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DEPESTRE René : sa vie et son oeuvre

Publié le 22/11/2018

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DEPESTRE René (né en 1926). Poète et écrivain né en Haïti. La précocité et la force du génie de Depestre éclatent dans les premiers vers qu’il publie en 1945 dans le recueil Étincelles, lequel s’ouvre sur un poème que rythment les éléments clamés de son identité : « Me voici, citoyen des Antilles... Me voici, fils de l’Afrique lointaine... Me voici, nègre aux vastes espoirs... Me voici, prolétaire... Me voici, poète adolescent ». La filiation de Rimbaud et celle de Langston Hughes sont revendiquées, et leur empreinte est marquée dans certains poèmes de Gerbes de sang (1946), notamment « Saison de colère ». « Je suis de race hideuse », proclame le poète, « l’ère enchantée des dérèglements va précéder de quel-


« ques aurores celle de la libération des peuples ».

Le fou­ gueux poète de dix-neuf ans fonde et anime une revue, la Ruche, qui, à l'occasion de la venue d'André Breton à Port-au-Prince pour une série de conférences, publie un numéro spé cial qui sera interdit par le gouvernement du dictateur Lescot, tandis que Depestre est pour quelque temps incarcéré.

Il jouera un rôle dans l'effervescence populaire qui chassera Lescot, mais bientôt l'établisse­ ment du Comité exécutif militaire met fin aux espoi rs de voir changer la so cié té haïtienne, et Dep estre doit quitter l'île.

Toute sa vie se déroule en exil, d'abord en France, où il continue l'élaboration d'une œuvre poétique vigou­ r e u se et passionnée en publiant Végétation de clartés (1951 ), .Traduit du grand large ( 1952), Minerai noir ( 1957).

Puis, après un bref ess ai de retour en Haïti, d'où le duvaliérisme le fait à nouveau fuir, il enseigne à l'uni­ versité de La Havane.

Les vingt années qu'il passe à Cuba l'amènent à écrire en espagnol aussi bien qu'en français et à tr a d u ire en français les œuvres marquantes de la littératun: cubaine, notamment celles de Nicolas Guillén.

Dans Je Journal d'un animal marin ( 1964) et Un arc-en-ciel pato r 1 'Occident chrétien ( 1966), Depestre trouve un nou"el élan pour sa poé sie : « 0 Jamaïque, p et ite mère bleu natal,/ Merci pour l'explosion/ Joyeuse de 1 ' e a u cubaine/ Dans mon puits de poète >> ( « les Bleues Montagnes de la Jamaïque »).

Sa Cantate d'octo­ bre, sur la mort de« Che>> Guev ara (1968), est une large fresque, puissante par sa conception et par le souffle qui l'anime.

Le bilan de ces années est donné dans Un poète à Cuba (1976).

Depestre sait aussi, à l'occasion, travail­ ler dans la miniature, témoin le petit recueil précieux de En état de poés 'e ( 1980).

Il a publié en 1993 un e Antho­ logie personnel'e.

Depestre est égalem ent l'auteur d'une prose géné­ reuse, qu'elle s'adonne à la fiction ou à l'e ss ai.

Les « récits d'amour solaire» réunis dans Alléluia pour une femme jardin •) 973) font de 1 'érotisme une révolte païenne, libération du corps qui prélude à celle de l'esprit.

Le Mat de cocagne (1979) est un très beau roman, ass om ption symbolique, pleine de verve, de la réalité haïtienne.

Eros dans un train chinois (1990), recueil de nouvelles libertines, est un hymne au plaisir.

La réflexion théorique de Depestre s'exprime en des essais où la langue, riche dans une élégante simplicité, es t au service d'une pensée qui domine et clarifie les problèmes avec une souriante maîtrise.

L'unité de son an et de sa vie s ·affirme dans Pour la révolution pour la poésie (1974).

Dans Bonjour et adieu à la négritude ( 1980) sont réunies des études préc ieu se s, souvent percu­ tantes, qui constituent un riche panorama critique sur une notion controversée.

Sa prise de position est sans équivoque, il ramène la négritude à l'histoire d'où elle est sortie, celle de l'esclavage : «Il n'y a pas de négri­ tude de demain >>.

BIBLIOGRAPHIE Sur !"œuvre d! Depestre : Y.

Mudimbe.

«Un goOt de la parole, le Jouma/1'tm animal marin »,Présence africaine, n• 79 (1971), p.

85-95; C.

Couffon, Depestre, Seghers.

1986.

O.

BJYIDI. »

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