Décrire Les beautés du monde : Est-ce Le rôle que vous assignez à la poésie et à l'Art en général ?

« emparés de leur plume afin de relater leur expérience personnelle, par exemple chez les Romantiques.

Le poème deLamartine, « L’isolement », permet à son auteur, suite au décès prématuré de son amante, de s’abandonner à sonchagrin dans une élégie qui témoigne du « mal de vivre » et d’une rêverie presque suicidaire.

Le vers le plus connude Lamartine « Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé ! » résume le plus fidèlement du monde la sensationressenti par l’absence d’un être aimé…et le poème s’achève sur un sentiment bien connu des personnes ayantenduré la perte d’un être cher, le désir d’aller le rejoindre : « Emportez-moi comme elle, orageux aquilons ! ».Cependant cette expression de sentiments douloureux comme la perte de l’être aimé correspond plutôt au registreélégiaque.

Si les poèmes élégiaques comptent parmi les plus connus pour ce qui est de l’expression des sentiments,il existe un véritable lyrisme heureux, comme dans «Elle était déchaussée… », de Victor Hugo.

Ce dernier poèmenarre la rencontre amoureuse entre le poète et une jeune et jolie femme.

Le texte est axé sur l’expression d’unlyrisme heureux et amoureux, proche de la nature et projeté sur elle.

Ce poème est un hymne à la joie de vivre et àl’amour, au travers d’une rencontre sentimentale.

De Charles d’Orléans, qui vécut donc au 15e s, à Paul Eluard qui luise fit connaître au 20e , en passant par Joachim du Bellay au 16e, ou encore Alphonse de Lamartine au 19e… denombreux poètes ont donc ressenti le besoin d’exprimer leurs sentiments à travers l’art.Deuxièmement, l’art est également le lieu par excellence où l’artiste peut se livrer à une réflexion existentielle.

Onpeut citer pour cela le roman Paisaje de Otoño, de Leonardo Padura-Fuentes, qui appartient à la catégorie du néopolar, et nous présente l’enquête menée par le détective Mario Conde dans la Cuba de 1989.

En fait le véritablethème du roman n’est pas l’enquête criminelle mais bien les réflexions existentielles du protagoniste, qui renvoient àcelle de l’auteur et de tout homme.

En effet Mario Conde n’a pas de femme ni d’enfants, il est donc particulièrementsaisi par la peur de l’oubli.

Il pense à la mort et se dit qu’il n’aura laissé aucune trace de lui sur cette terre.

Aussiselon lui l’homme a besoin de survivre à travers la mémoire.

Tout comme la mémoire de son grand père reste vivantepar le biais du château à la construction duquel il a participé, Mario Conde veut rester vivant à travers l’écritured’un livre, d’une histoire simple et émouvante.

Ce genre de thèmes parle à tout homme, tout comme le véritableCARPE DIEM qu’on retrouve dans l’ouvrage, selon lequel il faut savoir profiter des petits riens de la vie, ainsi quel’hommage à la fraternité et à l’amitié qui permettent à son ami de supporter de passer le restant de ses jours dansun fauteuil roulant.Dernièrement, l’art peut permettre d’exprimer sa subjectivité par le biais d’une création originale, des formesnouvelles.

Il y a une certaine liberté dans l’art.

Il y a un véritable engagement de l’artiste en faveur de la création,de la liberté d’invention de formes nouvelles, etc.

On peut citer l’art abstrait par exemple, qui n’essaie pas dereprésenter le monde sensible mais s’affranchit de la réalité visuelle.

Le peintre Vassily Kandinsky, considéré commele fondateur de l'art abstrait, a d’ailleurs intitulé sa première aquarelle abstraite Sans titre ce qui est déjà révélateurd’un changement dans les contraintes imposées, d’une certaine originalité.

Le travail artistique prend des libertés, enmodifiant par exemple la couleur et la forme d'une manière qui soit visible et contenue dans une essence concise quipeut être appelée « abstraite ».

