Devoir de Philosophie

DES FORÊTS (Louis-René)

Publié le 10/03/2019

Extrait du document

DES FORÊTS (Louis-René), écrivain français (Paris 1918). Dès ses premiers romans {les Mendiants, 1943 ; le Bavard, 1946), qui lui vaudront l'intérêt de Georges Bataille et de Maurice Blanchot, il s'accorde à cette frange secrète et vive de l'écrit où s'éprouve un rapport fasciné au langage, s'exaltent ses pouvoirs (« Le récit, chez Des Forêts, se présente d'abord comme une manifestation d'éloquence », B. Pingaud), où l'immersion passionnelle et angoissée dans ses ruses, ses ratés et ses manques est le véritable point de la fiction, jouant dramatiquement avec son impossibilité. Il s'enfonce ensuite dans un mutisme qui est, presque, un abandon d'écrire : ne viennent en effet le briser qu'un recueil de récits [la Chambre des enfants, 1960) et un bref volume {les Mégères de la mer, 1967) qui renoue, sur le terrain poétique, avec le lyrisme du premier roman, et qui, exposant une métrique virtuose, souligne le lien décisif que son auteur entretient avec la musique. Gomme chez Gérard Manley Hopkins, dont il a partiellement traduit la correspondance (1976), l'alliance de l'« extraordinaire profusion lyrique » et de « la plus subtile concision » fonde prioritairement la beauté ( « pouvoir exprimer, par une concentration de plus en plus grande des éléments rythmiques, la pulsation intérieure, la scansion de l'être »). À ce degré d'intensité, la beauté fait plus que toucher aux rives du silence : elle y trouve son paramètre essentiel. Prise par le rêve de tout saisir du langage (de tout « ramasser » en lui), l'œuvre en arrive à considérer la rétention du langage comme le vrai visage de la maîtrise.




« Des Forêts, Louis-René - écrivain. 1 PRÉSENTATION Des Forêts, Louis-René (1918-2000), écrivain français, auteur du Bavard (1946), dont l’œuvre est le lieu d’une réflexion sur le langage et sur le métier d’écrivain. 2 UN HOMME PASSIONNÉ ET ENGAGÉ Né à Paris, Louis-René des Forêts acquiert dès son plus jeune âge une grande culture littéraire.

Passionné par la musique, il est aussi peintre à ses heures.

Entré dans la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale, des Forêts partage ensuite sa vie entre le Berry et Paris, où il travaille pour divers éditeurs (Robert Laffont, Gallimard).

Écrivain de gauche, pacifiste et engagé (il est l’un des signataires du Manifeste des 121), ami de Queneau et de Frénaud, il se lie avec Bataille, Blanchot, Bonnefoy, Leiris, avant de devenir lui-même une figure littéraire quasi hiératique et mythifiée. 3 UNE ŒUVRE DISCRÈTE ET RIGOUREUSE Patiemment, discrètement (la fascination qu’exerce l’œuvre tient aussi au mutisme de l’auteur), Louis-René des Forêts construit une œuvre littéraire peu abondante mais rigoureuse, inaugurée en 1943 avec un roman, les Mendiants. Dans l’ensemble de ses écrits, il mène — avant les auteurs de « l’ère du soupçon » ( voir Nouveau Roman) — une réflexion non dénuée d’ironie sur le langage : tout en affirmant son incapacité à dire le réel, il montre le pouvoir de fascination de la parole, pouvoir dont la manifestation la plus évidente réside dans le métier « dérisoire » d’écrivain. 4 VACUITÉ DES MOTS ET IMPALPABLE RÉALITÉ Il écrit encore la Chambre des enfants (nouvelles, 1960), les Mégères de la mer (poème, 1967), puis, après un silence de près de vingt ans consécutif à la mort de sa fille, Ostinato (1984), autobiographie poétique et fragmentée (profondément remaniée et enrichie de nouveaux fragments en 1997) présentant l’écriture comme la destinée inéluctable de l’auteur, le Malheur au Lido (récit, 1987) et les Poèmes de Samuel Wood (poésie, 1988 ; grand prix national des lettres en 1990).

On lui doit aussi un essai, Voies et détours de la fiction (1985).

Mais, de ses œuvres, le Bavard — paru en 1946 dans l’indifférence générale — reste sans doute la plus emblématique : dans ce monologue, le sujet ne peut réprimer un besoin obsessionnel de parler de lui-même, tout en constatant, impuissant, la vacuité de ses propos et, partant, la vanité du langage à exprimer la vérité.

Bien que brève, l’œuvre de Louis-René des Forêts a été abondamment commentée (Blanchot, Bonnefoy, Jabès, Klossowski, etc.).

En 2001, une année après sa mort et dix-sept ans après Ostinato paraît son ultime récit autobiographique à la troisième personne Pas à pas jusqu’au dernier. Des Forêts y poursuit ses interrogations sur le langage, sa quête de la fugace réalité, ses réflexions sur le souvenir, l’oubli et la mort : « Ne pas se regarder vieillir dans le miroir que nous tend la mort, non plus que la défier avec de grands mots, mais, s’il se peut, l’accueillir en silence comme sourit à sa mère un enfant au berceau ». Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation.

Tous droits réservés.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles