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DIDEROT (Denis)

Publié le 10/03/2019

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diderot

DIDEROT (Denis), philosophe et écrivain français (Langres 1713-Paris 1784). La destinée posthume de cet écrivain se présente comme une lente révélation. Une part essentielle de son œuvre est restée, de son vivant, inédite. Ses deux romans la Religieuse et Jacques le Fataliste ne sont parus qu'en 1796, le Rêve de d'Alembert en 1831. Le manuscrit du Neveu de Rameau qui, seul, permet d'établir un texte sûr n’a été retrouvé qu'en 1891 et un lot substantiel d'autographes, en partie inédits, est devenu accessible en entrant à la Bibliothèque nationale en 1951. On comprend que les jugements sur l'écrivain aient évolué au fur et à mesure de ces découvertes. Considéré de son temps comme le maître d'œuvre de l'Encyclo pédie, Diderot s'est peu à peu imposé au cours du xixc s. comme l'un des penseurs majeurs de son siècle, à côté de Montesquieu, Voltaire et Rousseau. Malgré les résistances que suscitent son athéisme et son franc-parler, il est devenu l'homme du xviiie s. le plus proche de nous, le plus moderne dans sa recherche intellectuelle et dans son expérimentation formelle.

 

Sa famille appartient à la petite bourgeoisie provinciale. Son père, maître coutelier, l'a suffisamment marqué pour que la figure paternelle, garante de la droiture morale et de la cohésion familiale, hante son œuvre, que la pratique et le savoir de l'artisan demeurent un de ses modèles. Mais Denis, brillant sujet des jésuites, ayant reçu la tonsure, destiné, après ses études de théologie, à succéder à son oncle dans une charge de chanoine, abandonne bientôt la route tracée par sa famille et se heurte de front à la volonté paternelle. Il échappe aux religieux chez qui son père l'avait enfermé, s'enfuit à Paris et épouse une jeune lingère. Cette rupture ne fait qu'aviver son goût de l'union familiale et son sens artisanal du travail bien fait. En attendant de pouvoir se réconcilier avec son père et son frère, qui entre à sa place dans l'Église, il mène une vie de bohème littéraire et accomplit bien des travaux de librairie qui nous restent inconnus. Il sort de l'anonymat avec une série de traductions de l'anglais. Il donne successivement l'Histoire de Grèce de Temple Stanyan (1742), le Dictionnaire de médecine de James en collaboration avec deux autres traducteurs (1744), l'Essai sur le mérite et la vertu de Shaftesbury (1745). Dans ce dernier livre, il élargit son rôle en ajoutant au texte traduit quelques longues notes. Sa compétence de traducteur le désigne pour animer l'Encyclopédie, conçue initialement comme l'adaptation française de la Cyclopaedia de Chambers. L'entreprise va rapidement s'émanciper du modèle britannique tandis que Diderot s'affirme comme un penseur intrépide. Il publie en 1746 les Pensées philosophiques, condamnées aussitôt à être brûlées, rédige l'année suivante la Promenade du sceptique, dont le manuscrit est saisi quelque temps plus tard, et édite clandestinement les Bijoux indiscrets, roman où le cadre oriental et les récits érotiques font passer en fraude une satire politique et des audaces philosophiques. Dès ces premiers textes, l'ancien étudiant en théologie s'intégre

 

aux courants de la libre-pensée et s'achemine vers le matérialisme et l'athéisme. Les Pensées philosophiques ont l'ambition de constituer une réponse philosophique aux Pensées de Pascal, déjà réfutées par Voltaire quelques années auparavant dans les Lettres philosophiques. Diderot, dès lors, devient « le Philosophe, » c'est-à-dire un homme de savoir et d'action militante qui se situe en dehors de la séparation ultérieure entre sciences et lettres. La même année que les Bijoux indiscrets, il compose un traité scientifique, Mémoires sur différents sujets de mathématiques.

 

