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DESBORDES-VALMORE Marceline : sa vie et son oeuvre

Publié le 22/11/2018

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DESBORDES-VALMORE Marceline, née Desbordes, épouse de François Lanchantin, dit Valmore (1786-1859). Ce n’est pas le moindre des mérites de la discrète Marceline Desbordes-Valmore que d’avoir été saluée, de Lamartine à Verlaine, par tous les grands noms de la poésie du XIXe siècle. « Nous proclamons à haute et intelligible voix que Mme Desbordes-Valmore est tout bonnement la seule femme de génie (...), en compagnie de Sappho, peut-être, et de sainte Thérèse », écrira même un Rimbaud enthousiaste. Il est vrai que l’infortunée Marceline aura su, pour reprendre le vers de Nerval, moduler « Les soupirs de la sainte et les cris de la fée », avec, à défaut de génie, une remarquable constance dans la qualité qui en fit, deux siècles et demi plus tard, la première héritière de Louise Labé dans l’histoire de la poésie des femmes.

 

Une existence en deuil

 

Marceline Desbordes naît à Douai dans une famille de la petite bourgeoisie. La Révolution va vite ruiner son père, peintre en armoiries, et c’est dans la gêne qu’elle passe sa petite enfance, avec son frère Félix et ses sœurs, Cécile et Eugénie. En 1800, sa mère, Catherine, qui rêve d’une fortune à faire aux Antilles, se lance avec ses enfants dans une audacieuse aventure. 

« dont celles de Mme Récamier ou de la musicienne Pauline Duchambge.

Mais depuis 1819, date à laquelle elle publie son premier recueil de Poésies.

Marceline s'est prise de passion pour la littérature, dont elle fait le dépo­ sitaire de ses souvenirs (dans les récits des Veillées des Antilles, 1821, de l'Atelier d'un peintre et d'Une raille­ rie de l'amour, 1833), de sa tendresse de mère (dans ses Contes en vers, Contes en prose et dans le Livre des mères et des enfants, 1840), et surtout de ses émotions de femme et de poète (Élégies et poésies nouvelles, 1825; les Pleurs, 1833; Pauvres Fleurs.

1839 ou Bouquets et prières.

1843).

Saluée par tous les grands noms du romantisme, elle voit sa notoriété croître encore quand Sainte-Beuve préface avec chaleur en 1842 son Choix de poésies : « Elle a chanté sans autre science que l'émotion du cœur, sans autre moyen que l'émotion naturelle».

Mais celle que la mort des anonymes a déjà tant éprouvée lors des insurrections populaires de 1831 et 1 834 à Lyon, oit elle résidait avec Val more, va désormais subir le cruel ceortège des années endeuillées : Inès meurt à vingt ans en 1846, Mme Récamier trois ans plus tard, les deux sœurs de Marceline en 1850 et 1 854, Latouche en 1851, la fille d'Ondine en 1852.

et Ondine elle-même, poète comme sa mère, en 1853.

En 1858.

Pauline Duchambge, sc.

meilleure amie, prendra place sur le sinistre registre obituaire un an avant que Marceline elle­ même, brisée, ne s'éteigne à Paris.

le 23 août 1859.

Durant ces qui 1ze années de souffrances morales, elle avait publié encore de nombreux contes et nouvelles (Huit Femmes, 1845; les Anges de la .famille, 1849; Jeu­ nes Têtes et )etmes cœurs, 1855), qui témoignent d'une générosité et d'une tendresse intactes malgré les épreu­ ves.

En 1860, sc:s très nombreux inédits poétiques seront regroupés et publiés à Genève par les soins d'un ami fidèle.

Gustave: Revilliod, sous le titre de Poésies inédites.

la poésie au naturel «Naturelle».

Dès 1842, Sainte-Beuve avait usé de cet adjectif qui allait revenir sous la plume de tous les admirateurs de Marceline, y compris de l'« artificiel>> Baudelaire, qui saluera chez elle« le soupir naturel d'une âme d'élite, l'ambition désespérée du cœur >>.

Acceptons le mot, puisquïl désigne à la fois la tra,nsparence et l'immédiateté du lyrisme de l'auteur des Elégies et des Pleurs, l'ingénuité et l'innocence des Contes, l'authenti­ cité et la ferveur des Poésies ou des Bouquets et prières.

On est loin, chez Marceline, en effet, de toute falsifica­ tion sentimentale, des apprêts et des poses de l'écriture; on est rarement pris au piège des clichés et des poncifs d'un romantisme qu'elle eut, en fait.

le mérite de précé­ der plus que de subir.

Au romantisme de la génération de 1830 elle tient pourtant par tot: tes les fibres de sa sensibilité, et elle en a vécu sincèrement toute la thématique : celle de l'inter­ dît et du sacrifice passionnel, qui imprègne les recueils de la jeune fille comme ceux de la femme vieillissante, qui est le fil rouge, brûlant mais ténu, de son œuvre; celle de l'attachement au terroir, à sa Flandre natale («Un ruisseau de la Scarpe», «Sol natal>> ); celle de 1' attendrissement maternel et de 1' exaltation de 1' inno­ cence enfantine («Ondine à l'école>> , « le Cantique des mères » ); celle encore de la ferveur religieuse, parfois mystique ( « la Couronne effeuillée >>, « Renoncement » ); celle enfin de l'engagement et de la protestation sociale ( « Dans la rue, par un jour funèbre de Lyon >> ), même si elle confond parfois un peu passion et compassion.

C'est donc à bon droit que Jeanine Moulin soulignait qu'en ces temps où les femmes furent « muses >> bien plutôt qu'inspirées elles-mêmes par la Muse, « les thèmes de l'inspiration valmorienne offrent une diversité dont on ne rencontre que peu ou pas d'équivalent dans la poésie féminine>>.

Mais« naturelle >> Mme Desbordes-Valmore Je fut bien davantage encore dans la pratique d'une écriture qui paraît, là aussi, plus novatrice qu'imitatrice.

Cette femme, dont la poésie battit vraiment au «rythme orga­ nique du cœur>> (G.

Pîcon), sut inventer un langage qui, par sa simplicité lexicale, par l'efficacité de ses images tantôt gracieuses ou sensuelles ( « les Cloches et les Lar­ mes >> ), tantôt cosmiques ( > ), par la mélodie subtile de ses mètres impairs (. »

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