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DANTE ALIGHIERI

Publié le 02/09/2013

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1265 -1321

C'EST une singulière aventure que les débuts des lettres italiennes : nées depuis un peu plus d'un siècle seulement, elles atteignent déjà, dans l'oeuvre de trois écrivains de première grandeur, Dante, Pétrarque, Boccace, à une merveilleuse maturité, par la richesse des thèmes humains, la délicate complexité des motifs lyriques, la vigueur et la ductilité de l'expression verbale. Jusqu'à la crise linguistique du xvme siècle, puis jusqu'à la révolution romantique, la langue italienne ne quittera plus la voie tracée par ces trois sommités.

Dante naît à Florence, en mai 1265, d'une famille de petite noblesse et de condition modeste. Nous ignorons tout de sa vie, jusqu'à sa dix-huitième année, sauf ce que lui-même nous apprend sur son amour pour Béatrice, dans la Vita nuova. Nous ne savons pas quelles ont été les péripéties réelles de cet amour, et certains ont été jusqu'à douter de l'existence même de Béatrice, encore qu'on s'accorde désormais à reconnaître en elle la fille de Folco Portinari, épouse de Simon de Bardi, morte en 1z go. Il ne faut donc pas prendre au pied de la lettre le sombre récit du poète; mais il reste que cette expérience fut un fait capital de son jeune âge : à travers elle, la formule de l'amour angélique, chère aux tenants du nouveau style, s'incarne en une vision concrète et, quittant les formes du style scolastique, acquiert consciemment le sien propre, le « suave style nouveau « (dolce stil novo).

Nous savons par Dante lui-même que, après la mort de Béatrice, il fréquenta « les écoles des religieux et les disputations des philosophants « et s'adonna avec passion aux études théologiques, philosophiques et scientifiques, tout en participant, à partir de 1295, à la vie publique de Florence. La ville était alors gouvernée par les Guelfes, mais divisés en deux factions : les Blancs et les Noirs. Partisan des Blancs, farouches gardiens de l'indépendance de leur cité, Dante s'éleva jusqu'aux plus hautes charges politiques, fut « prieur « (c'est-à-dire l'un des chefs du gouvernement réel), du t5 juin au 15 août 130o, et occupa, au cours des deux années suivantes, d'autres postes impor­tants. 

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« s'étant brouillé avec eux, « agit en son propre nom » et commença les pénibles pérégrinations auprès des princes d'Italie, qui devaient le mener d'abord chez les Scaligeri de Vérone, puis, en 1306, chez les Malaspina, seigneurs de Lunigrana, puis, peut-être, à Lucca et de là, peut-être, à Paris, où il désirait approfondir sa doctrine à la Sorbonne.

La venue de Henri VII de Luxembourg en Italie (1310) pour y restaurer l'autorité impériale et mettre fin, en son nom, aux disputes italiennes, remplit d'espoir le cœur du grand exilé.

Mais ce fut une nouvelle et définitive désillusion.

Arrigo ne rencontra partout que défiance et hostilité et mourut prématurément à Buonconvento, en septembre 1313.

Ayant, en 1315, refusé de rentrer à Florence, parce que les conditions posées à son retour lui semblaient humiliantes à l'excès, Dante reprit les longs voyages de l'exil, se rendit de nouveau à Vérone et, pour finir, à Ravenne où, au retour d'une ambassade à Venise, pour le compte de son seigneur Guy da Polenta, il s'éteignit en l 32 I.

S1 les événements extérieurs de la période 1265-132 l permettent une première orientation, ils n'expliquent pas le sens profond de la vie de Dante, tout entière dominée par une très haute conception de la mission morale et de la responsabilité de l'homme.

Cette vie, guère longue, ne fut qu'un perpétuel développement en profondeur, et c'est pourquoi son originalité réside moins en une conquête longuement poursuivie, que dans le rythme continu d'un perpétuel enrichisse­ ment intérieur, qui tire ses stimulants aussi bien d'une aventure personnelle que d'un événement public, d'une expérience secrète aussi bien que d'échanges humains au grand jour, d'une spécu­ lation intellectuelle aussi bien que d'une profonde émotion religieuse ou d'un rude choc moral, tout cela composant, à mesure, une puissante unité.

Les œuvres marquent certaines étapes de cette évolution complexe.

La Vita nuova, presque certainement écrite entre 1290 et 1293, est une œuvre autobiographique (mais au sens médiéval), composée de quarante-deux chapitres en prose et de quelques pièces poétiques.

Elle raconte l'amour du poète pour Béatrice, de la première rencontre à la mort de la dame ( l 290), et le retour à celle-ci, après le leurre d'un nouvel amour pour une « donna gentile ».

C'est la découverte de son propre destin et de sa rédemption, dans les vicissi­ tudes d'un amour terrestre rêveur, et c'est pourquoi on y trouve tout le charme des visions médié­ vales, mais aussi certaine lourdeur scolastique et une note symbolique quelque peu forcée, qui nuit à l'unité de la structure.

C'est probablement entre 1304 et 1307 que furent écrites les deux œuvres en prose: le Convivio et le De vulgari eloquentia.

La première comprend les quatre premiers livres, sur les quinze prévus, d'un ouvrage de caractère encyclopédique, selon toute apparence, de vulgarisation; le premier sert d'introduction; les trois autres sont conçus comme commentaires de trois chansons allégo­ riques de leur auteur.

Le Convivio n'importe pas par la nouveauté des doctrines, mais, cependant, n'est pas une froide encyclopédie de caractère médiéval : il a pour but d'éclairer les laïcs, et déjà on y voit apparaître des principes qui joueront un rôle éminent dans l'histoire spirituelle de Dante : les raisons de la science, l'origine et la raison d'être de l'empire, la signification de la noblesse, la défense de l'italien vulgaire, désormais considéré comme apte à servir, en vers ou en prose, à la discussion des thèmes les plus ardus.

On voit reparaître cette dernière idée dans l'ouvrage en latin De vulgari eloquentia, dédié à la recherche et à la définition de l'italien vulgaire littéraire (illustre), c'est-à-dire de la langue com­ mune, comprise comme expression de la plus haute culture.

Cette œuvre, qui devait se composer d'au moins quatre livres, est également restée incomplète et s'arrête au chapitre 14 du deuxième livre.

Son importance réside notamment dans certaines intuitions heureuses de la nature du lan­ gage, qui posent, en quelque sorte, les fondements de la linguistique romane, de même que dans. »

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