À partir de 1748 s'ouvre pour lui une période d'intense travail. Il rédige un grand nombre d'articles et coordonne le chantier encyclopédique. Loin de représenter une tâche matérielle et alimen taire qui étoufferait sa création personnelle, cette activité l'a familiarisé avec les secteurs les plus divers du savoir et l'a rodé à des formes d'écriture particulières. Elle ne l'a pas empêché d’écrire plusieurs œuvres philosophiques majeures : la Lettre sur les aveugles paraît en 1749, la Lettre sur les sourds et muets en 1751, la Suite de l'apologie de M. l 'abbé de Prades en 1752, les Pensées sur l'interprétation de la nature en 1753. Le « Prospectus » de l'Encyclopédie qu'il rédige et que d’Alembert reprend dans le « Discours préliminaire » vaut comme un acte de foi dans le progrès des connaissances et comme un plan de travail. Les deux Lettres se caractérisent dans cette direction par une attitude expérimentale à l'égard de l'être humain, que Diderot imagine privé d'un de ses organes (la vue ou l'ouïe). Il ébauche de cette façon une explication matérialiste de l'homme et de la nature indépendamment de tout finalisme. De telles positions ne pouvaient laisser indifférentes les autorités, qui firent arrêter l'auteur de la Lettre sur les aveugles. Diderot passa un mois au donjon de Vincennes. C'est là que Rousseau lui rendit visite et discuta avec lui de la question mise en concours sur le progrès des sciences et des arts, d'où devait sortir le premier Discours du citoyen de Genève. Cette expérience de la prison marqua Diderot, qui choisit plusieurs fois dans son existence de ne pas publier certains de ses manuscrits les plus scandaleux. L'Apologie de l'abbé de Prades, collaborateur de l'Encyclopédie pour les affaires théologiques, poursuivi à cause d'une thèse jugée hétérodoxe par la Sorbonne, sera publiée sans permission, les Pensées sur l'interprétation de la nature se contentant d'une permission tacite. La parution de l'Encyclopédie elle-même constitue un combat mené plusieurs années durant. Le pouvoir monarchique était divisé entre traditionalistes partisans de la répression et modernistes favorables à l'entreprise. En 1752, Mmc de Pompadour et le comte d'Argenson parviennent à désamorcer la crise et permettent la poursuite de la parution, mais, en 1759, le parlement suspend la publication, le privilège est révoqué, les sept tomes parus condamnés par le pape. La suite de la collection est publiée clandestinement. Les efforts de la fraction traditionaliste étaient relayés par les polémiques que déchaînaient les antiphilosophes. Palissot notamment se signala par ses pamphlets et sa pièce de théâtre, les Philosophes, qui, en 1760, chercha à ridiculiser Diderot et ses amis. La situation fut compliquée par les distances que prit Rousseau envers ses compagnons. Choqué par les accointances de Diderot avec Grimm, d'Holbach et d'autres aristocrates, par leur orientation athée, il rompit avec eux à propos de l'article Genève que d'Alembert avait donné à l'Encyclopédie. Dans sa Lettre à d'Alembert sur les spectacles, Rousseau défendit sa cité natale et justifia contre les attaques de d'Alembert sa condamnation du théâtre. Diderot ne manqua pas d'être frappé par la « désertion » de son ami. Sa tâche à la tête de l'Encyclopédie était d'autant plus écrasante que d'Alembert prit du recul par rapport à une entreprise qu'il jugeait dangereuse.

 

Au milieu de cette guerre encyclopédique, Diderot se réconcilia avec sa famille à Langres. Il fit la connaissance d'une jeune femme, Sophie Volland (1716-1784), qui devint sa maîtresse et sa confidente, et avec laquelle il entretint

 

à partir de 1759, semble-t-il, une extraordinaire correspondance, véritable journal intime qui faisait vivre à son amie toutes ses expériences sociales et intellectuelles. C'est l'époque également où il se tourne vers le théâtre et invente des formes nouvelles de critique d'art. L'œuvre dramatique de Diderot se présente sur un double registre, la réflexion critique y accompagnant la pratique proprement littéraire. Ainsi en 1757 paraît le Fils naturel ou les Épreuves de la vertu, comédie en cinq actes et en prose, accompagnée de trois Entretiens sur le Fils naturel qui en forment l'histoire et la critique. Un dispositif identique est reproduit l'année suivante : Diderot publie un nouveau drame, le Père de famille, suivi d'un discours, De la poésie dramatique. Cette défense et illustration du drame bourgeois fait date comme intervention doctrinale et comme événement théâtral. Si le Fils naturel n'a été joué à Paris qu'une seule fois en 1771, le Père de famille obtint en 1761 un succès qui s'affirma ultérieurement, en particulier lors de la reprise de 1769. Cette recherche de Diderot se poursuivit dans des traductions ou adaptations de l'anglais : en 1759, il élabore le plan d'une tragédie intitulée le Shérif et, en 1760, il traduit la pièce d'E. Moore, le Joueur. Il faut encore situer dans cette veine l'article consacré à Térence que Diderot donne en 1765 à la Gazette littéraire de l'Europe. L'expérience du style de Garrick, le grand acteur anglais, qu'il relate dans un article de 1769, nourrit une longue réflexion qui aboutit au Paradoxe sur le comédien, défense d'un jeu raisonné contre l'inefficacité d'une spontanéité pulsionnelle.

