Daniel Boulanger : « En été », Les Noces du merle
Publié le 24/02/2011
Extrait du document
«
C.
De la matinée au crépuscule
- Nous suivons les étapes de ce jour d'été, de la matinée au crépuscule.
La structure du texte épouse lesdifférentes heures : en fin de matinée, la famille est dispersée (l.
1-6) ; puis elle se réunit à midi (l.
7-10) avant desombrer dans la torpeur de l'après-midi (l.
10-15) ; enfin vient il fraîche soirée (l.
15-20).
- Les moments de plus grande chaleur et de plus intense lumière sont aussi ceux du silence : ce n'est que le soirque la famille raconte ; le matin ne laissait filtrer que des chuchotements et des rires : « Ils parlent à voix basse.Leur rire parfois s'égare en papillon » (l.
2-3).
Transition : malgré la chaleur de ce jour, le monde que nous offre Boulanger ici baigne dans une paisible sensualité.
II.
La sensualité paisible
A.
Un monde clos et protégé
- Le texte reprend sans cesse une image du cercle : la pièce d'ombre de l'arbre, le globe de lumière ou « manègeautour de la carafe d'eau » (l.7).
- La première phrase donne le ton, avec ses longs compléments : « dans le jardin au milieu des champs et sous lesaule au milieu du jardin » (l.
1-2).
La double construction, par « dans » et « sous », dessine un espace clos quisymbolise la protection.
B.
Un univers harmonieux
- Les métaphores* font de tous les éléments un univers harmonieux : le rire enfantin « s'égare en papillon jusqu'ausoleil », 1.
3), « les arbres ont la pâleur d'un bouquet de mariée » (l.
11-12) et le jour se fait fleur(l.
19).
- Cette correspondance harmonieuse réapparaît dans la mention du désir du vent (ou du bonheur) : « un bonheurencore se prépare d'où naîtra le vent.
On le sent déjà qui nous désire » (l.
12-13).
C.
Profiter de la vie
- Ce désir sans objet qui baigne la nouvelle sert l'idée qu'il faut profiter de la vie sans raisonner.
Ainsi les phrasessouvent courtes sont-elles des invites à goûter l'existence et sans nous appesantir sur la réflexion : « Il n'y a plus àvivre que l'instant.
» (l.
14-15).
- Une forme de sensualité commande l'atmosphère de ce texte.
Les sensations tactiles de bien-être, en particulier,sont goûtées par tous : les humains recherchent la fraîcheur de l'ombre et des pièces closes ; le chien trompe lachaleur, allongé sur le carrelage ; on attend la venue prochaine de la brise du soir.
- D'autres sensations délicieuses sont à noter : « la maison sent le pain » (l.
16), « avant le repas de midi » (l.
7)laisse attendre quelque bonne odeur ; la grange (l.
4) suggère le parfum des foins coupés, comme les fleursrapportées (l.
8) brassent leurs senteurs.
Transition : parallèlement à la description d'une réalité bien concrète et marquée par la sensualité, le texte nousconvie à une rêverie qui ouvre et ferme la nouvelle.
III.
Le temps suspendu
A.
De la réalité au conte
- Le père, pris par un sommeil léger, flotte dans une certaine irréalité, « de vague en vague, s'enfonce dans lesommeil, retrouvant dans la chambre qui tangue tout un lot de couleurs » (l.4 à 6).
- À la fin du texte, grâce au père encore, la réalité cède le pas au conte pour enfants : « le père [...] dira l'histoirequ'on lui réclame, un conte qui ressemble à ce jour » (l.
16-17).
B.
Le mouvement en spirale
- L'image de la spirale parcourt le texte en s'élargissant.
Le point de vue, qui est d'abord celui des personnagesprésentés dans les premières phrases (enfants, mère et père), devient peu à peu impersonnel pour s'attacher à un «nous » qui fait du narrateur partie prenante de l'évocation et avec lui, le lecteur.
- D'autre part, nous constatons un rétrécissement suivi d'un élargissement, comme si la nouvelle dessinait un sablier: l'on passe des champs à la table par les intermédiaires du jardin, de la grange et de la chambre ; puis du globe,nous allons, par la maison, jusqu'au ciel étoi-lé.
Le passage d'un monde en miniature à l'univers entier emprunte lesvoies du regard : « les yeux se regardent » (l.
15-16) puis tous vont « regarder les astres » (l.
19-20)..
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