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Louis-René des Forêts et l'exigence d'écrire

Publié le 04/12/2018

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Par séquences, le livre déploie une suite d’épiphanies de l’être (manifestations éclatantes d’une force sacrée) dans son rapport le plus vif au monde et à autrui. En vignettes d’une exceptionnelle acuité qu’une langue poétique magnifie, sont ainsi représentées l’enfance, les années d’apprentissage dans le rude collège breton, la rencontre de l’ami cher et trop tôt disparu, la guerre et la résistance, jusqu’au deuil irréparable de la fille de l’écrivain. Le devoir de mémoire s’accomplit malgré la douleur de l’absence et la vanité de toute parole, contre le « redoutable silence des morts ». Livre des deuils, Ostinato se fait alors exercice obstiné du doute quant au sens de l’écriture. Cette lucidité critique, qui ne paralyse jamais la plume mais lui sert de paradoxal moteur, est l’une des marques de l’originalité de Louis-René des Forêts, écrivain se défiant toujours des pièges de la littérature.

 

Avec Ostinato, on retrouve ce double mouvement qui irrigue l’œuvre depuis son début. Constitués de monologues entrecroisés, les Mendiants (1943) exaltent les forces de la mer et de la jeunesse : autour d’un fait divers passé, le roman entrelace

Écrivain admiré par ses pairs et estimé de la critique, Louis-René des Forêts accède, avec la publication d’Ostinato, à une célébrité tardive et méritée. Exigeante, son œuvre trouve son accomplissement dans cette autobiographie poétique qui redéploie sous forme de fragments les thèmes obsédants constituant la matière propre de l'œuvre depuis le premier roman, les Mendiants (1943). A l'écart des écoles et des modes, cette écriture scrupuleuse interroge sans relâche les pouvoirs de la parole, déploie le rêve d’une communication silencieuse, magnifie la magie de la musique. Elle s’affirme aujourd’hui comme l’une des entreprises littéraires les plus singulières de notre temps.

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