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CROMMELYNCK Fernand : sa vie et son oeuvre

Publié le 22/11/2018

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CROMMELYNCK Fernand (1886-1970). Auteur dramatique, né d’un père belge et d’une mère française. Sa famille, tantôt unie et tantôt divisée, vient à Bruxelles, retourne à Paris, revient à Bruxelles. Dès son adolescence, il commence à jouer sur les scènes bruxelloises. A dix-huit ans, il repart pour Paris. Un an après, la vie de Paris lui étant trop dure, il rentre en Belgique.
 
Un concours littéraire de la revue le Thyrse le décide à écrire en dépassant ses informes rêves d’adolescent. C’est Nous n'irons plus au bois, un acte en vers, qui gagne le prix, paraît dans la revue et est créé au Théâtre royal du Parc en 1906 (éd. 1908). Mais déjà une autre pièce brève, en vers, d’un rien postérieure, vient d’être jouée à Moscou : le Sculpteur de masques. Le jeune écrivain, dans ses débuts, se souvient de Verhaeren et de Maeterlinck.
 
Fernand Crommelynck se partage entre Bruxelles et Ostende, où il se fait chroniqueur des courses et de la vie mondaine. Il écrit d’autres œuvres (non jouées), puis il met en prose le Sculpteur de masques, compose le Marchand de regrets. Vivant entre Paris et Bruxelles, il voit sa première création parisienne en 1911 : la version en trois actes du Sculpteur de masques au Gymnase. C’est aussi la première pièce qui portera vraiment le nom de son auteur en Europe.
 
1914 : la guerre bloque Crommelynck à Bruxelles. Il s’y est marié avec Anne-Marie Letellier. Dès décembre 1918, c’est à nouveau Paris, une existence laborieuse de journaliste inconnu, d’écrivain en quête d’éditeur.
 
Le grand départ, c’est évidemment le Cocu magnifique, le 18 décembre 1920, au théâtre de l’Œuvre, chez Lugné-Poe. Tout ce qui fera le génie de Crommelynck s’y trouve : une passion irrémédiable comme l’ouragan et brutale comme une fracture, le sens inné du paroxysme, le pouvoir tragique d’une certaine bouffonnerie, un style qui semble chauffer le langage jusqu’à l’incandescence.
 
Le choc est énorme à Paris, et bientôt partout dans le monde : Genève, Bruxelles, Rome, Londres, Turin, Milan, Berlin, Budapest, Oslo, Buenos Aires. C’est aussi la « vague slave » : Prague, Varsovie, Moscou. Ici, la représentation conçue par Meyerhold dans un décor constructiviste est un événement : le 25 avril 1922 est resté une date dans toutes les histoires du théâtre. Il l’est même de nouveau à Moscou depuis qu’on a rendu la vie (hélas! posthume) à l’artiste que le stalinisme avait tué et « effacé »...

« cas, la scène française y découvrait définitivement un écrivain apte à lui donner une force, un jaillissement, une intensité qui allaient lui manquer.

Trois mois plus tard, Paris reste tiède devant une pièce écrite avant le Cocu et qui paraît moins nette: les Amants puérils.

Fragile, rêveuse, l'œuvre est moins assurée, cer­ tes, mais son lyrisme est souvent admirable.

En 1925, c'est Tripes d'or dont le ton ne convient pas idéalement à Louis Jouvet.

Une fois de plus, c'est un paroxysme : l'avarice.

Horrnidas mangera son or pour s'assurer qu'on ne le lui prendra pas.

Il y perdra son repos, un grand amour, enfin la vie.

Carine, qui a des accents insurpassables, est la tragé­ die de la pureté.

Une jeune femme.

au lendemain de ses noces heureuses, meurt lorsque la fête et la bassesse du monde détruisent son amour.

Cette tragédie mystérieuse n'a pas conquis le public, mais la pureté essentielle, qui ne transige pas avec ce qu'elle est et ce qu'elle assume - et qui n'a rien à voir avec l'ingénuité de théâtre -, n'a sans doute jamais trouvé depuis Shakespeare un langage aussi é!Jlouissant.

Pendant les &nnées 30, Crommelynck travaille pour le cinéma.

Scénar ..

os ou dialogues l'occupent, mais n'ajou­ tent certainement rien à ce qu'il est comme dramaturge.

Le cinéma ne lui sera jamais vraiment favorable, et la version filmée du Cocu magnifique avec Jean-Louis Bar­ rault le confirmera encore en 1946.

En 1934, grand retour au théâtre.

Le Il janvier, en avant-première, à Bruxelles, le 15 à Paris, à l'Œu vre, s'éployaient l'ironie rieuse, le romanesque heureux, la salacité cocasst: d'Une femme qui a le cœur trop petit.

Le 21 novembre, c'est Chaud et froid ,ou l'Idée de Mon­ sieur Dom à la Comédie des Champs-Elysées.

La rivalité posthume de deux femmes qui ne savaient pas qu'elles partageaient le même homme, leur solidarité apparente, la détermination soudaine de la veuve d'être la seule, au prix de son amour pour un autre, 1' ensevelissement délibéré dans une fidélité absurde et tragi-comique : tout fait de la pièce Jn étonnant chef-d'œuvre.

Alors semble s'arrêter un dramaturge de quarante-huit ans joué dans le monde entier.

Certes, il publie en 1954 l e Chevalier de la lune, où il isole, dans Shakespeare, le personnage de Falstaff; il écrit des poèmes, des textes d'analyse ou de réflexion; il a même fait paraître, en 1950, un roman assez remarquable : Monsieur Larose est-il l'a ssa ssin ? Mais où est celui qu'on pourrait appeler le grand Crommelynck? Il semble avoir commencé une pièce, la Gourgcmdine, une autre qui s'appellerait Va-nu­ cœur.

Tout a été perdu.

Le 17 mars 1970, Crommelynck meurt à Saint­ Germain-en-Laye.

Il a quatre-vingt-quatre ans, mais le grand baroque c;ui a bousculé, transfiguré le théâtre pen­ dant quinze ans est toujours vivant.

[Voir aussi BELGIQUE.

Littérature d'expression française].

BIBLIOGRAPHIE Jeanine Moulin, Fernand Crommelynck ou le Théâtre du paroxysme, Bruxelles, Acad ém ie royale de langue et de littéra­ ture françaises, 1 Ç•78; J.

M oulin , Textes inconnus et peu connus de F.C., même édit eu r.

1974; J.-P.

de Cruy em ae re , Fernand Crommelynck, Bruxelles, Laba, 1988.

Toutes les histoires contemporaines d•! la li tté ratu re et du théâtre font évidemment place à l' é cr ivain.

Plusieurs thèses univ ers it aire s lui sont consacrées.. »

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