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COUPS DE PILON DE DAVID DIOP, OU L’ESPOIR D’UN RENOUVEAU AFRICAIN

Publié le 05/01/2024

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« COUPS DE PILON DE DAVID DIOP, OU L’ESPOIR D’UN RENOUVEAU AFRICAIN Il y a un peu plus de 50 ans, le 29 août 1960, David Diop, le poète de l’espoir, disparaissait tragiquem au large des Almadies de Dakar, à trente trois ans.

Mais ce n’est pas sans avoir semé le grain de la conscience sublime de la lutte des peuples noirs pour la Renaissance africaine.

En effet, à travers ses expériences qui s’écrivent, faisant du texte [poétique] un laboratoire du futur, David Diop n’a pas cr les promesses d’avenir pour ce qui est de la prise en charge des grandes questions de l’heure : la Renaissance africaine et la conquête de la liberté dans la dignité.

En réalité, dès les années 1950, ce poète, à travers visions, rêves et idéaux annonçait déjà une géo-poétique de la renaissance qui redon au continent centralité et dignité.

Malgré le temps, cette question est encore agitée aujourd’hui où l’o fête, partout sur le continent noir, les cinquante ans d’indépendance.

David Diop envisageait, en fait vie des Noirs, non selon le mode d’une crispation sur le passé, mais comme saisie dynamique d’un héritage à transformer. C’est pourquoi Coups de pilon (Présence Africaine, 1973, fortement éclairé par l’image solaire et aut foyers lumineux, est un recueil où se cristallise la lumière dans une dynamique créatrice d’espoir et d’optimisme.

Ainsi donc, malgré les affres de la colonisation, ce recueil reste un pôle fertile de l’espo symbolisé par la lumière dont la présence dans les différents poèmes semble relever de l’obsession.

N le savons, il serait beaucoup plus facile d’analyser cette œuvre sous l’angle de la dénonciation de la colonisation et de tous ses méfaits, mais pour cette étude, nous avons choisi d’avoir une pensée posi Nous essayerons de montrer que David Diop, en tenant compte de l’injustice, de la torture, de l’avilissement, de l’humiliation et de l’exploitation, tous engendrés par la colonisation, refuse de se cantonner uniquement dans la revendication de la liberté ou dans la dénonciation de cette situation par-dessus tout, opté pour l’espoir que nous essayerons d’analyser à l’aide de ces quatre points qui inondent son recueil : un engagement optimiste, la lumière comme symbole de l’optimisme, le soleil l’espoir et l’avenir.

Nous verrons que ces quatre points fonctionnent, sous la plume de David Diop, comme des mythes fondateurs d’un afro-optimisme montrant que l’Afrique peut espérer un meilleu avenir et y croire. 1.

UN ENGAGEMENT OPTIMISTE Avant d’aller plus loin, remarquons que David Diop choisit de partir de la situation catastrophique l’Afrique pour faire voir l’optimisme, l’espoir d’un peuple noir renaissant.

Un optimisme qui relève d travail hardi sur soi afin d’oublier toutes les souffrances du passé et regarder l’avenir avec espoir.

Ai poète demande-t-il : Ramenez-moi dans la feuille morte d’oubli Mais rendez-moi la mortelle présence Celle qui dit non aux rendez-vous de fer Mais hisse son corps de ténèbres dures Sur le haut sommet de l’espérance Nègre (« Fou Etiez-vous », p.

50). Nous voyons ici que Hamidou Dia à bien raison de souligner que David Diop, Comme poète, c’est dans un panorama spirituel, dominé par les intellectuels de la négritude regroupés autour de la revue Présence Africaine, qu’il fit ses premières armes.

Cependant, il va bientôt évoluer vers une pensée plus radicale prenant en charge véritablement les exigences d’indépendance des peuples africains (Hamidou Dia, in Xalimasn.com, voir bibliographie). David Diop ne fait pas partie de ceux qui attribuent à d’autres ou aux circonstances la responsabil des malheurs et des difficultés du monde noir, car il pense que celui-ci peut transformer sa vie et la rendre acceptable.

La vie des Noirs ne sera pas acceptable et belle tant que les Africains ne la conçoi pas comme un privilège réservé aux personnes conscientes de leur pouvoir, ainsi que de la liberté et responsabilité qui l’accompagnent.

C’est pour cette raison qu’il invite ses frères à abandonner les rou faciles du conformisme et de la soumission pour se risquer sur les chemins audacieux et périlleux de l’affirmation de soi : En dehors de leurs fêtes et leurs funérailles, Les Noirs se réunissent toujours, Pour exiger leur droit à la liberté, Et le respect de leur dignité (« Non ! », p.53). Nous voyons ici un refus fortement marqué de la résignation qui ne fait que prolonger le rêve de la liberté qui a toujours hanté le sommeil du poète.