 

La recherche sur le théâtre prend place chez Diderot dans une pensée esthétique qui s'interroge sur les différents arts, sur leur pratique et leurs principes. Musicalement, Diderot a été mêlé à la querelle des Bouffons et a édité en 1771 les Leçons de clavecin de Bemetzrieder. Dans le domaine des arts plastiques, il publie, sans nom d'auteur, en 1755 l'Histoire et Secret de la peinture de cire, texte conçu comme l'article « Encaustique » de l'Encyclopédie, qui

diderot

« intellectuelle et dans son expérimenta· tion formelle.

Sa famille appanient à la petite bour­ geoisie provinciale.

Son père, maltre coutelier, l'a suffisamment marqué pour que la figure paternelle, garante de la droiture morale et de la cohésion fami· liale, hante son œuvre.

que la pratique et le savoir de l'anisan demeurent un de ses modèles.

Mais Denis.

brillant sujet des jésuites.

ayant reçu la tonsure, destiné, après ses études de théologie, à succéder à son oncle dans une charge de chanoine, abandonne bientôt la route tracée par sa famille et se heurte de front à la volonté paternelle.

Il échappe aux religieux chez qui son père l'a veit enfermé, s'enfuit à Paris et épouse une jeune lingère.

Cette rupture ne fait qu'aviver son goOt de l'union familiale et son sens anisanal du travail bien fait.

En attendant de pouvoir se réconcilier avec son père et son frère, qui entre à sa place dans l'Église.

il mène une vie de bohème littéraire et accomplit bien des travaux de librairie qui nous restent inconnus.

Il sort de l'anonymat avec une s-érie de traductions de l'anglais.

Il donne successivement l'Histoire de Grèce de Temple Stan yan ( 1 742), le Dictionnaire de médecine de James en collaboration avec deux autres traducteurs ( 1744).

l'Essai sur le mérite et la vertu de Shaftesbury ( 1745).

Dans ce dernier livre, il élargit son rôle en ajoutant au texte traduit quelques longues notes.

Sa compétence de traducteur le désigne pour animer l'Encyclopédie, conçue initialement comme l'adaptation fran­ çaise de la Cyclopaedia de Chambers.

L'entreprise va rapidement s'émanciper du modèle britannique tandis que Dide­ rot s'affirme comme un penseur intré· pide.

Il publie en 1746 les Pensées philosophiques, condamnées aussitôt à être brûlées, rédige l'année suivante la Promenade du sceptique, dont le manus­ crit est saisi quelque temps plus tard.

et édite clandestinement les Bijoux indis­ crets, roman où le cadre oriental et les récits érotiques font passer en fraude une satire politique et des audaces philosophiques.

Dès ces premiers textes, l'ancien étudiant en théologie s'intègre aux courants de la li.bre-pensée et s'ache­ mine vers le matérialisme et l'athéisme.

Les Pensées philosophiques ont l'ambi­ tion de constituer une réponse philoso­ phique aux Pensées de Pascal, déjà réfutées par Voltaire quelques années auparavant dans les Lettres philosophi· ques.

Diderot, dès lors, devient « le Philosophe.

» c'est-à-dire un homme de savoir et d'action militante qui se situe en dehors de la séparation ultérieure e n tre sciences et lettres.

La même année que les Bijoux indiscrets, il compose un traité scientifique, Mémoires sur diffé­ rents sujets de mathématiques.

À partir de 1748 s'ouvre pour lui une période d'intense travail.

Il rédige un grand nombre d'anicles et coordonne le chantier encyclopédique.

Loin de repré· senter une tAche matérielle et alimen· taire qui étoufferait sa création person­ nelle, cette activité J'a familiarisé avec les secteurs les plus divers du savoir et l'a rodé à des formes d'écriture particu­ li èr es .

Elle ne l'a pas empêché d'écrire plusieurs œuvres philosophiques majeu­ res : la Lettre sur les aveugles paralt en 1 7 49.

la Lettre sur les sourds et muets en 1751.

la Suite de l'apologie de M.

l'abbé de Prades en 1752, les Pensées sur l'interprétation de la nature en 1753.

Le « Prospectus» de l'Encyclopédie qu'il rédige et que d'Alembert reprend dans le « Discours préliminaire >• vaut comme un acte de foi dans le progrès des connaissances et comme un plan de travail.

Les deux Lettres se caractérisent dans cette direction par une attitude expérimentale à l'égard de l'être hwnain, que Diderot imagine privé d'un de ses organes (la vue ou l'oule).

Il ébauche de cette façon une explication matérialiste de l'homme et de la nature indépendamment de tout finalisme.

De telles positions ne pouvaient laisser indifférentes les autorités, qui firent arrêter l'auteur de la Lettre sur les aveugles.

Diderot passa un mois au donjon de Vincennes.

C'est là que Rous­ seau lui rendit visite et discuta avec lui de la question mise en concours sur le progrès des sciences et des arts, d'où devait sortir le premier Discours du citoyen de Genève.

Cette expérience de. »

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