CRÉBILLON Prosper Jolyot de : sa vie et son oeuvre

CRÉBILLON Prosper Jolyot de (1674-1762). Dramaturge, né à Dijon, « Crébillon père » est un homme à contrastes : bohème pittoresque entouré de chiens et de chats, tard venu à la littérature (la Mort des enfants de Brutus, 1703) après dix années de basoche, membre de la joyeuse société du Caveau; mais aussi dignitaire des Lettres, protégé par le Régent puis la Pompadour, autorisé à produire un discours en vers pour sa réception à l’Académie (1731), «censeur de police» en 1735 et, à ce titre, régnant sur le théâtre. Ses démêlés avec Voltaire ont défrayé la chronique : querelle littéraire autour de l’héritage classique, doublée d’une lutte politique entre les philosophes et la Cour. En 1740, Crébillon interdit Mahomet; par représailles, à partir de 1748, Voltaire réécrira une à une les tragédies de son rival pour démontrer sa propre supériorité...

A dire vrai, ce n’était pas difficile. Après une décennie triomphale (1705, Idoménée; 1707, Atrée et Thyeste; 1708, Électre; 1711, Rhadamisthe et Zénobie), la gloire de Crébillon décline rapidement. Déjà Boileau après Rhadamisthe s’était, dit-on, indigné contre les « Visi-goths » qui s’emparaient du théâtre : à la fois une injure et une analyse. Car Crébillon entend renouveler