En littérature également cette originalité et liberté sont présentes.

On peut penseren effet à Rimbaud pour qui il faut dépouiller le langage de tout ce qui n’est pas nécessaire.

Les visions de Rimbaudne peuvent pas être exprimées dans le langage ordinaire et commun, il faut donc découvrir un langage nouveau,délivré de la logique, de la grammaire et de la syntaxe et capable d'exprimer l'inexprimable...

ce qui peut être illustrépar le plus célèbre poème de Rimbaud, « Voyelles », qui a suscité de nombreuses interprétations sans qu'aucune soitréellement satisfaisante, et dont voici le dernier tercet : « O, suprême Clairon plein des strideurs étranges/Silencestraversés des Mondes et des Anges ;/- O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux ! ». Dans cette seconde partie nous avons donc vu que l’art pouvait avoir pour but l’expression d’une subjectivité, quece soit par l’expression de sentiments personnels, la possibilité de se livrer à une réflexion existentielle ou encore parla liberté de création et d’innovation qu’offre l’art.

Cependant seuls deux pôles ont pour l’instant été pris en comptedans la définition de l’art : l’artiste et l’œuvre… Or un troisième pôle entre en jeu, le récepteur, car l’art a bien uneemprise sur le monde, un réel effet.Tout d’abord, l’art est un instrument d’action.

L’artiste est un homme de son temps, qui peut donc difficilement yêtre indifférent et va souvent décider se mettre son art au service d’une cause, pour tenter de faire changer leschoses, de résoudre les problèmes spécifiques à une époque.

L’art possède fondamentalement une fonction critique,et ce dans tous les domaines.

De nombreux artistes ont voulu susciter l’indignation de leurs contemporains, commepar exemple Victor Hugo qui dans Les Châtiments dénonce de manière virulence Napoléon « le petit », mais pourrester en poésie nous pouvons également penser à la poésie engagée bien entendu, aux poèmes nés de laRésistance comme la « Rose et le réséda » d’Aragon, vibrant appel à l’unité contre l’ennemi entre « celui qui croyaitau ciel et celui qui n’y croyait pas », ou encore le poème « Liberté » d’Eluard.

On peut noter que dès le XVIIèmesiècle il existait une littérature moraliste, comme la Fontaine et ses Fables mais aussi Molière dans le Tartuffe parexemple contre le pouvoir des dévots.

Au XIXème siècle, les romanciers réalistes et naturalistes comme Balzac,Zola, Flaubert dressent un portrait bien sombre de la société, des « petits » à des fins critiques.

La critique n’estpas seulement sociale mais bien politique, comme dans La Curée, roman où Zola dénonce la corruption du régime deNapoléon III.

Bien entendu cette portée critique de l’art existe aussi en peinture, avec la peinture des atrocités dela guerre par Goya, par le biais notamment de ses deux plus célèbres tableaux Dos de Mayo et Tres de Mayo.Picasso aussi dans son tristement célèbre Guernica peint de façon très éloquente le massacre et l’horreur queconnut la petite ville basque.

De nos jours, de nouvelles valeurs sont défendues par l’art tel que la défense de lanature, la solidarité avec les opprimés, la non-violence et le règlement pacifique des conflits ...Par ailleurs, l’art est également un instrument de connaissance en ce que l’artiste est une sorte de guide pour leshommes.

Déjà le philosophe Schopenhauer avait expliqué : "l'artiste nous prête ses yeux pour regarder le monde".

Lepoète et l’artiste en général va nous permettre d’accéder à un certain nombre de vérités cachées, invisibles ducommun des mortels.

Pour Hugo, le poète doit guider les peuples, et quelques formules frappantes révèlent saconception du poète mage, du poète voyant.

Dans la « Fonction du poète », les vers « Il voit, quand les peuplesvégètent! » ainsi que « Peuples ! écoutez le poète/ Écoutez le rêveur sacré !/Dans votre nuit, sans lui complète/Lui. »