des « automates » assujettis aux hommes.

Ainsi, A.

Ernaux met en exergue que sa mère, qui lui a prodigué une éducation libre et « atypique », ne lui a jamais demandé de s'occuper des tâches matérielles, et lui donnait le droit de lire au lit jusqu'à midi.

Au contraire, E.

Zola montre que Marie a été élevée dans la solitude et la soumission, dans une « enfance prolongée » qui aboutit à un manque de maturité, et, telle « une enfant, restée ignorante dans le mariage », se conforme aux choix de ses parents et de son mari, notamment en matière de lecture.

Or, Fénelon signale que les conséquences de cette indigence éducative peuvent affecter « tout le genre humain » : les femmes ayant un rôle important à jouer dans l'économie domestique, elles ont « des devoirs à remplir [...] qui sont les fondements de toute la vie humaine », car d'elles dépend la bonne marche matérielle et spirituelle d'une maison ; il est donc indispensable, selon lui, de ne pas laisser de côté l'éducation des filles, pour éviter que les faiblesses des futures maitresses de maison n'entrainent le déclin des leurs. Pourtant, comme le met en exergue cet écrivain, un déséquilibre est notable entre l’éducation des filles et celle des garçons, même si celle-ci est imparfaite : l'éducation masculine est une priorité, « une des principales affaires par rapport au bien public ».

Les garçons ont ainsi droit à des collèges, comme le constate également J.-J.

Rousseau, même si, selon cet auteur, les femmes ont la chance d'y échapper.

De même, E. Zola montre que, pour Mme Vuillaume, l'éducation des filles et des garçons est différente, car « un garçon [...] pousse tout seul », alors qu'élever une fille est un lourd « devoir ».

De plus, selon Fénelon, les garçons bénéficient de livres, de « recherches de sciences » et de méthodes d'apprentissage des langues, qui font l'objet d'efforts financiers traduisant « la haute idée qu'on a de l'éducation des garçons », alors que J.-J. Rousseau souligne que l'essentiel de l'éducation que reçoivent les filles porte sur l'art de plaire et la manière de se vêtir : leur éducation les cantonne à des « puérilités», des « niaiseries », des « minauderies ».

Il met donc en exergue, comme E.

Zola, la pauvreté culturelle et intellectuelle dans laquelle les filles sont enfermées : Marie s'est vue ainsi interdire l'accès à la littérature jusqu'à l'âge de dix-huit ans et a subi la censure de ses parents, car Mme Vuillaume a pris soin, dit-elle, de « cacher les journaux », de « fermer la bibliothèque », de raturer des passages de journaux de mode et d'expurger les leçons.

Au contraire, A.

Ernaux explique que sa mère lui permettait de « lire à n'importe quel moment, autant [qu'elle] voulai[t] », ce qui était inhabituel au milieu du XXème siècle. Selon les auteurs, les filles ne bénéficient généralement pas, en leur temps, d'une instruction digne de ce nom : leur éducation est indigente, notamment en comparaison de l'attention accordée à celle des garçons. Les quatre écrivains exposent alors les causes de cette pauvreté éducative. Pour Fénelon, l’éducation des filles est négligée, car, d'après l’opinion commune, elles ne doivent pas être savantes et il ne convient pas de développer leur curiosité, qui les rend « vaines et précieuses », comme le montre l'exemple des « femmes que la science a rendues ridicules ».

C'est pourquoi, explique-t-il, leur instruction est laissée aux mères, elles-mêmes « ignorantes et indiscrètes ».

Ainsi, pour lui, comme pour les autres auteurs, les mères jouent un rôle fondamental dans l'éducation de leur fille.

Elles sont, en particulier, la cause de la faiblesse de cette éducation, comme le montrent J.-J.

Rousseau, E.

Zola et Fénelon.

En effet, souligne cet auteur, les mères décident de tout ce qui relève de l’éducation des filles et sont donc responsables du contenu délivré.

De même, pour J.-J.

Rousseau, les hommes n'ont aucune part dans cette éducation, donc si des reproches sont à faire, il faut les adresser aux mères : les filles sont superficielles, coquettes et puériles, à cause de leur mère qui les élève ainsi.

Or, comme le constate Fénelon, les mères reproduisent la faible éducation qu'elles ont elles-mêmes reçue, mues par « la coutume et le caprice».

E.Zola montre également que Mme Vuillaume considère l'éducation des filles comme une « responsabilité, surtout pour une mère » et conseille à Marie d'élever sa fille Lilitte comme elle a été élevée, en veillant à ce « qu’elle garde son ignorance ».

Il souligne que cette mère est obsédée par les préjugés moraux sur le comportement des filles : pour elle, « les gamines ne pensent qu'au mal », il convient donc de les en préserver, notamment en évitant de les « mettre dans les pensionnats, où les innocentes se corrompent » et, en matière de religion, il suffit de se cantonner à garantir un « frein moral » aux.... »

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