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Dans Quelles Mesures La Forme Peut-Elle Rendre Une Argumentation Plus Efficace ?

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

Beaucoup d'écrivains ont écrit des textes pour faire passer des idées amenant les lecteurs à réfléchir particulièrement dans le siècle des Lumières. Cependant, plusieurs genres littéraires existent, chacun des genres ont leurs propres caractéristiques et peuvent plus ou moins séduire le lecteur. Nous allons donc chercher dans quelles mesures la forme peut-elle rendre une argumentation plus efficace. La forme peut rendre un texte plus séduisant néanmoins elle peut nuire à l'efficacité de l'argumentation. L'adhésion du lecteur peut être renforcée grâce à la forme du texte. Dans le genre du théâtre les procédés de persuasion comme les phrases exclamatives, les apostrophes ou les interjections contribuent à une meilleure adhésion du lecteur. En effet dans La guerre de Troie n'aura pas lieu ces procédés de persuasion sont présent notamment dans le « Discours aux morts d'Hector » (acte deux, scène 5) plusieurs phrases interrogatives sont présentes : « Cela vous est bien égal, n'est-ce pas ? » ; « Tu insulte les morts, maintenant ? » et « Vraiment, tu crois ? » ; de plus des apostrophes sont marqués deux fois dans le texte : « Ô vous qui ne nous entendez pas,[ ...] » et « Ô vous qui ne sentez pas,[ ...] ».Enfin des liens logiques donnent du mouvement au texte avec «Aussi » à la fin du discours ; « Mais » et « Puisque ».

« Vous appuierez votre développement sur les textes du corpus, vos lectures personnelles et les œuvres étudiées enclasse. D'abord il convient d'expliquer l'expression « la forme littéraire ».

Le sujet ne vise sans doute pas les genreslittéraires sinon il aurait utilisé un pluriel.

Cette expression se comprend donc sans doute comme la littérature engénéral dans les techniques qui lui sont propres, c'est-à-dire la création d'un univers personnel et le traitementparticulier de la langue, l'art de bien dire.Il fallait sans doute définir aussi l'efficacité, c'est-à-dire la mise en œuvre de moyens proportionnés aux résultatsvoulus et attendus.Pour le plan détaillé qui suit, je me suis borné à relever mes exemples dans les textes du corpus pour montrer qu'unebonne exploitation du matériau fournit plus des trois-quarts des arguments.Il est possible que ce choix pédagogique donne à ce corrigé l'apparence d'un raisonnement contraint, voire excessif. Introduction Docere, placere, instruire, plaire, plaire surtout, voilà la grande règle qui dirige la république des lettres depuisl'Antiquité.

Faire partager son opinion, éclairer ses contemporains, participer aux débats intellectuels de son temps,voilà des motifs qui ont souvent conduit un auteur à se lancer dans l'écriture et la publication de son œuvre.Certaines productions ont su trouver leur public, d'autres non.

Il est tentant d'en rechercher les raisons nonseulement dans la force de conviction de ces ouvrages mais encore dans leur habileté à séduire le lecteur.Il est donc légitime de se demander dans quelle mesure la forme littéraire peut rendre une argumentation plusefficace.Si la « forme littéraire » est l'expression écrite travaillée selon des principes artistiques, la question précédenterevient à examiner en quoi la création littéraire et la maîtrise de la langue qui doit l'accompagner peuvent ajouter àla conviction et à la persuasion d'autrui.Il est vrai qu'une œuvre naît la plupart du temps d'une évidente envie d'expulser ce qui habite le cœur de sonauteur, toutefois la complexité des moyens mis en œuvre peut constituer un frein.

Il appartient donc à l'écrivain detrouver les justes passerelles pour rejoindre son lecteur.1.

Écrire, c'est concevoir un projet personnel né d'une évidente envie de communiquer, organisé par l'art de lacomposition, discipliné par la connaissance des possibilités de la langue. * Les trois textes s'enracinent dans une nécessaire indignation, plus mesurée chez La Bruyère, plus véhémente chezHugo et Prévert.* De cette colère devant l'inacceptable naît le désir de faire changer le lecteur.

L'acte d'écrire, la pensée qui secoule dans les mots devient une manière d'agir sur les événements.

La parole véhicule une charge affectiveimportante qui vient heurter de plein fouet le lecteur.

La science de l'impact évocateur des mots est le premierpouvoir de l'écrivain.

Par exemple, La Bruyère fait surgir la destruction, la mise en pièces, « il manie les viandes, lesremanie, démembre, déchire [...

elles] dégouttent ».

Plus loin, ce sont les termes de « mort » puis d' « extinction dugenre humain » qui sont convoqués.

Hugo joue sur la peur lui aussi avec « hagard », « écorchés », « sanglants », «terrible », « spectre de la misère, [...] apparition, difforme, lugubre, [...] ténèbres, [...] catastrophe ».

Prévertdistille la même inquiétude avec le lexique du fait divers « égorgé en plein jour / l'assassin le vagabond lui a volé /deux francs » ce qui rend si « terrible » le bruit pourtant si anodin de l'œuf dur cogné contre le comptoir...* L'auteur doit alors envisager les moyens de plaire au lecteur, de le séduire pour mieux l'impliquer.

Entendons-nousbien, la séduction n'est pas forcément synonyme de cajoleries, d'affadissements lénifiants, de basse flatterie.

C'estmême souvent le contraire, il s'agit alors de réveiller les esprits anesthésiés, de se les attacher par le choc salutaire,la violence contenue.

L'écrivain doit définir une stratégie adaptée au lecteur auquel il s'adresse : quel genre ? Quelletonalité ? Quel registre de langue ? La Bruyère qui écrit pour des gens cultivés, des nobles ou de riches bourgeois,manie les dangers du ridicule, l'arme de la satire, les références culturelles.

Hugo qui s'adresse à la petitebourgeoisie et à ses amis républicains préfère l'art du journaliste : les petits détails judicieusement choisis, la lentemontée vers l'inacceptable, pour finalement vitupérer l'aveuglement des nantis.

Prévert, en titi montmartrois (bienque né à Neuilly), écrit pour le petit peuple parisien : il choisit l'univers du bistrot et le fait divers horrifiant.* L'auteur doit se poser surtout la question éminemment stratégique de l'argumentation directe ou indirecte, dudiscours argumenté ou du recours à l'apologue fictionnel.

La Bruyère a retenu le portrait et sa leçon implicite,laissant à son lecteur écœuré le soin de condamner Gnathon.

Hugo a retenu l'apologue, choisi soigneusement uneprésentation antithétique pour clore son propos sur une prophétie apocalyptique.

Prévert se coule dans une scènede rue apparemment anodine pour laisser monter le désir hallucinant, puis, par l'ellipse finale et les liens implicites,déboucher sur l'horreur absurde censée culpabiliser les bien-pensants. Si le passage à l'écriture naît d'une impulsion irrépressible, il nécessite des opérations intellectuelles et artistiques. »

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