Pour lui, ceux qui vivent, comme le disait Victor Hu ce sont ceux qui luttent ; ce sont ceux dont un dessein ferme emplit l’âme et le front, ceux qui, nourr d’un éminent espoir d’un destin de justice, bravent les dangers extrêmes, ceux qui marchent pensifs épris d’un goût sublime, ayant devant les yeux sans cesse, nuit et jour, un monde d’égalité et de paix « Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons pleinement exercer nos responsabilités et préparer le renouve de nos civilisations » (Coups de Pilon, Prose, p.73). Le poète sait que dans cette conquête de liberté et de dignité, « ce n’est pas le chemin qui est difficile mais [que] c’est le difficile qui est le chemin » (Berlet, cf.

bibliographie).

Tout ce qui est négatif, la violence, la criminalité, les incendies, les rapts collectifs, les catastrophes organisées, rien ne l’arrête dans sa volonté de réaliser son rêve de panafricaniste, y compris le bonheur de sa famille.

Voyons à propos un extrait de la correspondance qu’il avait envoyée à son ami Alioune DIOP pour lui signifier qu’il devait aller, quelles qu’en soient les conséquences, soutenir la Guinée nouvellement indépenda Mon cher Alioune, … je pars pour la Guinée au début de la semaine prochaine en compagnie de Abdou Moumouni, de Joseph Ki-Zerbo et quatre autres professeurs africains.

Comme je l’ai écrit, il est des cas où celui qu prétend intellectuel ne doit plus se contenter de vœux pieux et de déclarations d’intention, mais doi donner à ses écrits un prolongement concret.

Seule, une question de famille m’a fait hésiter quelqu temps ; mais après mûre réflexion, ce problème ne m’a pas paru être un obstacle à mon départ (Co de Pilon, Prose, p.75). David Diop, comme beaucoup d’intellectuels de sa génération, pensait que l’avenir de l’Afrique se ferait par la solidarité réelle de ses enfants.

C’est cette solidarité qui caractérise la lutte des peuples africains qui n’est donc pas une lutte solitaire, isolée, elle est solidaire de la lutte des peuples du monde entier contre le joug impérialiste, de la révolte de Dimbokro aux cages à tigre de Poulo Condor, du lynché d’Atlanta aux brûlés de Madagascar, du forçat du Congo au Vietnamien couché dans les rizières.

Partout dans le monde s’allume désormais le flambeau de la révolution dans une même communion d’esprit, dans même élan de cœur (Hamidou Dia, op.

cit.). Le poète revendique ainsi sa place, toute sa place à côté de son peuple dont la lutte héroïque, de pl en plus organisée et radicale, fonde et justifie l’Espoir. 2.

LE MYTHE DE LA LUMIERE COMME SYMBOLE DE L’OPTIMISME Rappelons ici quelques-unes des vertus symboliques fortes de la lumière : qu’elle soit donc solaire divine pour les religions révélées, la lumière incarne constamment cet éclat sublime qui, depuis touj fait l’objet de représentations et d’utilisations multiples.

David Diop a conscience de la force de ce symbole lumineux, dessinant l’avenir, gravant des choses sur les objets, modifiant et purifiant toute matière par la chaleur des flammes des brasiers ou de manière artificielle, recréant cette force qui pe guider la main de l’homme au service de la pensée.

Si David Diop est tant attiré par la lumière, c’est parce qu’elle l’aide à sensibiliser son peuple pour une prise de conscience, à éclairer son peuple. Silencieuse et éclairante, elle est partout et gratuitement accessible à tous.

Ce combattant de la justic de la liberté ne pouvait donc pas trouver un meilleur symbole que la lumière qui ne distingue pas, no plus, le Noir du Blanc. Mais si, pour David Diop, celle-ci est nécessaire pour vivre, comme l’eau et la nourriture, la vraie lum reste, pour lui, la fraternité et la liberté.

Car c’est elle qui garantie la dignité et éclaire le chemin de la prospérité.

C’est pourquoi Coups de pilon est inondé de lumière naturelle.

Son éclairage de l’espace apporte la joie d’espérer, sa couleur introduit un ordonnancement toujours riche pour la pensée et le rêve d’un monde meilleur que le poète y rattache. Si, par ailleurs, par la richesse de l’image artificielle de la lumière, David Diop a su créer une vision humaniste, c’est justement parce qu’il a « vu la fleur s’épanouir à la lumière, […] Et la lumière et le crépuscule [lui] font croire.

A la bonté encore possible dans ce monde » (« Le monde », p.58).

La lumière est donc porteuse d’espoir et rythme la vie vers une réalité humaine plus acceptable.

Le poè bien compris que s’il est un fait permanent qui guide la vie de l’homme dans tous ses choix, c’est bie cette source divine et sacrée qu’est la lumière.

Il lui a donné, de ce fait, une fonction.... »

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