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CREVEL René : sa vie et son oeuvre

Publié le 22/11/2018

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CREVEL René (1900-1935). Poète, romancier et essayiste, né à Paris. Issu d'un milieu bourgeois et catholique, René Crevel fait ses études secondaires au lycée Janson-de-Sailly; de 1918 à 1921, il fréquente la Sorbonne, où il prépare une thèse sur Diderot. En 1921, durant son service militaire, il fonde, en compagnie de Marcel Arland, Georges Limbour et Roger Vitrac, la revue Aventure, et fait la connaissance de Tzara, Breton, Soupault, Aragon et Éluard; également séduit par le mouvement dada et le surréalisme, il ne s’engage pleinement dans les « rangs » de Breton qu’en 1924. Cependant sa santé se détériore : à partir de 1925, il souffre de tuberculose et suit parallèlement un traitement psychanalytique qui restera sans grand effet. En 1930, au moment du Second Manifeste du surréalisme, Crevel reste parmi les fidèles d’André Breton; cependant, il combat politiquement aux côtés du parti communiste, dont il sera momentanément exclu en 1933; pourtant il essaiera souvent de rapprocher surréalisme et communisme, en préparant notamment le Congrès international pour la défense de la culture. Mais, le 18 juin 1935, Crevel se suicide, sans avoir pu résoudre les conflits psychologiques et idéologiques qui n’ont cessé de le hanter.
 
L’œuvre de Crevel forme un tout, les mêmes thèmes trouvant leur écho d’un ouvrage à l’autre — à tel point que parfois des phrases entières réapparaissent intégralement; il est dès lors inutile d’établir un classement de ses livres. Du premier roman (Détours) au dernier (les Pieds dans le plat), le lecteur se trouve confronté à une même urgence, à la même impatience : faire coïncider le désir et le réel, se « débarrasser du souvenir » pour mieux conquérir l’avenir.

« rable pour rester longtemps intacte et les rêves d'une petite fille qui voudrait « ressusciter le vent ».

Dans 1 'Esprit contre la raison ( 1 928), Crevel se livre à la démystification de la raison, qu'il oppose à l'esprit, dont il attend l'avènement ( > ou en « messages >>, mais par la simple pré­ sence d'une «poésie» : «Toute poésie est une révolu­ tion en ce qu'elle brise les chaînes qui attachent l'homme au rocher conventionnel» (l'Esprit contre la raison); seules les structures d'un langage nouveau, d'un langage de« fauves » peuvent défier l'académisme littéraire, qui, à lui seul, incarne toutes les valeurs d'un ordre établi.

Dès lors, la parole poétique de Crevel vise l'éclate­ ment de la logique trop socialisée du discours littéraire.

Pounant, rien ne semble plus «continu » que des textes comme Baby/une, Mon corps et moi ou le Clavecin de Diderot : les phrases, curieusement développées pour des ouvrages aussi brefs, semblent ne devoir jamais s'ar­ rêter: on songe moins à l'automatisme surréaliste qu'à Diderot et à Proust- rares «références littéraires» de Crevel; le récit poétique use de la phrase comme d'un prisme qui refléterait d'un seul coup tous les langages possibles : long pastiche où se mêlent les dialogues de vaudeville, les monologues introspectifs, la déclamation lyrique, le discours pseudo-scientifique, la préciosité, l'obscénité, le sarcasme ...

Ainsi, le sens des mots n'est pas figé dans Il: récit : il s'élabore, s'estompe, se modifie sans cesse, au hasard de jeux verbaux qui lui font perdre peu à peu toute dénotation réaliste; le nom reste une matière sauvage, en devenir, qui échappe à ses significa­ tions codifiées : « Roulure, ce mot si gras, si laid, dans les bouches familiales, se purifie, s'allume, éclaire, dore les songes de l'enfance, y roule un soleil.

Roulure, jolie fille que plus rien d'humain ne saura retenir, roulure, ô belle silencieuse! » (Babylone).

Cependant, Crevel n'instaure pas pour autant un lan­ gage de l'absurde.

Ses textes reprennent bon nombre des mythes surréalistes de l'époque, qui demeurent encore des « valeurs » :mythes de l'enfance retrouvée, du retour à la sauvagerie originelle, aux pulsions « innées »; la femme reste également « par nature >> une initiatrice : , 1981; Révolution, surréalisme, spontanéité, Paris, Plasma, coll.

«Feuilles vives>>, 1978.

La seule étude complète sur Crevel est celle de Claude Cour­ tot.

René Crevel, Paris.

Seghers, 1969.

co ll.

« Poètes d'au­ jourd'hui».

Voir aussi « René Crevel», Europe.

n° 679-680, 1986; F.

Cabelg ue nn e.

« René Clavel : écrire-main.

Le drame de l 'é c rit ure », Littératures.

n• 18, printemps 1988; J.-M.

Devésa, «René Crevel ou la mort entre ciel et terre>>, Mélusine, n• Xl, 1990.. »

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